Une diminution du chômage en France dans les 3 premiers mois de 2019

 Après une diminution de 1,1 % au dernier trimestre 2018, le nombre de solliciteurs d’emploi a une autre fois reculé au premier trimestre en France. On évalue 0,7 % de chômeurs de catégorie A en moins. Mais toutes les catégories ne sont pas intéressées par cette réduction.

Léger mieux sur le front de l’emploi. Le chômage a diminué de 0,7 % pour la catégorie A, en France métropolitaine au premier trimestre, d’après les chiffres de Pôle emploi annoncé ce vendredi midi. C’est 24 200 chercheurs d’emploi en moins. On compte aussitôt 3 391 900 personnes sans emploi dans cette catégorie. Par contre, si on y ajoute les B et C (de personnes exerçant une activité réduite courte), la courbe du chômage demeure stable et affiche un léger recul sur un an : – 0,4 %.

Du mieux chez les seniors

Dans le détail, ce sont les moins de 25 ans qui ont aperçu le plus de pénuries à décrocher un travail au cours du premier trimestre. Le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A est stable pour cette catégorie d’âge, alors qu’il recule pour ceux âgés de 25 à 49 ans (-1 %). Il y a du mieux chez les seniors avec une diminution de 0,4 % au premier trimestre contre -0,1 % sur un an.

Du côté des catégories B et C, la courbe du chômage remonte. Ainsi, au premier trimestre 2019, le nombre moyen de solliciteur d’emploi en catégorie B (activité réduite courte) augmente de 0,6 % (–0,2 % sur un an) et celui des solliciteurs d’emploi en catégorie C (activité réduite longue) de 1,2 % (+2,2 % sur un an). Au total, le nombre de demandeurs d’emploi en catégories B et C augmente de 1 %.

« Retirer l’ENA ne fera pas passer la nécessité d’aménager les cadres de la fonction publique »

Ancien étudiant de l’ENA, David Guilbaud montre, qu’il faut protéger la conception républicaine du « fonctionnaire citoyen », dont le statut lui admet d’octroyer, sans doute de répression, son avis cultivé à son échelle afin que celle-ci puisse immobiliser en connaissance de cause.

Après plus d’une semaine de rumeurs, le président de la République a fait part aux citoyens des termes qu’il a pris après le grand débat national. « On ne va pas supprimer telle ou telle chose pour faire des symboles », a-t-il déclaré. Avant de joindre, quelques dizaines de minutes plus tard, qu’il comprenait bien, malgré tout, effacer l’Ecole nationale d’administration dans le cadre d’un grand changement de la haute fonction publique.

Il entend aussi voir les « grands corps » annulés, sans que l’on comprenne bien la cause d’une suppression de ces corps d’inspection et de contrôle, ni ce par quoi ils pourraient être transformés et avec quelles garanties d’indépendance pour l’exercice de leurs missions. De même, la justification d’une cession de l’ENA reste impossible à discerner : sauf à démanteler l’Etat, cela ne fera pas passer le besoin de former les cadres de la fonction publique.

Protéger la conception républicaine

Qu’importe, les hauts agents sont invités à s’amuser : le gouvernement a d’ores et déjà escompté une réforme profonde des règles de la fonction publique « pour le bien des fonctionnaires » – a déclaré le chef de l’Etat – et la haute fonction publique ne sera pas tenue à l’écart de cette « modernisation indispensable ». Mais de quoi parle-t-on, au juste ? Trois sujets ont été fort légitimement réputés par le président : le recrutement des hauts fonctionnaires, leur formation et l’amplification de leur carrière.

Sur ce dernier sujet, il faut affirmer une autre fois  que le statut de la fonction publique, qui donne aux fonctionnaires la sécurité de leur emploi, est vertueux. Comme l’a rappelé l’ancien ministre de la fonction publique Anicet Le Pors, il permet de concrétiser une triple exigence de capacité, d’estime au service public et d’intégrité. Etendre le recours au contrat dans la fonction publique menace ces exigences. Contre le risque d’un retour en arrière vers davantage d’autoritarisme hiérarchique, il faut, au contraire, protéger la conception républicaine du « fonctionnaire citoyen », dont le statut lui admet de donner, sans crainte de sanction, son avis cultivé à sa hiérarchie afin que celle-ci puisse décider en connaissance de cause.

