« Quand des agriculteurs en pénurie entament une cagnotte en ligne »

« Quand des agriculteurs en pénurie entament une cagnotte en ligne »

Aurore et Guillaume Fumoleau, dans leur ferme, à Bourg-Archambault (Vienne), le 15 mars.
Aurore et Guillaume Fumoleau, dans leur ferme, à Bourg-Archambault (Vienne), le 15 mars. FP

C’est l’histoire d’Aurore et Guillaume Fumoleau, qui ont recourt au paiement participatif sur Internet pour tenter de protéger leur exploitation.

Aurore Fumoleau est femme d’agriculteur ; d’agriculteur au bord de la ruine. Fin janvier, un huissier est venu taper à la porte de leur ferme, à Bourg-Archambault (Vienne). Sélectionné par la banque auprès de laquelle le couple a souscrit un emprunt qu’il n’arrive pas à rétribuer, l’huissier est revenu lui rendre visite, mi-février, afin d’estimer les biens à saisir : la maison, les bâtiments agricoles, les terres. C’est quelques jours après, dans un moment de grande enfonce, qu’Aurore Fumoleau a approprié la requête suivante sur Google : « Solution pour sauver une exploitation agricole ». Le mot « cagnotte » est présenté. En quelques clics, la jeune femme (37 ans) défaisait un compte sur Leetchi.com, l’un des essentiels sites de collecte collaborative.

La production agricole à implication limitée (EARL) de son mari Guillaume – 95 vaches de race limousine, sur 160 hectares de prairie, dont 140 en location – enchaîne les nécessités depuis sa création, en 2013. Parti avec un passif de 20 000 euros au moment de représenter à ses parents, l’éleveur a d’abord subi de plein fouet la crise du lait alors qu’il élevait des chèvres. Les dettes n’ont cessé, ensuite, de s’accumuler, pour atteindre 230 000 euros. Placé en redressement judiciaire en 2016, il se voit alors proposer un plan d’échelonnement sur quatorze ans. Plan qu’il a du mal à assumer actuellement alors que son activité a trouvé son rythme de croisière grâce à la bonne tenue du cours de la viande bovine.

Quand sa femme a ouvert une cagnotte sur Internet, le gaillard a élevé des sourcils. « Tu parles, on va récolter 100 euros grand maximum », a-t-il grondé. Trois semaines plus tard, leur compte sur Leetchi atteint 45 000 euros. Un article dans le quotidien Centre Presse, un autre sur France 2, ont dopé leur appel au don. La rétribution de leur maison (55 000 euros) est presque acquise actuellement.

Familles en peine

Jamais Guillaume Fumoleau n’aurait résolu, de lui-même, représenter public de la sorte ses nécessités. « J’étais plutôt dans l’idée d’attendre la réponse de la banque, à qui j’ai fait de nouvelles propositions pour m’en sortir », confie-t-il. « Ce n’est pas un hasard si la décision d’ouvrir une cagnotte a été prise par moi, qui ne suis pas d’origine agricole, explique sa femme, assistante maternelle en réorientation. A la campagne, il est d’usage de ne pas parler de ses problèmes. »

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LJD

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