Pouquoi l’index 2021 de l’égalité sera biaisé par le chômage partiel

Pouquoi l’index 2021 de l’égalité sera biaisé par le chômage partiel

« La comparaison femmes-hommes s’appuie sur des moyennes de salaires. Si dans un groupe de femmes, il ne reste que les mieux payées, la moyenne ne reflétera pas la réalité de l’entreprise..? »

Carnet de bureau. Les brillants résultats de l’index égalité femmes-hommes publiés en 2020 (87,4/100 en moyenne) avaient soulevé des doutes sur sa pertinence pour restituer la réalité des inégalités salariales en entreprise. L’édition 2021, à paraître le 1er mars, pourrait être davantage sujette à caution, à cause du chômage partiel. « Si le chômage partiel a touché différemment les femmes et les hommes sur un même métier ou au sein d’une même catégorie socioprofessionnelle, les indicateurs vont être distordus », explique Bruno Ducoudré, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Le périmètre des salariés à prendre en compte dans le calcul avait été défini avant le Covid et ses conséquences sur l’organisation du travail. Il excluait de fait les salariés en activité partielle, comme le précise le questions-réponses du ministère du travail, au même titre que les apprentis, les titulaires d’un contrat de professionnalisation, les salariés mis à la disposition de l’entreprise par une entreprise extérieure (dont les intérimaires), les expatriés, et enfin les salariés absents durant plus de la moitié de la période de référence annuelle. « Ce qui est justifié, puisque le chômage partiel baisse la rémunération », précise Bruno Ducoudré.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Comment prouver la discrimination salariale ?

Sauf qu’en 2020, le chômage partiel a tenu un rôle particulier dans la gestion de la crise sanitaire. Rien qu’en décembre, il a concerné 2,4 millions de salariés, dont près d’un million dans les entreprises éligibles à l’index égalité femmes-hommes (au moins 50 salariés) : 604 000 salariés dans les entreprises de 250 personnes ou plus, et près de 390 000 dans celles de 50 à 249 salariés. En moyenne depuis mars, chaque mois 1,8 million de salariés ont été placés en activité partielle à cause du Covid dans les entreprises de plus de 50 personnes, soit 10 % des salariés du privé exclus du calcul de l’index pour la période où ils n’ont pas travaillé.

« Discrédit »

« L’index 2021 va être faussé par la non-prise en compte d’une partie de la population », estime également la présidente de l’association Femmes experts-comptables, Françoise Savès. La comparaison femmes-hommes s’appuie sur des moyennes de salaires. Si dans un groupe de femmes, il ne reste que les mieux payées, la moyenne ne reflétera pas la réalité de l’entreprise. Le décret 2019-15 sur les modalités de calcul prévoit toutefois que l’index puisse ne pas être calculable en cas de nombre insuffisant d’un genre ou de l’autre dans une catégorie de salariés. L’entreprise doit alors « en préciser le motif ».

Il vous reste 31.95% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.