Microsoft Research présente son tout nouveau langage de programation « Bosque »

Selon les informations initiales, Bosque serait en quelque sorte un assortiment entre Meta Language, Node.js, et TypeScript. Mark Marron, un chercheur en informatique œuvrant pour Microsoft, décrit Bosque comme un langage innovateur, offrant une version évoluée des modèles modernes très organisés. Il déclare : « Ce modèle se fonde sur les succès de la programmation structurée et les types de données abstraites en simplifiant les modèles de programmation existants en une forme organisée qui écarte les principales sources d’erreurs, simplifie la compréhension du code et la modification, et convertit les tâches de argument automatisé sur le code en propositions futiles. »

Voici un modèle de ce à quoi peut ressembler la syntaxe Bosque. On se rend compte qu’elle apparente certainement au JavaScript. Cet exemple présente l’égalent d’une boucle for en JS. Les doubles slashs font office de commentaire.

Le dépôt GitHub consacré à Bosque met à disposition une multitude d’autres exemples. Nonobstant, Bosque n’est pas encore en dernière version. Ses créateurs recommandent de ne pas l’user de suite dans le cadre de projets centraux. Cela dit, Microsoft invite certainement les développeurs à l’étudier par curiosité ou pour des projets ayant moins d’envergure.

La robotisation devrait faire disparaître 14 % des emplois d’ici 20 ans, selon l’OCDE

La France est un peu plus exposée que la moyenne, avec 16,4 % d’emplois menacés et 32,8 % transformés par l’automatisation.

Par Marie Charrel Publié aujourd’hui à 10h00, mis à jour à 10h21

Temps de Lecture 4 min.

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Des caisses automatiques dans un hypermarché à Rennes, en 2008.
Des caisses automatiques dans un hypermarché à Rennes, en 2008. MARCEL MOCHET / AFP

A quoi ressembleront nos emplois dans quelques décennies ? Convaincus que le progrès technologique apportera le meilleur, les techno-optimistes décrivent un monde où les robots occuperont les tâches les plus ingrates tandis que les humains se consacreront à leurs loisirs. Les techno-pessimistes, eux, penchent pour un scénario où l’intelligence artificielle détruira massivement les emplois, engendrant pauvreté, conflits de classes et instabilité politique. Si le pire n’est jamais sûr, la robotisation nourrit déjà une grande anxiété au sein des classes moyennes des pays industrialisés.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les salariés français mal préparés à l’intelligence artificielle

Dans L’Avenir du travail, le nouveau rapport qu’elle publie jeudi 25 avril, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) s’efforce de faire le tri entre les inquiétudes légitimes et les peurs excessives sur le sujet. Elle dresse un tableau aussi nuancé que complexe. Stefano Scarpetta, économiste au sein de l’institution, rassure :

« Nous ne croyons pas au scénario catastrophe. Pour autant, les politiques choisies par les gouvernements seront déterminantes pour limiter le nombre de travailleurs exclus dans le futur. »

Et pour cause : de grandes mutations structurelles transforment en profondeur le tissu économique et, par ricochet, l’emploi. A l’œuvre depuis quelques décennies, elles s’amplifieront dans les années à venir. A commencer par le vieillissement de la population, particulièrement marqué au Japon, en Italie, en Grèce, en Espagne ou encore en Corée du Sud et en Chine. En 1980, on comptait 20 personnes de plus de 65 ans pour 100 personnes en âge de travailler (20-64 ans) dans l’OCDE. En 2015, on en recensait 28, et leur part devrait passer à 53 en 2050.

Infographie Le Monde

De nouveaux jobs

Cela posera bien sûr un défi pour le financement de la dépendance, mais pas seulement : « les sociétés vieillissantes consomment plus de services de santé et moins de biens industriels, tels que les voitures, ce qui influence la structure de l’économie », explique le rapport. Et elles sont plus enclines à adopter les robots pour remplacer la main-d’œuvre manquante.

S’ajoute à cela la mondialisation qui, depuis quarante ans, s’est traduite par l’intégration croissante des marchés et chaînes de production. Selon l’OCDE, l’essor des échanges commerciaux a créé plus d’emplois qu’il n’en a détruits. Mais les délocalisations et la désindustrialisation de certaines régions ont également fait des perdants, alimentant une angoisse croissante parmi les citoyens.

