Morts au travail : les familles des victimes se mobilisent à Paris

Morts au travail : les familles des victimes se mobilisent à Paris

Des familles se dirigent vers le ministère lors d’un rassemblement en hommage aux morts au travail organisé par le Collectif familles : stop à la mort au travail, devant le ministère du travail, à Paris, le 4 mars 2023.

Romain, Ludovic, Alban, Mohamed, Franck… Et entre chaque prénom, 100 à 200 personnes scandant à l’unisson « mort au travail ». Devant le square d’Ajaccio (Paris 7e), des proches endeuillés, pour certains très émus, brandissent des visages, presque exclusivement d’hommes, souvent jeunes. Œuvrant pour la plupart dans le bâtiment ou l’agriculture, ils ont tous en commun d’avoir perdu la vie sur leur lieu de travail ces derniers mois ou années.

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Samedi 4 mars, le jeune Collectif familles : stop à la mort au travail a souhaité mettre en lumière le drame des accidents du travail mortels, qui ont encore touché 645 salariés du privé en 2021 (pour les fonctionnaires, indépendants et autres statuts, les données sont lacunaires).

Créé il y a quelques mois sous l’impulsion de Caroline Dilly, mère de Benjamin, couvreur de 23 ans, mort à la suite d’une chute le 28 février 2022, à Chinon, et Fabienne Bérard, mère de Flavien, qui a perdu la vie le 5 mars 2022, à 27 ans, sur un chantier de forage pétrolier en Charente, ce collectif permet aux familles de se soutenir dans l’épreuve, et de s’entraider dans les longues suites administratives et judiciaires qui les attendent.

A gauche, Matthieu Lépine a aidé à la création du Collectif familles : stop à la mort au travail. A droite, Frédéric et Valérie, parents de Jeremy, 21 ans décédé il y a deux ans lors d’un stage qu’il effectuait sur un chantier.

« Dénoncer la négligence »

« On se sentait si seuls. On ne connaissait rien, on s’est rendu compte que c’est un phénomène d’ampleur. Depuis, on se soutient en allant aux procès des uns et des autres, précise Mme Bérard. Concernant [la manifestation d’] aujourd’hui, on s’est dit qu’il fallait mettre des visages sur des chiffres, et dénoncer la négligence sur la manière dont sont traités nos jeunes. »

Après des minutes de silence et d’applaudissements, le collectif a énoncé un certain nombre de doléances, avant d’être reçu au ministère du travail situé juste en face : en premier lieu, plus de transparence sur les chiffres de la mort au travail, et un meilleur accompagnement des familles de victimes.

Rassemblement en hommage aux morts au travail organisé par le Collectif Familles : stop à la mort au travail, devant le ministère du travail à Paris, le 4 mars 2023.

La plupart du temps, les proches disent avoir attendu des mois avant d’obtenir des éléments d’explication sur les circonstances de l’accident, du fait des lenteurs des enquêtes et procès. Près de trois ans après la mort de leur fils Jérémy Wasson, élève ingénieur de 21 ans, tombé d’un toit dès le troisième jour de son « stage d’observation », ses parents, qui ne font pas partie du collectif mais pourraient le rejoindre, ne savent toujours pas « ce qu’il faisait sur ce toit ». « L’entreprise a été inculpée d’homicide involontaire il y a un an, mais va faire appel », précise Valérie, sa mère :

« On est effarés de l’impunité de cet employeur et de la lenteur de la justice. On ira au bout mais on en a pour dix ans. Et pendant ce temps, l’entreprise continue à recevoir des dizaines de stagiaires de l’école de Jérémy, est-ce normal ? »

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