Les organisations étudiantes s’alarment de l’augmentation du coût de la vie universitaire

La FAGE et l’UNEF sollicitent une sérieuse refonte des aides sociales pour faire face à la précarisation des étudiants.

Le coût de la rentrée universitaire va de nouveau accroître, regrettent les deux principales organisations syndicales étudiantes, la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) et l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), dans leurs baromètres annuels publiés respectivement dimanche 18 août et vendredi 16 août. La FAGE, premier syndicat étudiant de France, avait pour la première fois conclu à une « diminution significative » de l’enveloppe que doivent consacrer les étudiants à leur rentrée, grâce particulièrement à la suppression de la cotisation à la Sécurité sociale étudiante.

Mais ce plan ne se refasse pas en 2019 : le profil type évalué par la FAGE – un étudiant non boursier de 20 ans en licence à l’université, ne vivant plus au domicile familial – devra payer en moyenne 2 285 euros pour la rentrée : frais d’inscription, fournitures, loyer… Ce montant est en progression de 1,96 % par rapport à l’année dernière, en raison notamment de la hausse des frais de vie courante de 2,73 %.

Son challenger, l’Union nationale des étudiants de France, fait un acte similaire dans son étude annuelle. Basée sur une méthodologie différente, celle-ci évalue le coût de la vie étudiante, apprécié en croissance de 2,83 %. Une évolution « bien supérieure à celle de l’inflation qui est de 1,20 % sur un an », appuie le syndicat proche de la gauche, qui s’alarme de la « forte progression » de la précarité étudiante.

L’élévation des loyers « explose en région »

L’accroissement du loyer moyen, premier poste de dépenses des étudiants, est l’un des principaux facteurs de cette tendance troussée par les organisations syndicales. Dans le parc privé, elle atteint 3,86 %, selon l’UNEF. Elle est plus marquée dans des villes comme Bordeaux, Rennes ou Mulhouse (Haut-Rhin), où les prix de l’immobilier se sont enfuis depuis plusieurs années. Quant aux frais liés aux transports, ils « stagnent », selon la FAGE. L’UNEF relève, quant à elle, une amélioration des tarifs des transports en commun dans plusieurs villes.

L’augmentation des frais courants des étudiants provient en outre d’« une augmentation forte des loisirs et des achèvements comme les vêtements, la nourriture, les produits d’entretiens et d’hygiène », note la FAGE. La fédération critique le « désengagement de l’Etat sur la restauration étudiante ». Le prix d’un repas au restaurant universitaire passera en effet de 3,25 à 3,30 euros à partir de septembre. Un changement qui vient s’additionner à l’accroissement des tarifs des cafétérias du Centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous), estimée à 8,17 % par l’UNEF.

Les étudiants et leurs familles devront aussi assumer l’élévation des frais spécifiques à la rentrée universitaire (+ 1,4 % cette année), même si ceux-ci améliorent moins vite que les dépenses courantes. Les supplémentaires santé – dont les tarifs grimpent de 2,56 %, selon la FAGE, et la Participation de vie étudiante et de campus (CVEC), en hausse de 1 euro pour l’année 2019-2020, sont surtout concernées. Les frais liés à l’achat de matériel pédagogique augmentent, eux, de 4,8 %.

Une « réforme d’ampleur » des aides

Les nouveaux étudiants étrangers non européens devront faire face à un accroissement des coûts de rentrée encore plus conséquente, puisque leurs frais d’inscription universitaires arrivent de 170 à 2 770 euros en licence et de 243 à 3 770 euros en master. Même si plusieurs établissements ont annoncé leur intention de ne pas apposer la mesure, « des dizaines de milliers » de personnes sont concernées, s’alarme l’UNEF. Une situation « injuste », déclare la FAGE : « Ce n’est pas aux étudiants de contribuer au sous-financement de l’enseignement supérieur par l’Etat. »

Les organisations syndicales invitent les suites de l’évolution du coût de la rentrée et de la vie universitaire. « Trop nombreux sont les étudiants dans l’obligation de se salarier pendant leurs études, de renoncer aux soins, à des loisirs ou à une alimentation correcte », inscrit la FAGE. Pour la fédération, « le coût de rentrée est bien trop élevé pour permettre une réelle démocratisation de l’enseignement supérieur ».