Autre vision de la feuille d’impôt

« Moins d’impôts, c’est moins de services publics, donc moins de policiers, moins de professeurs, moins d’infirmières (…), c’est moins de main-d’œuvre qualifiée, c’est moins d’innovation et de progrès technique, moins de compétitivité et donc moins de croissance, selon les théoriciens de la croissance endogène. »
« Moins d’impôts, c’est moins de services publics, donc moins de policiers, moins de professeurs, moins d’infirmières (…), c’est moins de main-d’œuvre qualifiée, c’est moins d’innovation et de progrès technique, moins de compétitivité et donc moins de croissance, selon les théoriciens de la croissance endogène. » Charlie Abad / Photononstop

Gérard Fonouni

Professeur agrégé d’économie et gestion

L’économiste Gérard Fonouni met en garde, contre la vision libérale et égoïste qui admet à vouloir diminuer les recettes de l’Etat pour lancer la machine économique.

Le pouvoir d’achat est transformé depuis le mouvement des « gilets jaunes » le privilège des Français devant l’emploi et l’insécurité. Les réclamations sollicitant son augmentation ont été plutôt fiscales que salariales. Le pouvoir d’achat serait devenu aussitôt l’affaire de l’Etat et non plus l’affaire des chefs d’entreprise.

Ce déplacement de but écartant les syndicats faute de réclamation salariale, a fait de l’impôt la principale caractéristique du pouvoir d’achat, alors que celui-ci dépend d’abord du niveau du salaire et du niveau des prix. Cette vision partisane et individualiste a fini définitivement par exiger, lors du grand débat national, l’idée que la feuille d’impôt est l’ennemi numéro un du pouvoir d’achat.

En effet, de peur que les réclamations salariales installent à mal les petites et moyennes entreprises et qu’elles installent à mal l’emploi, celles-ci se sont menées sur le terrain fiscal, qui, quant à lui, est beaucoup moins difficile économiquement. Cette malversation renforce ainsi les thèses économiques classiques dites « libérales » selon lesquelles le salaire, et plus particulièrement le salaire minimum, seraient nocifs pour l’emploi, et selon lesquelles l’impôt dissuaderait l’esprit d’entreprendre, diminuant ainsi la croissance.

Solidarité ou individualisme

C’est pourquoi la feuille d’impôt s’est graduellement remplacée à la feuille de paie pour innocenter plus de pouvoir d’achat. Dans ces conditions, seule une baisse d’impôt peut octroyer du pouvoir d’achat à l’ensemble des ménages.

Actuellement, la question du pouvoir d’achat est donc transformée un choix économique entre salaire et impôt et, aussi, un choix de société entre association et individualisme. Or, choisir la baisse de la feuille d’impôt plutôt que l’augmentation de la feuille de paie pour octroyer du pouvoir d’achat aux ménages est un choix très critique économiquement et socialement.

Faute de revenus fiscales importantes, l’Etat se voit contraint de amoindrir les dépenses publiques afin d’éviter d’aggraver son déficit budgétaire et d’alourdir la dette publique. L’impôt sert à financer les dépenses publiques, elles-mêmes très utiles à l’augmentation économique et au bien-être de tous.

Or, moins d’impôts, c’est moins de services publics, donc moins de policiers, moins de professeurs, moins d’infirmières, moins de médecins, moins de chercheurs, c’est moins de main-d’œuvre compétente, moins de connaissances, c’est moins d’innovation et de progrès technique, moins de compétitivité et donc moins de croissance, selon les théoriciens de la croissance endogène. Sa réduction approuvant celle des dépenses publiques, ralentit à la fois le niveau de la demande et celui de l’offre, punissant ainsi la croissance et l’emploi.

Sarah, « travailleuse du clic » 

Classeur avec les bons de réductions pour les acahats.

FELIX LEDRU

Des dizaines de milliers de microtravailleurs se connectent fréquemment à des plates-formes offrant des tâches rétribuées à la pièce pour arrondir leurs fins de mois. Une activité particulièrement effectuée par des femmes au foyer, qui demeure méconnue.

Où va le travail ? On pourrait la saisir pour une femme d’affaires. Assise sur son canapé, des lunettes papillon attachées sur le nez et l’œil immobilisé sur l’écran de son ordinateur portable, Sarah Guyon parcourt, impassible, la liste des « missions » payées du jour.

