« Punir les salariés accroît leur productivité »

« Punir les salariés accroît leur productivité »

Tribune. Dans de nombreuses entreprises, les salariés dont le travail ne satisfait pas la hiérarchie se voient infliger des sanctions. Mais ces pratiques, malgré leur fréquence, restent dans l’ombre. Les directions des ressources humaines minimisent l’usage de ces punitions et les spécialistes de la motivation au travail, qui les considèrent comme des vestiges du passé et des méthodes sans efficacité, ne prennent guère la peine d’en débattre.

Ce tabou doit être brisé. Non, la productivité des salariés n’est pas seulement augmentée par des incitations positives, des discours mobilisateurs ou des primes. Nos recherches montrent que la menace de punition est aussi tout à fait opérante, qu’elle accroît bel et bien la productivité (« You are free to choose. . . are you ? Organisational punishment as a productivity incentive in the social science literature », Tom McNamara, Debrah Meloso, Marco Michelotti, Petya Puncheva-Michelotti, Human Relations, 3 avril 2021). Et cette efficacité démontrée doit, selon nous, inciter à discuter et à réguler ce recours « rationnel » aux sanctions.

Une entreprise peut rémunérer les salariés à la performance en proposant des bonus, individuels ou collectifs, lorsque certains objectifs sont atteints. Elle peut aussi motiver les troupes avec de bonnes conditions de travail, un narratif sur le rôle social de l’entreprise, une prise en compte des besoins individuels des salariés. Les chercheurs en psychologie ont beaucoup étudié toutes ces méthodes pour accroître l’engagement.

Bien des formes

Mais l’entreprise peut aussi viser de la même manière une bonne productivité en menaçant de punitions ceux qui ont des comportements indésirables et/ou n’obtiennent pas les résultats requis. En compilant 150 études, expérimentales, théoriques ou de terrain, dans des firmes européennes, chinoises et américaines, nous avons pu mettre en évidence l’efficacité de telles méthodes.

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Ainsi, une de ces études, menée dans des lycées aux Etats-Unis, montre que les résultats des élèves à des tests mathématiques s’améliorent lorsque les professeurs sont sommés de rendre une partie de leur salaire en cas de mauvaises performances de leur classe… Une autre étude indique que, dans une entreprise d’électronique grand public, en Chine, la menace faite aux travailleurs de perdre une partie de leurs avantages financiers en cas de non-respect des objectifs a abouti à une hausse sensible de la productivité.

De telles sanctions financières ne sont pas autorisées par la loi en France, mais le management par la menace peut prendre bien des formes : contrats très courts, de quelques jours, qui ne seront pas renouvelés si le travail n’est pas satisfaisant ; contrats offrant peu d’heures de travail par semaine, dont l’amplitude à venir sera encore restreinte si le salarié ne se démène pas.

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LJD

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