Elle réclame une « réforme d’ampleur du système d’aides sociales et la création d’une aide globale d’indépendance », calculée selon « la situation de l’étudiant et des revenus déclarés du foyer fiscal auquel il est rattaché ». De son côté, l’UNEF demande notamment « un plan d’urgence de refonte des aides sociales » avec l’accroissement du nombre d’étudiants bénéficiaires de bourses et la « revalorisation de 20 % » de celles-ci.

Le montant actuel des bourses sur critères sociaux accroîtra « d’en moyenne 1,10 % » pour l’année 2019-2020. Mais cette augmentation, inférieure à l’inflation, est amplement insuffisante aux yeux du syndicat étudiant.

SNCF, RATP : renvoyés sans raison apparente

Des travailleurs renvoyés sur avis du ministère de l’intérieur pour suspicion de radicalisation en appellent à la justice.

Il a d’abord ressenti un choc. Puis, très vite, une question s’est emparée de son esprit : « Pourquoi ? » Dix-sept mois après, Hocine, qui fait son témoigne sous un prénom d’emprunt, n’a pas encore de réponse. Attablé au Café de la gare d’Herblay (Val-d’Oise), dans la banlieue nord de Paris, ce jeune de 25 ans, à la silhouette élancée, déroule le fil des événements qui l’ont d’un coup privé d’emploi, il y a quasiment un an et demi.

Le 8 mars 2018, une cadre de la RATP le convoquait à l’issue de sa journée de travail pour lui apprendre qu’il était suspendu de ses fonctions – chauffeur de bus en Ile-de-France. Quelques jours plus tard, la sentence tombait, par le biais d’une lettre adressée au domicile de ses parents, chez qui il habite : « Nous sommes contraints de vous notifier votre licenciement [pour cause réelle et sérieuse]. » L’explication avancée était plutôt succincte : « Vous avez fait l’objet d’une enquête par le ministère de l’intérieur [qui] a débouché sur l’émission d’un avis d’incompatibilité vous concernant. »

Avis d’incompatibilité ? Depuis la loi de Mars 2016 les entreprises de transport public peuvent demander à la police des investigations sur des candidats à l’embauche et sur des salariés déjà en poste désireux de changer d’affectation ou dont le comportement inquiète. Ces opérations dites de « criblage » visent à déterminer si l’attitude de la personne « donne des raisons sérieuses de penser qu’elle est susceptible, à l’occasion de ses fonctions, de commettre un acte portant gravement atteinte à la sécurité ou à l’ordre publics ».

Les recherches sont conduites par le Service national des enquêtes administratives de sécurité (Sneas), qui s’appuie – entre autres – sur divers fichiers relatifs « à la prévention du terrorisme ou des atteintes à la sécurité et à l’ordre publics ». Dans ces listings figurent les noms d’individus soupçonnés de radicalisation religieuse ou engagés dans des mouvements situés aux deux extrémités de l’échiquier politique. Votées après les attentats de 2015, de telles dispositions ne peuvent s’appliquer qu’à une gamme restreinte de métiers, jugés sensibles (conducteurs de bus ou de rame de métro, vigiles…).

Neuf mois après la déclaration d’un plan social, l’AFPA en difficulté

La justice a banni fin juin un projet de réaménagement de l’organisme public de formation professionnelle. La direction assure que les premiers « départs volontaires » intercéderont à partir du dernier trimestre 2019.

Fermera ? Fermera pas ? Depuis presque dix mois, Carima Mahaoui et ses collègues sont introduits dans l’expectative. Ils œuvrent à quelques kilomètres d’Agen, dans un centre de l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) enraciné à Foulayronnes (Lot-et-Garonne). Ce site, qui, d’après Mme Mahaoui, emploie une vingtaine de personnes, était voué à disparaître, tout comme 37 autres structures sur les 208 assimilées dans le réseau de l’AFPA, principal opérateur public du monde de la formation.

Les actes de décès avaient été formulés le 18 octobre 2018, lors de la prélude d’un vaste projet « de transformation » prévoyant 1 541 suppressions de postes en CDI (sur près de 6 500, à la fin mai 2018). Un plan social de très grande ampleur prévu à redresser un géant du secteur, plombé par de lourdes pertes (un peu plus de 720 millions d’euros de 2012 à 2016).

