Production : « Les entreprises peinent aujourd’hui à écouler les stocks immenses accumulés fin 2021 et 2022 »
Les chaînes d’approvisionnement ont connu d’importantes perturbations pendant la pandémie. Ces bouleversements ont conduit de nombreuses entreprises à se détourner des réseaux « juste à temps » (just-in-time), qui permettent aux biens d’arriver sur un site uniquement lorsqu’ils sont nécessaires afin de réduire les stocks et leurs coûts, en faveur de modèles « en cas de besoin » (just-in-case) plus robustes et moins risqués : il s’agit d’accumuler des stocks supplémentaires pour faire le plein de réserves. En cas de perturbation, le surplus de stock fournit un coussin de sécurité.
Mais en résolvant un problème, les entreprises se trouvent aujourd’hui confrontées à un nouveau défi, celui de la gestion des stocks. Car elles peinent aujourd’hui à écouler les stocks immenses qu’elles ont accumulés fin 2021 et 2022. Alors que la rotation des stocks ralentit et la demande des consommateurs faiblit à nouveau, conserver de vastes quantités de marchandises peut constituer un problème dans la mesure où elles représentent un capital immobilisé considérable, qui pourrait être utilisé de manière plus productive.
Ces stocks supplémentaires augmentent aussi les dépenses en raison des coûts liés à leur maintenance et à leur traitement. Pour réduire les surplus, les entreprises peuvent être obligées de solder leurs produits, ce qui réduit leurs marges bénéficiaires. Dans certains secteurs, comme la mode où les tendances peuvent changer du tout au tout, l’accumulation massive de stocks pose également un risque majeur, car il peut devenir plus difficile de maintenir le prix initial des produits.
Reconsidérer les lieux de production
Enfin, les entreprises de nombreux secteurs sont amenées à réduire les commandes passées à leurs fournisseurs, car elles doivent d’abord écouler les stocks qu’elles ont accumulés. Par ailleurs, la pression de l’inflation pousse les consommateurs à se tourner vers des alternatives moins chères. Cette situation peut plonger les marques « premium » dans un cercle vicieux où la baisse de la demande les oblige à réduire leurs prix alors que l’inflation augmente leurs coûts de production.
Les surstocks comportent également des risques sociétaux plus larges tels que le gaspillage alimentaire. Les commerçants ont tendance à surstocker pour éviter des indisponibilités de produits pour les consommateurs. Or, s’ils ne parviennent pas à vendre des aliments dont la date de péremption approche, ils doivent les jeter. En plus de gaspiller les aliments, les entreprises sont aussi susceptibles de jeter les emballages qui les contiennent, sans que les produits aient été consommés. Selon un rapport de la Fondation Ellen MacArthur, si rien ne change, la quantité de plastiques dans nos océans devrait dépasser le poids total des poissons d’ici à 2050.
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