« Plus un hôpital fait appel à des consultants, plus son efficience diminue »

« Plus un hôpital fait appel à des consultants, plus son efficience diminue »

Tribune. Un rapport du Sénat intitulé « Un phénomène tentaculaire : l’influence croissante des cabinets de conseil sur les politiques publiques », a révélé en mars que les dépenses de conseil de l’Etat français avaient dépassé le milliard d’euros en 2021. Les services publics ont-ils intérêt à faire appel à des consultants ? D’un côté, leurs méthodes et leur regard extérieur leur permettraient de résoudre la plupart des problèmes auxquels leurs clients sont confrontés. D’un autre côté, on leur reproche parfois de faire à leurs clients des promesses qu’ils ne parviennent pas à tenir.

Alors que le recours aux consultants dans les services publics a fait couler beaucoup d’encre, on n’a pas vraiment répondu à cette question cruciale. En France, des consultants ont notamment travaillé à l’amélioration du fonctionnement des hôpitaux. Ces investissements ont-ils été rentables ? Si les données qui permettraient de répondre à cette question ne sont pas disponibles en France, elles existent en Angleterre.

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Dans une étude à paraître, cinq chercheurs ont utilisé ces données pour étudier la relation entre les dépenses de conseil et l’efficience des hôpitaux anglais (A. J. Sturdy, I. Kirkpatrick, N. R. Alvarado, A. Blanco‐Oliver, G. Veronesi : « The management consultancy effect : Demand inflation and its consequences in the sourcing of external knowledge ». Public Administration, à paraître). L’efficience a été mesurée à l’aide d’un indicateur appelé « reference cost index » qui compare les coûts de réalisation d’une même prestation d’un hôpital à un autre.

Une mauvaise connaissance du fonctionnement des hôpitaux

L’étude montre qu’il existe une relation entre les dépenses de conseil et l’efficience des hôpitaux. Le problème est que cette relation est négative. Plus un hôpital fait appel à des consultants, plus son efficience diminue. Notons que cette relation ne provient pas du fait que les hôpitaux les moins performants sont plus susceptibles de faire appel à des consultants.

Il n’y a pas de lien entre l’efficience d’un hôpital et la décision de faire appel à des consultants l’année suivante. Elle ne s’explique pas non plus par un manque de manageurs. Les hôpitaux qui emploient le plus grand nombre de manageurs sont également ceux qui font le plus appel à des consultants.

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Comment expliquer l’impact négatif des dépenses de conseil sur l’efficience des hôpitaux ? D’après les chercheurs, les coûts induits par les prestations de conseil réduiraient la capacité des hôpitaux à investir dans leurs propres compétences. Dans certains cas, les consultants ne semblent pas non plus suffisamment connaître le fonctionnement des hôpitaux pour améliorer leur performance.

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LJD

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