Mais « qui est ce “on” qui semblerait ne pas préférer systématiquement le travail » ?

Entreprises. « Il faut faire en sorte qu’à tout moment le travail paie et que l’on fasse toujours le choix du travail », a déclaré le premier ministre le 26 août. Qui est donc ce « on » qui semblerait ne pas préférer systématiquement le travail ? Les cadres à hauts revenus, qui devraient reprendre au plus vite un emploi, a suggéré le député LRM Aurélien Taché.

Mais ce sont surtout les chômeurs et allocataires du RSA qui sont dans le viseur d’un gouvernement qui continue à croire fermement que nos concitoyens devraient être « incités » à retrouver un emploi, comme si le chômage était volontaire et résultait principalement d’une inappétence vis-à-vis du travail ou d’un savant calcul aboutissant à la décision rationnelle de ne pas travailler.

On croyait pourtant (on, c’est-à-dire nous, les chercheurs) que l’on en avait fini avec ce genre de raisonnement, notamment depuis l’échec du RSA. Souvenons-nous : celui-ci était censé rompre radicalement avec son prédécesseur, le RMI – critiqué (depuis longtemps) pour sa prétendue capacité à « désinciter » les allocataires à reprendre un emploi. Des expérimentations avaient été lancées à grands frais en 2007 pour évaluer les vertus incitatives du nouveau dispositif, qui s’inscrivait pleinement (déjà !) dans le paradigme de la revalorisation du travail et du « travailler plus pour gagner plus ».

Temps perdu

Alors même que l’évaluation était entachée de sérieux biais et que toutes les conditions de validité n’étaient pas réunies, le principal résultat avait pourtant été la quasi-inexistence d’un impact du « traitement » (c’est-à-dire de l’application du dispositif expérimenté) sur le taux d’entrée en emploi.

en 2016, le RSA-activité, « fort » d’un taux de non-recours de 70 %, était supprimé et remplacé par la prime d’activité

Lors des débats parlementaires, ce résultat avait été largement enjolivé pour emporter l’adhésion des parlementaires. Mais en 2016,…

L’informatique, un métier d’avenir… qui ne fait pas rêver

À l’occasion de la journée internationale des développeurs, une étude revient sur l’attirance des métiers du numérique dans la génération des 18-34 ans.

Très demandé, bien rémunéré et porteur de plusieurs poste d’emploi, le métier d’informaticien peine pourtant à attiré l’intérêt des jeunes générations. C’est ce que démontre une étude réalisée conjointement par l’institut britannique YouGov et le fournisseur de logiciel CA Technologies, à l’occasion de la journée internationale des développeurs informatiques. Mené auprès d’un échantillon représentatif de millennials français (de 18 à 34 ans), le sondage s’est intéressé à la perception du métier dans cette catégorie de la population.

En premier lieu, et contre toute attente, la profession reste mal connue. Si 84% des sondés en ont «déjà entendu parler», ils ne sont que 26% à déclarer la «connaître parfaitement». 16% des millennials en revanche n’en ont «jamais entendu parler», avec une différence en fonction du sexe, du niveau d’étude et du lieu d’habitation. Plus le niveau d’études est élevé, plus la connaissance du métier et des filières de formation est importante. «Les jeunes franciliens titulaires d’un diplôme d’études supérieures paraissent les mieux sensibilisés aujourd’hui à la formation à la profession de développeur informatique», précise l’étude.

Une grande différence entre les hommes et les femmes
Mais c’est surtout chez les femmes que ce métier est le moins connu. 23% d’entre elles n’en ont jamais entendu parler, contre 8% pour les hommes. 19% de la population globale des millennials pensent même que ce job est «réservé aux hommes», et particulièrement les femmes elles-mêmes. Influence sociale ou prédisposition biologique? Pour les sondés, cette différence est principalement fruit de l’imaginaire collectif, à savoir «la représentation de ces métiers» (25%) et leur «mauvaise image» (23%). Mais aussi, de façon plus factuelle, par le parcours scolaire qui oriente «naturellement les filles vers d’autres cursus» (15%). Et le temps n’arrange rien à l’affaire. «Depuis les années 80, le nombre de femmes engagées dans l’informatique ne cesse de décroître», assurent les auteurs de l’étude, sans donner des explications cette tendance paradoxale, à une époque où le monde professionnel se féminise.