Deux centimes d’euro pour cliquer sur un article du Figaro, 18 centimes pour installer un logiciel admettant de lire des fichiers PDF, 36 pour inscrire ses coordonnées dans une requête de devis pour le réparateur automobile Speedy… « Ça ne paraît pas énorme comme ça, mais, en me connectant tous les jours, j’arrive à encaisser 200 à 300 euros par mois », ajoute cette mère de 26 ans.

Il y a cinq ans, après la naissance de son deuxième enfant et les premières « galères financières », elle est venue grossir les rangs de l’armée visible des « travailleurs du clic », ces personnes réalisant en ligne des tâches, fréquemment très rapides, rémunérées à la pièce. Ils seraient aujourd’hui plus de 250 000 en France à se connecter occasionnellement sur des plates-formes de microtravail – un nombre qui dépasse celui des personnes œuvrant pour Uber ou Deliveroo –, et 15 000 à y être « très actifs » selon une étude éditée en février par des chercheurs de Télécom ParisTech, du CNRS et de MSH Paris Saclay.

Pour l’heure, le travail du clic n’est ni entouré ni reconnu comme tel. Et Sarah Guyon, qui vit à Montmeyran, dans la Drôme, est continuellement regardée par l’Insee comme « inactive ».

Course contre la montre

Sa journée, cadencée par les allers-retours matin, midi et soir jusqu’à l’école, où quatre de ses six enfants sont scolarisés, ressemble malgré cela à une course contre la montre. L’après-midi, une fois le ménage fait et ses deux derniers nourris et endormis, Sarah se met au salon et se connecte une autre fois sur ses deux plates-formes de microtravail préférées – Moolineo et Loonea. Elle commence alors les tâches : donner son adresse pour obtenir et tester la dernière lessive Ariel 3 en 1, solliciter pour participer au panel de téléspectateurs de l’institut d’études marketing Harris Interactive, cliquer sur des articles de Grazia et Challenge, s’inscrire à la newsletter de la parfumerie Marionnaud, remplir de nouvelles demandes de devis…

La sélection discriminatoire de l’ENA

Professionnel en science des organisations, Alain Klarsfeld note, que ce sont une consistante assistance familiale et financière et les biais de sélection inconsciente qui reproduisent une augmentation de la fonction publique électif.

Entre les annonces espérées jeudi 25 avril, il en est une qui fait jaillir beaucoup d’encre. L’Ecole nationale d’administration (ENA) serait annulée. On peut comprendre aisément les motifs d’une telle cession. Avec les années, l’ENA en est venue à participer tout ce qu’une grande partie des Français haïssent, à savoir l’élitisme, non pas en tant que tel, mais en tant qu’il ne repose pas sur une base légale. Que l’ENA soit ou pas effacée, une pensée s’impose à elle (ou à l’école qui prendra la relève), comme à toute la grande fonction publique.

Un des concepts sous-tendant le caractère immérité des évolutions de sélection de l’ENA est celui de la ségrégation sociale. Pour cela ils appellent de différencier les notions de discrimination directe et indirecte. Qualifier les processus de sélection (à l’entrée et au classement de sortie) de l’ENA de discriminatoires socialement pour en tirer la conclusion qu’il faut annuler l’ENA, c’est aller trop vite en besogne et c’est passer à côté des enjeux les plus importants.

Le processus de sélection de l’ENA ne produit pas de discrimination directe. Par discrimination directe, il faut savoir la prise en compte directe de critères interdits tels que l’origine, le sexe, les mœurs, la condition économique, etc. (la loi liste 25 critères). Il est fort peu acceptable, même si jamais entièrement à exclure, que les examinateurs des copies anonymes et les jurys d’oraux prennent en compte l’un ou l’autre de ces critères dans leur évaluation.

Enfants de hauts fonctionnaires

Le processus de sélection de l’ENA produit par contre une discrimination indirecte. Cette ségrégation détournée repose à la fois sur l’initiative de la composition peu diverse de la population des « gagnants » (admis au concours externe, et surtout, ceux sortis dans la « botte », ou élevé de la distribution de sortie mélangeant toutes les voies d’accès) et sur la conformité des épreuves de sélection (ou plutôt leur absence de légitimité).

En effet, à la sortie du concours extérieur et à l’organisation de sortie, la proportion dominante d’enfants de cadres supérieurs et notamment de hauts fonctionnaires (ou anciens hauts fonctionnaires passés au privé) est nettement stupéfiante, et n’a fait que s’accroître au cours des dernières décennies. Cette proportion est provocante, mais pas encore, en tant que telle, particulière de discrimination indirecte, laquelle suppose en outre une épreuve attentif des processus de sélection.

