Modernisation à marche forcée, réduction d’effectifs… La douloureuse mutation de SNCF Réseau

Modernisation à marche forcée, réduction d’effectifs… La douloureuse mutation de SNCF Réseau

Par Eric Béziat

Publié hier à 12h06, mis à jour à 09h10

C’est un petit immeuble anonyme non loin de la petite gare RER de Vigneux-sur-Seine (Essonne). Anonyme mais pas banal : double rangée de barbelés, surveillance vidéo vingt-quatre heures sur vingt-quatre, défense de filmer… Le lieu a droit au niveau de protection d’un site militaire alors qu’il n’est qu’un poste d’aiguillage. Mais, attention, pas n’importe lequel : il s’agit du centre de commandement centralisé de la gare de Lyon à Paris. Sa mission : faire circuler en toute sécurité 900 trains par jour – les RER D (plus de 600 000 voyageurs quotidiens), le plus gros trafic TGV du pays, les trains de banlieue, de marchandises, les intercités, les TER… En résumé, l’un des points névralgiques du train en France.

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Cette tour de contrôle ferroviaire symbolise la discrète mais irrésistible transformation de SNCF Réseau, la filiale de la SNCF qui gère les 33 000 kilomètres de voies ferrées françaises. Le centre de Vigneux a pris la place, en 2017, du vieux poste d’aiguillage, datant des années 1930, de la gare de Lyon dans le cadre du programme de commande centralisée du réseau (CCR), qui consiste à remplacer d’ici à 2030 les 1 500 postes d’aiguillage du pays par 15 hubs comme celui de Vigneux. Adieu les leviers manuels, bonjour les écrans d’ordinateur. Et quatre opérateurs suffisent, quand auparavant il en fallait dix.

Dans le centre d’aiguillage de Vigneux-sur-Seine (Essonne), qui régule la circulation de la gare de Lyon, le 2 septembre 2021.

Car on touche là au cœur de l’histoire : SNCF Réseau est prié de faire de la productivité à marche forcée, en particulier depuis l’application de la réforme ferroviaire de 2018. Le gestionnaire d’infrastructure, qui portait la fameuse dette de plus de 50 milliards d’euros issue des années d’extension de la grande vitesse, est devenu en 2020 une société anonyme, délestée par l’Etat de 35 milliards de dette (25 milliards fin 2020, puis 10 milliards fin 2021), en contrepartie d’efforts productifs devant conduire à un assainissement financier. SNCF Réseau, qui est en déficit permanent structurel depuis des décennies (ses revenus sont les péages payés par les trains qui roulent), ne doit plus perdre d’argent en 2024 et doit dégager un flux de trésorerie positif à cette date.

Mue numérique

La CCR est la vitrine de cette mue, essentiellement numérique, de la vieille branche « infra » (pour infrastructure). Un homme a été nommé en 2020, pour accélérer le processus : le PDG de SNCF Réseau, le Belge Luc Lallemand, recruté par le gouvernement et le patron de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, justement parce qu’il a réussi ce tour de force sur le réseau ferroviaire belge lorsqu’il était patron d’Infrabel (sous sa houlette, la Belgique est passée de 365 à 9 postes d’aiguillage).

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