« Puissante et fragile, l’entreprise en démocratie » : entreprise et projet politique en questions

« Puissante et fragile, l’entreprise en démocratie » : entreprise et projet politique en questions

« Puissante et fragile, l’entreprise en démocratie », de Dominique et Alain Schnapper (Odile Jacob, 256 pages, 22,90 euros).

Le livre. L’entreprise devrait redevenir un lieu essentiel de Média d’appel la socialisation, compenser les effets de la polarisation du salariat, financer la dépendance des plus âgés, préserver la biodiversité, combattre les effets du réchauffement climatique, ne jamais négliger les conséquences sociales et environnementales de son activité avant de viser son profit… Les démocraties énoncent de nouvelles exigences à l’égard de l’entreprise, assorties de vives dénonciations, comme en témoigne l’abondante littérature consacrée à la souffrance au travail, ou au danger mortel pour la démocratie que représenteraient les dégâts de la mondialisation et les excès de la finance.

L’entreprise peut-elle devenir au XXIe siècle un acteur politique ? Devrait-elle être le lieu où se prennent des décisions engageant le destin de la collectivité ? s’interrogent Dominique et Alain Schnapper dans Puissante et fragile, l’entreprise en démocratie (Odile Jacob).

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« Nous avons essayé de ne céder ni à la tentation de la dénonciation, si facile et rentable dans les milieux intellectuels, ni à celle de la complaisance à l’égard d’une institution qui est au cœur de la modernité : on ne saurait en ignorer ni les vertus, ni les défis, ni les dévoiements », exposent la sociologue et celui qui a travaillé pendant trente ans dans le conseil, l’industrie et la distribution. En posant ces questions, mère et fils s’inscrivent « dans l’ensemble des réflexions inquiètes sur l’avenir des entreprises dans le monde démocratique si leur projet devenait seulement financier ».

En Chine, les entreprises sont un outil mis au service d’un projet politique clairement défini : le retour au premier plan mondial de la puissance chinoise grâce au poids de son économie, et le maintien du pouvoir du Parti.

Le profit reste nécessaire

Dans les démocraties, l’affaiblissement du projet politique depuis les années 1990 constitue un nouveau défi. Orienter la puissance des entreprises est un impératif : « Elles ne devraient ni succomber aux excès et aux dévoiements d’une liberté pas ou peu contrôlée, ni se conformer à la stratégie de domination à long terme d’un Etat totalitaire. »

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Les démocraties sont aujourd’hui confrontées au défi d’inciter les entreprises à prendre en considération des enjeux autres que le seul profit. En France, le modèle d’entreprise à mission offre un instrument juridique pour orienter le pouvoir en ce sens, et permet de redéfinir le rôle que les entreprises peuvent jouer, ainsi que le sens de leurs décisions stratégiques. Il importe donc que « les responsables politiques entretiennent et favorisent leur implantation sur leur propre territoire. »

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LJD

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