Des centres « repêchés »

Après avoir enfoncé le choc de ces annonces, les personnels de l’Agence Agen-Foulayronnes se sont mobilisés : appel des élus, pétition… Peu à peu, l’espoir est rétribution, sous la forme d’un « projet alternatif » simulé à préserver l’activité de l’unique site de l’AFPA dans le département. Mais en juin, nouveau coup de masse : les Agenais ont appris que leur centre de formation ne figurait pas dans la liste des « repêchés ». Pour autant, la recherche de solutions continue afin de maintenir en vie l’établissement d’Agen-Foulayronnes et d’autres entités de l’Agence. Mme Mahaoui, elle, ne sait plus trop à quel saint se vouer : « On est en suspens », révèle cette représentante CGT.

Saisie en requête, la justice a ordonné la suspension du plan de réorganisation, le 27 juin.

Depuis que l’AFPA a dévoilé son programme de réaménagement, celui-ci tarde à se concrétiser. Au tout début, l’intersyndicale, constituée par la CFDT, la CGT, FO et SUD, ne voulait pas entrer en négociations, puis ce front s’est disloqué, la CFDT et FO acceptant de parlementer afin d’obtenir des concessions. Finalement, la direction a revu sa copie, particulièrement en diminuant le volume de postes annulés (de 1 541 à 1 423) et en accroissant doucement les créations d’emplois (de 603 à 629). Dans le même temps, les sites promis à la fermeture sont passés de 38 à 34.

En Guadeloupe, Romario, 21 ans, est rentré dans le rang

Deuxième chance (5/6). Originaire de Pointe-à-Pitre, le bachelier est entré au régiment service militaire adapté (RSMA) de Guadeloupe pour éviter la « dégringolade ». Il y a dix-huit mois, il a décroché un CDI dans une distillerie.

Par Publié aujourd’hui à 18h00

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Romario, le 4 juillet, à la distillerie Longueteau où il est employé.
Romario, le 4 juillet, à la distillerie Longueteau où il est employé. PHILIPPE VIRAPIN/REA POUR « LE MONDE »

Il fait 34 degrés Celsius et le taux d’humidité de l’air approche les 100 % près d’une plage de Basse-terre (Guadeloupe). Romario saute de son fourgon de livraison et rejoint, guilleret, le bureau de son patron. Dix-huit mois qu’il tient son premier Graal : un contrat à durée indéterminée. Pas question de succomber à la tentation de la sieste.

Sourire accroché aux lèvres, boucles dorées grosses comme des billes aux oreilles, chaîne du même métal au cou et montre scintillante au poignet, un pas faussement nonchalant. Ce midi, le jeune homme est le premier livreur de la distillerie Longueteau à terminer sa tournée. Le petit gars de Pointe-à-Pitre chambre un peu ses collègues moins diligents. Puis, brutalement, se fige, menton levé, regard dardé sur la ligne d’horizon ; sa main gauche frappe sa cuisse. Sans une injonction, Romario est au garde-à-vous. Passait par là le commandant Joffredo, officier supérieur du régiment du service militaire adapté (RSMA) de Guadeloupe. Cela fait pourtant un an et demi que Romario a quitté le treillis. Mais l’habitude est ancrée. « Le respect », explique-t-il.

Le régiment, à reculons

Ancien volontaire du RSMA, Romario Tel n’a jamais tenu un fusil d’assaut. C’est en 2017, sous la pression bienveillante de sa mère, femme célibataire et « potomitan » (le pilier de la famille antillaise), qu’il a franchi à reculons les portes du régiment. Un an plus tôt, le lycéen a décroché un bac professionnel « conduite et gestion de l’entreprise agricole ». Il avait ensuite passé de longs mois « à ne pas faire grand-chose ». L’inactivité est une pente sur laquelle glissent 76 % des 15-24 ans de Guadeloupe, et dont le jeune homme a pu observer l’une des issues chez de nombreux jeunes de son « quartier chaud » de Vieux-Bourg, dans la commune des Abymes : « Vendre de la dope ».

Pour éviter la dégringolade, Romario entre dans les rangs. Ceux du RSMA. Entre les Antilles et ce régiment très spécial, l’histoire commence il y a soixante ans : en réponse aux émeutes de Fort-de-France de décembre 1959, et alors que la métropole concentre ses ressources sur le conflit algérien, le général Némo, à la tête des forces militaires Antilles-Guyane, élabore en 1961 un projet de défense nationale visant à encadrer les jeunes en grande difficulté, en leur dispensant une formation professionnelle qui réponde aux besoins économiques locaux (transport, bâtiment, tourisme, aide à la personne…). Depuis, des régiments similaires ont essaimé sur l’ensemble des départements et territoires d’outre-mer ainsi qu’en métropole, à Périgueux. Aujourd’hui, ce sont environ 6 000 jeunes, garçons et filles, qui, chaque année, tentent de se construire un avenir au sein du service militaire adapté, dont 800 en Guadeloupe.

