Matières premières : « Le cobalt jette une ombre sur la voiture verte »

Matières premières : « Le cobalt jette une ombre sur la voiture verte »

Dans une usine d’extraction de cobalt, à Lubumbashi, en République démocratique du Congo, le 16 février 2018.

Le moteur à combustion est-il en train de mourir à petit feu ? Renault est prêt, en tout cas, à brandir l’éteignoir dès 2030 en Europe. Pionnier de l’électrique avec sa fringante Zoe, le constructeur automobile anticipe le lancement de dix nouveaux véhicules dotés de batteries d’ici à 2025. Dont une version revisitée de la Renault 5. Ou comment miser sur un retour de flamme des nostalgiques de cet emblématique modèle…

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Cette conversion pied au plancher de la marque de voitures française vers le tout-électrique contribue à la mise sous tension du marché du cobalt, sachant qu’un cœur de Renault Zoe bat au rythme de 7 kg de lithium, 11 kg de cobalt, 11 kg de manganèse et 34 kg de nickel. Or, le métal bleu a terminé l’année 2021 propulsé vers les cieux azuréens.

Son cours a dépassé la barre des 70 000 dollars (61 200 euros) la tonne sur la Bourse des métaux de Londres. Soit un quasi-doublement de prix en un an. Même si le record stratosphérique des 95 000 dollars la tonne atteint en 2018 n’a pas été battu, la trajectoire ascensionnelle est spectaculaire. Le cobalt tambour battant… Et l’intérêt des marchés ne se dément pas. La Bourse de Singapour s’apprêterait à lancer, au premier semestre 2022, un contrat à terme sur le cobalt.

Discussions à Bruxelles

A comparer aux 6 grammes glissés dans la batterie d’un smartphone, la quantité de ce métal contenue dans les batteries électriques pèse de tout son poids dans la spéculation. C’est d’ailleurs l’entrée dans les paddocks d’Elon Musk, avec sa Tesla, qui a lancé le mouvement. Depuis, l’ensemble des constructeurs automobiles sont dans sa roue, entraînés, il est vrai, par des réglementations environnementales plus contraignantes.

Mais le métal bleu jette une ombre sur la voiture verte. Le riche sous-sol de la République démocratique du Congo possède près des deux tiers des réserves de cobalt. Un pays où les conditions d’extraction sont teintées de corruption et de recours au travail des enfants dans les mines artisanales. Un casse-tête éthique pour les acheteurs. La recherche de nouveaux filons fait donc fantasmer les investisseurs.

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Ainsi les milliardaires Bill Gates, Jeff Bezos et Michael Bloomberg ont choisi de miser sur KoBold Metals. Cette start-up californienne se targue de créer une carte Google Maps de la croûte terrestre, véritable détecteur numérique de « cobalt éthique ». A l’été 2021, elle a signé un accord avec Bluejay Mining pour aller extraire des ressources naturelles rares, dont du cobalt, au Groenland. Un projet de recherche de minerais pour les batteries électriques qui devrait s’attirer les foudres des écologistes.

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