Devenu indispensable dans l’économie moderne, et particulièrement dans les start-up qui font du numérique leur moteur de travail, le métier de développeur informatique fait pourtant toujours peu rêver. 8% des millennials, et deux fois plus d’hommes que de femmes, y aspirent vraiment, tandis que 21% considèrent que cette profession les faits «un peu rêver». Plus importante est donc la proportion de ceux qui n’ont aucune attirance pour ce métier (58%), victime de certains clichés tenaces comme la solitude ou le manque de variété. «Cette profession suscite au fond peu d’appétence, surtout auprès des jeunes les plus diplômés, explique Antoni Minniti, co-auteur de l’étude chez YouGov. Les jeunes doivent pourtant comprendre que les codeurs des années 90 ne sont pas les développeurs d’aujourd’hui».

Apprendre le code informatique à l’école, mieux que le latin
La formation est le dernier point de cette étude. Près de la moitié de la population des millennials (49%) ne sait toujours pas quelles formations peuvent conduire à ce métier. Ce pourcentage atteint 60% chez les femmes, contre 57% chez les hommes. Cause ou conséquence, la bonne connaissance de cette filière accroît les vocations. 26% des connaisseurs envisagent ainsi de s’orienter ou de se réorienter vers ce métier. Pour le reste, la curiosité ne manque pas. Une large majorité de 73% pensent que les cours de programmation informatique devraient être privilégiés à l’école, à la place du latin (le questionnaire proposant uniquement l’un ou l’autre comme matière à privilégier).

Les résultats de cette étude renforcent une situation déjà alarmante pour la filière professionnelle. 85% des entreprises éprouvent des difficultés pour recruter des profils techniques dans le secteur numérique selon une étude de «Tech in France» dévoilée courant 2018, qui précise encore que 13.000 postes d’informaticien doivent encore être pourvus en France d’ici la fin de l’année. Outre le déficit d’image du métier, et donc de personnes formées, la chasse aux talents enclenchée dans l’économie mondialisée joue en défaveur de la France. Un développeur à Paris gagne actuellement dix fois moins en revenu net (coût de la vie versus salaire), qu’un développeur à Seattle. La «start-up nation» a donc encore bien des progrès à faire avant de pouvoir former et conserver ce type de profils.

« Les entreprises ne pourront demeurer des bastions d’opacité dans un monde de transparence »

Tribune. Dans le New York Times du 5 septembre, une personne se présentant comme un proche collaborateur de Donald Trump a publié de manière anonyme une tribune dans laquelle il affirme n’être pas seul, au sein de la haute administration américaine, à « résister » à nombre d’orientations du président. « Nous croyons que notre premier devoir est envers ce pays », écrit-il en parlant de ceux qui se rebiffent.

Le 26 août, l’ancien nonce apostolique à Washington, Mgr Carlo Maria Vigano, rendait public un mémorandum de onze pages racontant, avec force détails, ce qu’il avait vu, lu et entendu d’inacceptable de la part de hauts responsables de l’Eglise, dans leur manière de se conduire face à des faits avérés de pédophilie. Lui aussi brisait le devoir de réserve au nom d’un devoir supérieur : « Ma conscience m’impose de révéler ces vérités », écrivait Mgr Vigano. Il faut savoir qu’en théologie catholique la conscience est l’instance suprême.

Qu’un membre du cabinet d’un président en exercice et un ancien ambassadeur, dont le métier est le secret, prennent publiquement la parole pour témoigner de faits relevant de leur activité professionnelle revêt un caractère inédit. Trahison, sédition, irresponsabilité ?

La vraie responsabilité consiste parfois à révéler l’irresponsabilité de certaines pratiques professionnelles

Gageons que cela peut correspondre à la prise de conscience, émergente, qu’il n’est pas de comportements professionnels prétendument « responsables », dans quelque organisation que ce soit – et donc aussi dans les entreprises – qui puissent se fonder durablement sur le mensonge, a fortiori quand celui-ci vise à couvrir des pratiques criminelles (et il y en a, comme en témoigne la mise en examen du cimentier Lafarge pour complicité de crimes contre l’humanité, le 28 juin), délictueuses (évasion fiscale, blanchiment d’argent…) ou socialement répréhensibles…

2 000 postes de fonctionnaire supprimés au ministère de l’action et des comptes publics en 2019

Le secrétaire d’Etat chargé de la fonction publique, Olivier Dussopt, a annoncé mercredi 12 septembre qu’environ 2 000 postes seraient supprimés en 2019 au ministère de l’action et des comptes publics en 2019.

