Ouverture à la concurrence : les chauffeurs de bus de la RATP en grève
Comme la météo, ça tourne à l’orage pour les usagers des bus de Paris et de sa proche banlieue, en cette fin mai. Lundi 23, mardi 24 et mercredi 25 mai, une nouvelle grève des machinistes de la RATP devrait perturber le trafic du réseau de surface des transports parisiens. Selon les prévisions de la régie publique, l’offre de bus atteindra entre 50 % et 75 % du trafic habituel, en fonction des lignes. On peut s’attendre aussi à quelques perturbations dans le tramway. En revanche, dans le métro et le RER, le trafic sera normal.
Il s’agit du troisième mouvement social à la RATP en moins de quatre mois, après une grosse mobilisation pour les salaires, le 18 février (très suivie dans le métro et le RER), et la journée de grève du 25 mars, qui, à l’inverse, a surtout touché les lignes de bus, puisqu’elle était liée à l’entrée prochaine (1er janvier 2025) du réseau de surface de la RATP dans un système concurrentiel.
Cette nouvelle triple grève vient, d’une certaine manière, mettre un point final, et symboliquement conflictuel, à l’échec des négociations qui, depuis plus d’un an, cherchent à adapter les conditions de travail des 18 000 machinistes à l’ouverture à la concurrence. Aucun accord n’a pu être trouvé avec aucune des quatre organisations représentatives de l’entreprise (CGT, FO, UNSA, CFE-CGC) avant la date de clôture des négociations fixée par la direction, à savoir le 29 avril.
« Un scandale »
La RATP, qui est pour la première fois confrontée à des appels d’offres sur son monopole historique (12 lots de lignes de bus vont être mis sur le marché), cherche à rapprocher ses règles maison, avantageuses pour ses salariés, de règles sociales minimales qui s’imposeront à tous les opérateurs à Paris et en petite couronne à partir de 2025. Cette nouvelle organisation du travail, préparatoire au big bang concurrentiel, doit être mise en place à la RATP le 1er juillet.
« Nous avons proposé d’augmenter le temps de travail de cent vingt heures par an, explique le DRH de la RATP, Jean Agulhon. Le tout, en contrepartie d’une hausse de salaire de 2 600 euros bruts, soit l’équivalent d’un quatorzième mois. L’accord n’ayant pas été signé, nous avons déclenché notre plan B. » Et le plan B, c’est une décision unilatérale de l’employeur d’ajouter vingt heures annuelles de temps de travail des machinistes, contre une augmentation de 460 euros bruts par an. « Ce refus de signer fragilise les salariés eux-mêmes, souligne M. Agulhon. Dans le cadre concurrentiel, ils subiront la hausse du temps de travail au-delà de vingt heures, sans la contrepartie d’une substantielle augmentation salariale. »
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