« Pour ceux qui ont envie de changement » : le succès des stages pour trouver sa voie

« Pour ceux qui ont envie de changement » : le succès des stages pour trouver sa voie

Selon les cohortes, chez Switch Collective, la proportion de femmes oscille entre 65 % et 75 %.
Selon les cohortes, chez Switch Collective, la proportion de femmes oscille entre 65 % et 75 %. Switch Collective

Ambiance « toutouyoutou » dans l’entresol du 94 de la rue Saint-Lazare, à Paris, fin février. C’est Charlotte Jeanmonod, la formatrice, qui le dit : « On remue le bassin, on respire, on sautille, on se met en énergie ! » Veste de jogging rétro siglée « Switch », micro en main, elle chauffe la nouvelle promotion de Switch Collective. Quarante femmes, et un homme, ont choisi « la complète » – un programme de trois mois pour apprendre à « switcher ». Comprendre : acquérir des outils pour se réapproprier son parcours et redonner du sens à son travail, sans nécessairement aller vers une reconversion spectaculaire.

Outils numériques

Si les femmes constituent l’écrasante majorité de ce 70e groupe de Switch Collective, leur proportion oscille toujours entre 65 % et 75 %, selon les cohortes. Lancée en janvier 2016 par Béatrice Moulin et Clara Delétraz, deux amies de 35 ans aujourd’hui, la start-up parisienne a formé 4 000 personnes en quatre ans. En cette période de confinement lié au coronavirus, l’équipe, déjà rompue à l’exercice, a basculé l’intégralité de ses programmes en ligne, à travers divers outils numériques.

Béatrice Moulin affirme s’adresser sans distinction « à tous ceux qui ne s’y retrouvent plus dans leur boulot et ont envie de changement », refusant « une approche purement générationnelle » et préférant « traduire le symptôme d’une époque ». Sans chercher à essentialiser le phénomène, reste à savoir pourquoi les femmes, âgées de 30 à 40 ans, représentent le cœur de cible de cette formation certifiante, depuis peu éligible au compte personnel de formation (CPF).

Clotilde a sauté sur l’occasion pour se faire financer ce « bilan de compétences » nouvelle génération. Ingénieure informatique de 38 ans, elle choisit de ne communiquer que son prénom : « Même avec mes parents, parler de mon travail reste un sujet tabou, dit-elle. Je n’ai jamais été heureuse dans mes études, ni dans mon boulot. Chaque jour, je me force à faire ce que je fais. » Son père est ingénieur également, idem pour ses deux grands frères : « C’était la voie toute tracée, on ne m’a jamais demandé ce que je voulais faire », résume-t-elle, alors qu’elle est aujourd’hui employée par un grand groupe dans le domaine de l’énergie.

« Trou noir »

Clotilde rejoint ses consœurs de Switch avec un syndrome commun, celui de la bonne élève à qui l’on a appris à viser la voie royale, mais qui culpabilise : « Pendant toute ma carrière, je me suis demandé : “Mais de quoi tu te plains ?”» Jusqu’à ce que son corps dise stop. « En mars 2019, j’ai eu énormément de choses à rendre, j’ai voulu bien faire, je suis très scolaire. Je suis allée au bout de l’échéance, et je n’ai eu aucune reconnaissance. J’ai craqué, raconte-elle. On m’a mise en congé maladie pendant deux mois. Je ne l’ai pas avoué tout de suite à mes parents : j’avais honte d’être arrêtée alors que j’étais en bonne santé. Mais, psychologiquement, je ne pouvais plus. »

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.