L’objectif d’une réduction de 120 000 postes dans l’ensemble des trois composantes de la fonction publique au cours du quinquennat, fixé par Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle, a été rappelé par le secrétaire d’Etat.

Lire aussi :   Vives réactions aux suppressions d’emplois envisagées par Matignon au ministère des sports

Le premier ministre, Edouard Philippe, avait déjà précisé en août que 4 500 postes seraient supprimés dans la fonction publique d’Etat en 2019, et plus de 10 000 en 2020.

Négociation sur l’égalité entre femmes et hommes

Le secrétaire d’Etat a par ailleurs annoncé vouloir conclure la négociation sur l’égalité entre les femmes et les hommes dans la fonction publique, qui s’est ouverte lundi, « d’ici au 15 novembre ».

Il a évoqué des « mesures contraignantes », notamment pour permettre de réduire l’écart de rémunération entre hommes et femmes parmi les agents, qui était de 13,1 % en 2015.

L’accord visera aussi à « neutraliser les effets » de la « maternité et la parentalité sur le déroulement d’une carrière » et devra « élargir la liste des emplois assujettis à l’obligation de nomination équilibrée », imposant un taux minimal de personnes de chaque sexe, a-t-il dit.

Changer la fiscalité et la protection sociale pour encourager la mobilité internationale

Missionnée en janvier par le premier ministre, la députée LRM Anne Genetet a remis mardi 11 septembre un rapport sur la mobilité internationale pour encourager la mobilité des Français à l’étranger. Il a été rédigé sur la base d’une enquête menée auprès de 970 000 personnes (36 328 répondants) au printemps 2018. « La communauté des Français à l’étranger se transforme, avec un nombre de départs et de retours en hausse annuelle de 2,5 % à 3,5 %, et des profils de plus en plus variés », dit Mme Genetet.

Son importance est toujours l’objet de débat, puisque ne sont comptabilisés officiellement que ceux qui s’inscrivent volontairement au registre des Français à l’étranger. Entre les études de l’Insee, les données des organismes de protection sociale et celles du Quai d’Orsay, les estimations atteignent 3 millions de Français à l’étranger.

Le rapport présente pas moins de 215 recommandations qui portent sur la fiscalité, la protection sociale, l’accès aux services publics et le retour en France. Un précédent rapport Conway-Mouret, publié en 2015, sur les conditions de retour en France, avait permis quelques avancées sur ce point, dont la création d’une plate-forme numérique (https://retourenfrance.fr/). Un bilan salué par Mme Genetet lors de la présentation de son rapport à la presse le 12 septembre : « J’ai eu de très bons échos de la part des usagers. Mais faciliter la mobilité des Français à l’étranger est un travail de longue haleine. Il faut agir sur plusieurs leviers pour rendre la mobilité plus fluide. »

Fiscalité

Dans ce catalogue de 215 recommandations, celles concernant la fiscalité (49 recommandations) pourraient être les premières à se concrétiser. La députée a l’intention de les introduire rapidement sous forme d’amendement dans le cadre du projet de loi de finances. Elle propose entre autres :

– L’application d’un barème progressif sur les seuls revenus de…

Salon des 24 heures pour l’embauche et la formation : près de 300 emplois à saisir

La société L4M organise le salon « 24 h pour l’emploi et la formation », pour la deuxième année, dans les salons du stade D’Ornano, à Caen (Calvados), jeudi 13 septembre 2018.
La deuxième édition de l’exposition « 24 h pour l’emploi et la formation » réunira 34 participants dans le salon Normandie du stade D’Ornano, à Caen (Calvados), jeudi 13 septembre 2018.
Plusieurs secteurs d’activité seront représentés, des métiers de la banque et de l’assurance à ceux de la sécurité, en passant par la distribution, l’industrie ou les transports. « SNCF Réseau recherche des aiguilleurs de rails », illustre Thibaud Cottin. Au total, ce sont près de 300 postes qui sont proposés sur le salon.