En grève pour trois jours, des hôtesses et stewards de Transavia France dénoncent « l’incompétence » de la direction

Le mouvement de grève à l’appel de la CGT, prévu pour durer jusqu’à dimanche soir, n’avait vendredi qu’un impact limité sur le trafic de la compagnie, 95 % des vols étant maintenus.

Le Monde avec AFP Publié le 16 août 2019 à 11h24, mis à jour à 10h08

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Un Boeing 737-800 de la compagnie Transavia à l’aéroport d’Orly.
Un Boeing 737-800 de la compagnie Transavia à l’aéroport d’Orly. GABRIEL BOUYS / AFP

En grève, les hôtesses et stewards dénoncent « une gestion humaine et matérielle catastrophique » au sein de Transavia France. Le mouvement de grève à l’appel de la Confédération générale (CGT), prévu pour durer jusqu’à dimanche soir, n’avait cependant, vendredi 16 août, qu’un impact limité sur le trafic de la compagnie à bas coûts du groupe Air France-KLM.

« C’est conforme aux prévisions, avec 95 % des vols maintenus », a affirmé un porte-parole de Transavia France. Sur 66 vols prévus dans la journée au départ de Paris-Orly, deux étaient annulés, l’un à destination de Marrakech l’autre de Lisbonne, selon le site Internet du groupe ADP. Sur les autres bases françaises de la compagnie, les 14 vols au départ de Nantes étaient programmés, tandis que 4 des 9 vols au départ de Lyon-Saint-Exupéry étaient annulés, selon les sites des aéroports. Pour la journée de samedi, la direction « prévoit d’assurer 97 % de son programme de vols », mais « des perturbations de dernière minute ne sont néanmoins pas à exclure ».

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« Incidents à répétition » sur un appareil

« Il n’y a rien de soudain dans cet appel à la grève, a rappelé Elodie Gomes, élue CGT, premier syndicat chez Transavia France. Cela fait des mois qu’on lance des appels à la direction pour retrouver un dialogue social. » Parmi ses revendications, le syndicat dénonce un recours trop important à l’affrètement d’avions, source de coûts accrus et qui est dû, selon lui, à « l’incompétence » de la direction.

La CGT dénonce également, dans une lettre ouverte à Ben Smith, directeur général du groupe Air France-KLM, des « incidents à répétition et la sécurité des vols mise à mal » sur un appareil qui a connu de multiples problèmes en juillet, notamment de pressurisation, malgré plusieurs immobilisations pour réparation. « Nous n’avons jamais été conviés à une quelconque réunion concernant le futur développement de Transavia et cela doit changer immédiatement », réclame enfin le syndicat.

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La compagnie devrait bientôt pouvoir se développer davantage en France après un référendum au sein du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), premier syndicat de pilotes au sein d’Air France, qui s’est déclaré favorable à la remise en cause du plafonnement de la flotte de Transavia France à 40 avions. Exploitant actuellement 38 Boeing 737, Transavia France a transporté 811 000 passagers en juillet ; un chiffre en hausse de 11 % par rapport à juillet 2018.

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Début de concentration dans le BTP italien, en grande difficulté

Salini Impregilo, le numéro un local, entend reprendre le numéro deux, Astaldi, et d’autres acteurs du secteur pour créer un géant du BTP dans la péninsule.

Par Publié le 16 août 2019 à 10h35, mis à jour à 10h10

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Le premier pylône de la nouvelle structure remplaçant le pont Morandi, qui s’est écroulé le 14 août 2018 à Gênes (nord-ouest de l’Italie), faisant 43 morts.
Le premier pylône de la nouvelle structure remplaçant le pont Morandi, qui s’est écroulé le 14 août 2018 à Gênes (nord-ouest de l’Italie), faisant 43 morts. ALBERTO PIZZOLI / AFP

C’est un anniversaire tragique. Mercredi 14 août s’est tenu à Gênes un hommage à la mémoire des quarante-trois victimes de l’écroulement du pont autoroutier Morandi de la capitale ligure. Outre l’émotion des familles et de toute une ville, cette catastrophe a surtout démontré le piètre état de certaines infrastructures transalpines – mais aussi françaises –, faute d’une maintenance suffisante.

