Ludovic Tézier : « Si l’on n’y prend garde, le virus aura la peau du spectacle vivant, et particulièrement de l’art lyrique »

Ludovic Tézier : « Si l’on n’y prend garde, le virus aura la peau du spectacle vivant, et particulièrement de l’art lyrique »

Tribune. La misère rode autour des lendemains de tous ceux qui, de tréteaux en tréteaux, réconfortent le cœur de notre peuple.

Si l’on n’y prend garde, le virus aura la peau du spectacle vivant, et particulièrement de l’art lyrique. Souvent chahuté et sempiternel victime expiatoire des mauvaises consciences budgétaires de notre République, il attire pourtant un nombre considérable de nos concitoyens, parmi lesquels nombre de nos magnifiques médecins, qui trouvent dans nos salles l’évasion que leur vie de labeur leur alloue parcimonieusement.

Je parle au nom des troubadours et saltimbanques qui vont par les routes, souvent loin des leurs, et dont l’unique possibilité de construire leur vie repose sur l’intangibilité du prochain contrat. Il y a bien peu de nantis dans ce petit monde laborieux, bien peu dont le calendrier aille outre les dix prochains mois. La vie des artistes est un combat quotidien sans aucune certitude qu’une signature au bas d’un papier.

Fatalité assombrie

Aujourd’hui ces papiers sont déchirés, sans nulle autre préoccupation que celle, louable à certains égards, qu’ont nos théâtres de préserver leur propre survie. On les comprend, leur budget annuel est calculé avec un prévisionnel quant aux revenus de la billetterie !…

Donnez aux théâtres les moyens qu’ils méritent, donnez à tous nos employeurs la capacité vitale d’honorer nos contrats

Si l’Etat ne comble pas incessamment la perte totale de ces revenus évaporés, indispensables à nos théâtres, c’est bien nous, les artistes indépendants, qui feront par ricochet les frais de ce choix.

Nous le savons, la mesure de confinement durera ; personne ici ne peut envisager les choses autrement. Et plus cela durera, plus l’impact sera ravageur dans tous les domaines de l’économie. Nous sommes une partie non négligeable de cette économie, entre l’activité générée durant nos saisons et celle des festivals d’été. Qui plus est, cette fatalité, pour nous, est encore assombrie par la menace d’un éventuel retard « sanitaire » à la réouverture des salles de plus de 1 000 places. Six mois.

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Six mois, cela nous mène à septembre 2020. Six mois, car le reste de la saison en cours est, à l’évidence, totalement oblitéré et qu’il est, chaque jour, plus à craindre que l’été des festivals soit blanc.

Vous savez la valeur de l’art dans une vie

Qui de nous, la constellation des professions artistiques, peut tenir sans une puissante aide les six prochains mois ? On parle beaucoup de la survie des entreprises et elle est indispensable ! Artistes, nous sommes notre propre entreprise, et notre survie, avec celles de nos proches, est directement menacée.

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LJD

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