Un premier entretien
Avant de se déplacer sur le salon, l’audience est invité à se « pré-inscrire » en ligne, sur le site dédié. Cela permet de bénéficier de coupe-fils sur les stands visés, mais aussi d’avoir une idée sur les postes disponibles et les profils recherchés par les entreprises. Les candidats peuvent aussi déposer leur CV et leur lettre de motivation en ligne. Thibaud Cottin de la société « Looking for mission » (L4M), insiste :
C’est important de préparer sa venue avant. Il ne s’agit pas simplement de déposer son CV à tous les stands. C’est un premier entretien en vue d’une éventuelle embauche. Les candidats doivent donner envie aux recruteurs de les revoir.
Lors de brèves entrevues en face-à-face, les candidats devront présenter leur projet et leurs envies. Mélanie Delœuvre, responsable de l’agence d’interim Actual, pour la Normandie, assure :
Le CV n’est plus le seul moteur de recrutement. Les entreprises recherchent avant tout des gens à potentiel.

Les entreprises et les CDI
Aussi étonnant que cela puisse paraître, certains domaines connaissent une « pénurie de main d’œuvre », selon Mélanie Delœuvre :
Dans l’agro-alimentaire, on a des postes non-pourvus. Si on est motivé et sérieux, on peut trouver un emploi.
Le chantier du tram, à Caen, offre également des perspectives dans les travaux publics. La responsable d’Actual se montre optimiste pour les mois à venir. « L’interim est un des premiers indicateurs de reprise économique. Les entreprises parlent à nouveau de CDI. »
Le très haut débit, secteur porteur en Normandie
Autre secteur porteur en Normandie, le très haut débit, que toutes les collectivités déploient sur leur territoire actuellement. Faustine Davesne est la présidente d’Initia Formation, un institut spécialisé, basé à Evreux. Elle explique :
Les sous-traitants des opérateurs recrutent beaucoup. La fibre optique est partout aujourd’hui. Ces métiers ne réclament aucun pré-requis, sinon d’être mobile, de ne pas être daltonien, ni d’avoir le vertige. Ce sont de nouveaux métiers, qui sont ouverts à tous, y compris aux femmes.
Initia organise des sessions de formation de 330 heures, accompagnées d’un stage en entreprise de 70 heures. La prochaine session débute le 24 septembre 2018.

« Les manageurs évoluent en France dans une bulle d’isolement »

Tribune. L’injonction permanente à l’innovation, à la transformation accélérée, cannibalise le quotidien des manageurs du privé comme du public. Elle dépasse largement l’exigence de réussite à tout prix et l’impératif de croissance. Alors que les influenceurs des réseaux sociaux font désormais office de modèles hégémoniques, que l’embauche de millennials aux codes bien particuliers donne des sueurs froides aux recruteurs, et que la tyrannie du « smart » s’impose dans tous les secteurs, les feuilles de route des manageurs sont marquées, sur toute la largeur, d’un tampon rouge : faire différent.

les démarches de type « nudge » peuvent constituer de véritables aides à la décision dès lors qu’elles s’inscrivent dans un projet de transformation partagé

Mais cette injonction est doublement paradoxale dans la France de 2018. Tout d’abord, parce que les sciences humaines et sociales ont, à l’exception notable de l’économie, énormément de mal à diffuser leurs résultats de recherche vers le monde de l’entreprise et vers celui des politiques publiques. Ces recherches sont pourtant riches en sources d’innovation, notamment en matière de gestion des ressources humaines, et permettent à ceux qui se donnent les moyens de s’en saisir de progresser sur des sujets aussi divers que l’inclusion des personnes en situation de handicap ou la motivation des salariés.

Pour ne prendre qu’un exemple, les démarches de type « nudge » (suggestions indirectes), fondées sur la recherche en psychologie et en économie comportementale et théorisées par l’économiste Richard Thaler (Prix Nobel 2017) et le juriste Cass Sunstein en 2008, peuvent constituer de véritables aides à la décision dès lors qu’elles s’inscrivent dans un projet de transformation partagé. Le succès qu’elles rencontrent aujourd’hui dans les secteurs public et privé dépasse de loin le simple effet de mode, même si elles restent encore trop souvent agitées comme de simples gadgets, à l’image des méthodes…

Indemnité transactionnelle : est-elle soumise à cotisations ?