Cependant, en Italie, « cette catastrophe a été un véritable signal d’alarme, non seulement sur l’état des infrastructures, mais également sur l’état de notre secteur », assure-t-on au sein de Salini Impregilo, le numéro un du BTP local. C’est ce dernier qui a été désigné, avec Fincantieri, spécialiste de la construction métallique, pour édifier le nouveau pont.

Selon l’ANCE, principale association des entreprises de construction italiennes, 600 chantiers publics sont aujourd’hui à l’arrêt dans le pays

En dehors du groupe familial, qui réalise près de 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an, dont plus de 90 % à l’étranger, les groupes transalpins sont aujourd’hui en grande difficulté. Le numéro deux local, Astaldi, est en cessation de paiement, tandis que les suivants (Condotte, Trevi, etc.) se trouvent tous en mauvaise posture. Depuis la crise financière de 2007-2008, pas moins de 120 000 PME ont mis la clé sous la porte du fait d’une réduction de moitié des investissements dans les infrastructures.

Selon l’ANCE, principale association des entreprises de construction italiennes, 600 chantiers publics sont aujourd’hui à l’arrêt dans la péninsule, ce qui représente 36 milliards d’euros de chiffres d’affaires de manque à gagner pour toute l’industrie.

Celle-ci a été fortement touchée par de nouvelles règles anticorruption mises en place après 2015 et les scandales liés à l’Exposition universelle de Milan. La multiplication des contrôles par l’administration ralentit les travaux. D’après l’ANCE, le temps d’achèvement moyen d’un chantier de plus de 100 millions d’euros en Italie est aujourd’hui de quinze ans…

Sauver de 300 000 à 400 000 emplois

Afin de relancer le secteur, le gouvernement a publié en juin un décret « Déblocage des chantiers », qui assouplit les conditions des appels d’offres pour les projets publics. Mais cela n’a pour l’instant pas encore été suivi d’effets. Et pour cause : les deux alliés gouvernementaux – la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini et le Mouvement 5 étoiles (M5S, « antisystème ») de Luigi Di Maio – ont des vues divergentes sur la question des infrastructures.

Le taux de chômage en France a son niveau le plus faible depuis fin 2008

La majorité loue « l’action résolue et cohérente du gouvernement », responsable à ses yeux de cette nouvelle décrue. Mais l’opposition se montre moins enthousiaste.

Par Publié aujourd’hui à 06h25

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La lente décrue du chômage se poursuit. Pour la troisième fois consécutive, le nombre de demandeurs d’emploi a baissé d’un trimestre sur l’autre : sur la France entière (hors Mayotte), le taux s’est établi à 8,5 % de la population active sur la période mars-juin. Selon les chiffres publiés mercredi 14 août par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), la baisse est de 0,2 point par rapport au début de l’année.

En France métropolitaine (hors outre-mer), cela signifie que le nombre de personnes qui cherchent du travail, selon la définition retenue par le Bureau international du travail, a reflué de 66 000 en un trimestre. Le taux s’établit à 8,2 % de la population active, soit 2,4 millions de chômeurs. Sur un an, cela représente une baisse de 0,6 point. La tendance à la baisse, débutée au mitan de l’année 2015, se poursuit donc. Jamais le marché de l’emploi s’était aussi bien porté depuis dix ans.

L’amélioration concerne toutes les classes d’âge, mais particulièrement les jeunes, note l’Insee. Leur taux de chômage a baissé de 0,6 point sur le trimestre et de 1,5 point en un an. Pour les personnes âgées de 25 à 49 ans, il s’agit respectivement de – 0,2 point et – 0,7 point et pour les plus de 50 ans, de 0,2 sur les deux périodes.

Le chômage de longue durée connaît aussi une amélioration : même si 900 000 personnes cherchent du travail depuis au moins un an, cela correspond à une baisse de 0,1 point par rapport au printemps et de 0,4 point sur un an.

« Une cohérence économique globale »

Autre point notable, après avoir progressé de 2016 à fin 2018, le taux d’emploi en contrat à durée indéterminée (CDI) semble avoir atteint un plateau, se maintenant à un niveau stable depuis lors. En revanche, la part des CDD et de l’intérim poursuit la décrue amorcée fin 2017. De même, l’emploi à temps complet progresse entre le deuxième et le premier trimestre de l’année (+ 0,2 point) et sur un an (+ 0,8 point), quand le temps partiel recule : – 0,3 point au printemps et – 0,7 point par rapport à 2018.