« La cession d’entrée direct aux grands corps est un point de passage exigé »

Enarque et historien, Marc-Olivier Baruch propose, un changement en cinq clés de l’Ecole nationale d’administration pour initier la haute fonction publique à l’entreprise qu’elle est censée administrer.

Il se trouve que j’ai approximativement tout fait à l’Ecole nationale d’administration (ENA) : j’y suis (simplement) entré fin 1978 et en suis (mal) sorti trente mois plus tard, après une scolarité sans intérêt. J’y ai noté l’histoire administrative au début des années 2000 (discipline non notée et donc peu prise au sérieux par les élèves les mieux adaptés), au début deux jours par an, puis deux heures. J’ai arrêté cet enseignement avant qu’on ne me sollicite d’y dédier deux minutes… J’ai également été vice-président des concours d’entrée de 2010, ai siégé au comité de rédaction de la revue d’administration publique de l’ENA et collaboré à son comité d’histoire, qui produit de fort riches (mais peu lus) Cahiers [Cahiers pour une histoire de l’ENA] exprimant l’institution, promotion par promotion.

L’histoire, exactement, en dit beaucoup sur l’institution. Elle articule certes les audaces mais aussi les fissures initiales d’un projet qui n’était que relativement modernisateur. Le général de Gaulle de 1945 savait trop avoir besoin de l’appareil d’Etat pour en secouer les élites – dont il connaissait pourtant, mieux que personne, la conduite, peu engageant et peu engagé, durant les années de guerre et d’occupation.

Dès 1945, alors que se bâtit l’ENA, le ministère des finances ne se rassemble au projet de corps commun des administrateurs civils qu’à la condition que ceux servant dans ses rangs continueront à bénéficier d’un régime compensatoire favorisé, faute de quoi, face à l’aridité de la matière qui s’y trouve traitée, il risquerait de se voir déserté.

Un essai de découpe de poulet rôti

Dans ce domaine où les techniciens hors pair de la gestion administrative connaissent si bien énucléer la volonté réformatrice du politique – Nicolas Sarkozy, homme volontaire s’il en est, ne parvint pas à effacer le classement de sortie –, la loi doit poser des principes forts. Nous proposons cinq clés pour ouvrir la haute fonction publique à la société qu’elle a appel à diriger.

La première comporte à effacer les crises structurelles entre les métiers auxquels destine l’ENA. Nul n’irait consciemment manier des liasses de pièces comptables ou s’adonner au contentieux fiscal s’il ne savait que, très vite, son appartenance à la Cour des comptes ou au Conseil d’Etat serait pour lui, après un tout petit nombre d’années, un énergique accélérateur de carrière.

La cession de l’accès direct aux grands corps, comme l’harmonisation des régimes compensatoires entre ministères, est donc un point de passage obligatoire d’une telle réforme. Changements qui ne sont guère coûteuses budgétairement, mais dont les auteurs seront vus comme traîtres à leurs corps, ce qui les inquiéta longtemps.

Ces sociétés transformées au 100 % télétravail

Quentin Hugon

Elles sont encore peu abondantes, mais le modèle de ces sociétés utilisant ce mode de progression augmente. Malgré cela, s’il offre des avantages, il interroge sur son productivité.

Où va le travail ? Ils ont privilégié l’Ardèche comme cadre de vie et lieu de travail. Depuis prochainement trois ans, Rachel Peter et Jean-Baptiste Audras, un couple de trentenaires, œuvrent depuis leur maison de Saint-Péray, petite agglomération située près de Valence (Drôme). Tous deux sont salariés chez Whodunit, une agence de création de sites Internet. « Avec Whodunit, on a fait le choix du télétravail. C’est devenu notre mode de vie », explique Jean-Baptiste Audras. « Avec deux façons de travailler opposées », déclare Rachel Peter. Elle dans une pièce créée à cet usage, sur un ordinateur fixe, avec des horaires classiques : 9 heures-18 heures. Lui, sur son portable, n’importe où dans la maison, durant la journée et, parfois, de la nuit.

C’est une société dématérialisée, nulle part et partout à la fois

Chaque matin, ils dispensent cependant le même rituel : la réunion quotidienne de l’équipe, en visioconférence. Chaque salarié de Whodunit – ils sont dix, prochainement quinze – se connecte de chez lui. Ils habitent à Nantes, Metz, Paris ou encore Lyon. Car l’agence n’a pas de bureau : c’est une entreprise en full remote ou une distributed compagny (entreprise distribuée), dans le jargon anglo-saxon. Dématérialisée, nulle part et partout à la fois.