Question de droit social. En droit du travail, lorsqu’un employeur et un salarié veulent mettre fin, à l’amiable, à un désaccord, les concessions de l’employeur prennent la forme d’un dédommagement financier, en contrepartie de l’abandon par le salarié de toute possibilité de contester la rupture ou les manquements dans l’exécution du contrat. Mais cette indemnité transactionnelle patronale doit-elle être soumise à cotisations sociales ?

Jusqu’alors, la situation différait selon qu’il y ait licenciement ou pas. Traditionnellement, lorsque l’indemnité transactionnelle était versée hors de tout licenciement, elle était, en principe, soumise à cotisations.

En revanche, en cas de licenciement, la Cour de cassation appliquait à l’indemnité transactionnelle le régime juridique des indemnités de rupture du contrat de travail. Ce qui signifie que le dédommagement était la plupart du temps exonéré de cotisations sociales. En effet, par combinaison des règles du code de la Sécurité sociale et du code général des impôts, l’indemnité transactionnelle n’était pas soumise à cotisations sociales dans la limite de sa fraction non imposable, plafonnée à deux fois le montant du plafond de la Sécurité sociale.

Changement de donne

Mais la jurisprudence a changé la donne. Comme l’y invitait une décision du Conseil constitutionnel de 2013, la Cour de cassation, actuellement soucieuse d’interpréter strictement les textes d’exonérations de cotisations sociales, s’est, par des arrêts du 15 mars et du 21 juin 2018, détachée de son analyse antérieure. Licenciement ou pas, dans la mesure où l’indemnité transactionnelle ne figure pas expressément dans un texte légal indiquant son exonération, les cotisations sociales s’appliquent au dédommagement financier fixé entre l’employeur et le salarié. La Cour de cassation ayant d’abord posé en principe que l’indemnité versée lors d’un licenciement ne se voit plus appliquer le régime juridique des indemnités de rupture…

Faut-il lier quête de travail et quête de sens ?

« Un emploi sur mesure », de Sven Hansen-Love (Seuil, 368 pages, 19,50 euros).

Livre. Longtemps Raphaël Thiolet a refusé de travailler, préférant vivre avec le minimum et continuer ses études sans se soucier de l’avenir. Face à l’insistance de sa mère, il oppose un refus et une posture nihiliste bien commode pour justifier sa paresse. Mais, à l’âge de 27 ans, cette position devient intenable : « Ce n’est pas pour moi qu’une question d’ordre économique, elle est aussi sociale – je dois créer du lien. » Dans le roman Un emploi sur mesure, Sven Hansen-Love retrace la quête de travail et de sens d’un jeune homme dans le Paris des années 1990, à une époque où le taux de chômage oscille entre 9 % et 12 %.

Après plusieurs tentatives infructueuses, Raphaël finit par être contacté par Eo Ipso, une mystérieuse société qui le convoque pour un entretien d’embauche. La promesse d’une première journée de travail modifie sa perception du temps : les heures du week-end filent à toute allure, le jeune homme passe un dimanche radieux.

à l’aube, sur le chemin, Raphaël croise de nombreux piétons, hagards, abattus, qui se rendent docilement à leur travail

Le grand jour venu, il enfile les vêtements les plus présentables de sa collection et se rend à l’adresse qu’on lui a donnée, en banlieue parisienne. Sa première réaction est de chercher des yeux une machine à café. « J’aime ces machines archaïques. Elles doivent évoquer quelque chose de rassurant, me renvoyant à l’image d’Epinal du travail en entreprise. Une image qui s’est ancrée en moi ces dernières années, alors que je rêvais d’un poste salarié. » Ses vœux sont exaucés : il passe des tests concluants pour intégrer Eo Ipso, où la belle Olivia va le former pour devenir un espion professionnel à la solde de clients fortunés.

Incompréhension

L’enthousiasme initial cède rapidement la place à l’incompréhension : qui dirige Eo Ipso ? Pourquoi faut-il surveiller nuit et jour une famille banale ? A l’aube, sur le chemin, Raphaël croise de nombreux…