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« Depuis le début du quinquennat, s’est félicitée Muriel Pénicaud, la ministre du travail, le nombre de chômeurs a diminué de 300 000 personnes. Le taux de chômage est passé de 9,6 % à 8,5 %. » Selon elle, cette évolution « s’explique par l’amélioration de tous les indicateurs sur le marché du travail, qui reflète l’action résolue et cohérente du gouvernement, et notamment des transformations du code du travail, de l’apprentissage et de la formation professionnelle, qui portent leurs fruits ».

Woury, 29 ans, se rêve en « Thierry Marx africaine »

Deuxième chance (4/6). Sénégalaise installée en France, la jeune femme a transformé sur le tard sa passion pour la cuisine en métier, grâce à Cuisine mode d’emploi(s), l’école gratuite créée à Paris par le chef étoilé.

Par Publié le 15 août 2019 à 00h15

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Woury Niang, au 58 Tour Eiffel, un restaurant dirigé par Thierry Marx, à Paris, le 7 juin.
Woury Niang, au 58 Tour Eiffel, un restaurant dirigé par Thierry Marx, à Paris, le 7 juin. FREDERIC STUCIN POUR « LE MONDE »

Au Sénégal, on a toujours deux prénoms. Celui que vous donne votre père et celui que choisit votre mère. Woury Niang – à l’état civil – n’est connue de ses proches que sous le nom de Binette, son prénom maternel. Ce dimanche de début juin, c’est donc la lumineuse Binette que nous rencontrons. Longue, l’œil noir comme le charbon, une grâce naturelle, enjouée, drôle, elle cuisine pour ses amis un tiep, le plat national sénégalais, ragoût de légumes et de poisson. « Ma touche, c’est d’apporter de la modernité dans la tradition, un tiep façon bistronomie », explique la jeune femme.

Les produits, tous frais, viennent du quartier de Belleville, dans l’est parisien, le mérou et les gambas fraîches du marché de Bagneux (Hauts-de-Seine). Le lieu a aussi été attentivement choisi. « On ira chez mon ami Bertrand, qui a un appartement très confortable », nous a-t-elle écrit par texto, en nous donnant une adresse à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis). Très confortable et moins collectif que la résidence pour femmes isolées du 19e arrondissement dans laquelle Woury vit depuis un an.

A Noisy-le-Sec, l’appartement baigne dans des effluves épicés et une certaine moiteur estivale. Dans la petite cuisine, les deux meilleurs amis de Woury, Bertrand et Lise, observent les gestes précis, rapides et techniques de leur amie.

Un monde dur

Les discussions s’animent. Lise, chanteuse soprano, récite quelques mots de peul et de wolof qu’elle connaît par cœur. Bertrand, directeur de la voirie d’une commune du sud de Paris, s’émeut de l’évolution de son quartier, du jardin de la copropriété qui a dû fermer pour éviter les entraînements de pitbulls et les petits trafics. En aparté, il s’interroge encore sur le parcours de son amie Binette : « Comment arrive-t-elle à se fondre dans l’environnement quasi-militaire des cuisines des grands restaurants avec cette fierté absolue ? »

C’est que son amie, à 29 ans, s’est « convertie » sur le tard à la cuisine et qu’elle travaille depuis plus d’un an dans les brigades des restaurants du chef étoilé Thierry Marx après avoir suivi sa formation de commis de cuisine. Le chef parisien a imaginé, en 2012, une école de la deuxième chance pour ceux qui, comme lui, ont été en « échec scolaire ».

« La cuisine est un monde dur, les salaires sont faibles et vous commencerez au bas de l’échelle. Mais si vous êtes sérieux et que vous travaillez, vous sortirez avec un emploi », le chef Aurélien Houtel

Le chômage poursuit sa décrue, pour s’établir à 8,5 % de la population active au deuxième trimestre

Poursuivant sa tendance à la baisse, le taux de chômage a atteint son plus bas niveau depuis le début de 2009, reculant de 0,2 point en France métropolitaine, selon l’Insee.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 08h06

Dans une agence de Pôle emploi.
Dans une agence de Pôle emploi. PÔLE EMPLOI / FLICKR / CC BY 2.0

Le chômage poursuit sa lente décrue au deuxième trimestre. Le taux de chômage a légèrement reculé pour s’établir à 8,5 % de la population active en France (hors Mayotte), selon les chiffres publiés par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), mercredi 14 août.