Ces sociétés modifiées au 100 % télétravail sont peu abondantes, mais le modèle se développe, à en croire Rodolphe Dutel, créateur du site Remotive.io, spécialiste de l’emploi à distance dans le secteur de la technologie. Sa plate-forme rassemble un millier d’entreprise qui embauchent des télétravailleurs – dont deux tiers outre-Atlantique et une vingtaine uniquement en France. En 2016, elles n’étaient que deux cents. Il s’agit « aussi bien de petites start-up de dix personnes que de licornes valorisées au-delà d’un milliard de dollars, comme Automattic », ajoute M. Dutel. Pionnière en la matière, la société éditrice WordPress a fermé son siège à San Francisco en 2017, basculant ses 550 salariés en télétravail.

« Ce modèle prendra de l’ampleur »

La technologie n’est pas le seul secteur intéressé. « On trouve aussi des entreprises en full remote dans l’e-commerce ou la formation en ligne », remarque Clément Marinos, maître de conférences en économie à l’université Bretagne-Sud, faisant l’hypothèse que « ce modèle prendra de l’ampleur, car les secteurs intéressés ont tendance à créer de l’emploi ».

Quand les sociétés s’attachent à la reconversion

Au sein du groupe PSA, plus de 3 700 salariés ont ainsi bénéficié, depuis 2012, du programme Top Compétences, qui accompagne les salariés dans leurs projets de reconversion « forte ».
Au sein du groupe PSA, plus de 3 700 salariés ont ainsi bénéficié, depuis 2012, du programme Top Compétences, qui accompagne les salariés dans leurs projets de reconversion « forte ». CHRISTIAN HARTMANN / REUTERS

La Poste, PSA, la Société générale, explorent des passerelles entre les métiers pour mieux reclasser leurs laborieux.

Du centre correspondance de Mortagne-au-Perche (Orne) à la direction des systèmes informatiques de La Banque postale à Nantes, la vie professionnelle de Géraldine Autrique, âgée de 48 ans dont dix-huit passés à La Poste, a pris un changeant. Fini l’armature aux organisations des tournées, place à la création d’applications mobiles. Depuis octobre 2018, cette salariée de La Poste se forme en alternance pour avoir le diplôme de concepteur développeur informatique, avant d’assimiler à plein temps une nouvelle équipe informatique. Le cursus « va très vite » et se révèle « assez violent en informations », accorde la mère de famille. Mais, choisie par La Poste au terme de divers tests sélectifs et déjà mordue de création de sites Web, Géraldine a confiance.

« On a des besoins nouveaux et on a des postiers qui doivent se projeter dans des nouveaux univers métiers », déclare Valérie Louradour, directrice du développement des ressources humaines à La Poste. Cette passerelle a donc été commencé « à tous les postiers » et le groupe réfléchit à étendre la démarche de reconversion professionnelle à d’autres filières. Même si les moins qualifiés en font moins souvent la demande que les autres, les deux tiers des salariés souhaitent se former, quel que soit le niveau de qualification, déclare le Centre de recherches et d’études sur les qualifications (« La formation en entreprise face aux aspirations des salariés », Céreq).

Le sujet des reconversions internes « reprend un peu plus de place dans les stratégies RH », remarque Thomas Germain, directeur général de Sémaphores, cabinet de conseil du groupe Alpha spécialisé dans les réaménagements. Confrontées à des « bouleversements plus rapides et plus permanents », les sociétés voient leurs métiers transformer en interne. Et alors que le marché du travail se montre tendu, « la reconversion s’impose par la force aux entreprises », décalre Sophie Piot, directrice commerciale grands comptes chez LHH Altedia.

Habileté, le maître mot

Avec la rupture conventionnelle collective, qui donne plus de flexibilité aux sociétés pour diminuer leurs effectifs, le sujet risque d’être davantage abordé. « Dans 48 % des cas, les améliorations en interne sont liés à des restructurations ou à des réorganisations », ajoutait l’Association pour l’emploi des cadres dans sa dernière enquête sur les mobilités professionnelles (« Panorama des mobilités professionnelles des cadres », édition 2018, Apec, voir lien PDF).