Il s’agit du plus bas niveau depuis le début de 2009, souligne l’Insee, comme pour le trimestre précédent. Sur la seule France métropolitaine, le taux de chômage baisse aussi de 0,2 point et s’établit à 8,2 %, ce qui représente 2,4 millions de chômeurs.

Qu’en est-il pour la suite ? Dans sa note de conjoncture publiée le 20 juin, l’Insee table sur une hausse des créations nettes d’emploi en 2019 (+ 254 000), qui sera plus forte que celle du nombre de nouveaux entrants sur le marché du travail. Résultat : le taux de chômage devrait rester orienté à la baisse, pour s’établir à 8,3 % à la fin de 2019, soit un demi-point de moins en un an. « Il atteindrait ainsi son plus bas niveau depuis fin 2008 », relève l’Insee.

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Mickaël, 23 ans, passé du fond de la classe au sommet des sapins

Deuxième chance (2/6). Quand ce Sarthois entre en classe de 3e dans une Maison familiale rurale, il y découvre le métier de forestier et goût de l’effort.

Par Publié hier à 18h00, mis à jour à 08h44

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Mickaël Blossier, dans la forêt domaniale de Larfeuil (Corrèze), le 21 mai.
Mickaël Blossier, dans la forêt domaniale de Larfeuil (Corrèze), le 21 mai. MARIELSA NIELS / HANS LUCAS POUR « LE MONDE »

C’est une large boîte en métal argenté, austère réceptacle du présent et du passé. Entre les fiches de paie, les formulaires de la CAF et les factures d’électricité : des bulletins scolaires soigneusement classés. « Je n’ai rien à cacher, surtout si ça permet à d’autres jeunes de s’en sortir. Je peux même vous les photocopier ! », propose Mickaël Blossier, forestier de 23 ans, heureux propriétaire du butin.

A y regarder de plus près, la paperasse jaunie aurait pu finir au feu. « Un ensemble décevant et en baisse. Avertissement travail + comportement » : troisième trimestre de 5e, collège Véron-de-Forbonnais à Saint-Cosme-en-Vairais (Sarthe). « Mickaël ne fait pas beaucoup d’efforts. Il faut se secouer… » ; « Les résultats sont insuffisants. Quel gâchis ! » Le reste est à l’avenant.

Une école hors norme

« “Quel gâchis” ? Ça veut bien dire qu’il y a un potentiel à exploiter ! commente l’intéressé. Lisez celui-ci maintenant ! » On attrape le bulletin tendu : « L’ensemble est satisfaisant, Mickaël doit continuer dans ce sens. » Un autre : « Ensemble très sérieux. Avec les félicitations de l’équipe pédagogique. » Le nom de l’élève est bien le même mais l’en-tête a changé : il indique « MFR La Ferté-Bernard ».

MFR pour Maison familiale rurale. La Ferté-Bernard, commune de 8 848 habitants dans la Sarthe, surnommée « la petite Venise de l’Ouest » pour ses charmants canaux. On y suit Mickaël en pèlerinage, puisqu’il vit et travaille désormais à Egletons, en Corrèze, à près de cinq heures de route, « une ville à la campagne » de 4 287 habitants.

Ancienne exploitation agricole entourée d’un sentier botanique pédagogique – la mare aux canards est restée à l’entrée –, on imagine volontiers que la MFR « Les Forges » ne ressemble en rien à l’ancien collège bétonné de Mickaël. Il est entré à 13 ans, en classe de 3e dans cette école hors norme des métiers de la nature et de la forêt. Il la quittera à 17 ans, bac pro en gestion et conduite de chantiers forestiers en poche.

« On souffre d’un délit de sale gueule parce qu’on est en bac pro, mais vous avez la chance d’être tout le temps en stage ! », dit Mickael à des élèves de son ancien établissement

« Vous êtes de l’or en barre sur le marché du travail, les gars ! » Façon coach, Mickaël profite de ce retour furtif pour motiver les troupes. Il intervient devant les vingt-cinq élèves de 1re, mélangés entre « les natures » et « les forêts » – surnommés respectivement les « doux rêveurs » et les « bourrins » –, pendant le cours de M. Lucas, son prof de maths de l’époque.