L’inflation a modifié le rôle et les objectifs de la rémunération variable des salariés

L’inflation a modifié le rôle et les objectifs de la rémunération variable des salariés

L’inflation et les tensions sur le marché de l’emploi poussent de nombreux employeurs à réexaminer la place de la pertinence des bonus dans la structure des rémunérations. Les augmentations moyennes ont atteint 4,5 % cette année. Elles pourraient être de 3,5 % ou plus en 2024, selon une première estimation du cabinet de recrutement et d’intérim PageGroup avant l’ouverture des négociations annuelles obligatoires (NAO). Ce, sans compter les primes collectives distribuées au titre du partage de la valeur (participation, intéressement, prime dite Macron).

« Un étage supplémentaire de rémunération, lié à l’atteinte d’objectifs notamment individuels est-il toujours nécessaire, notamment pour des fonctions non commerciales ou dirigeantes ? », s’interroge Virgile Raingeard, fondateur de Figures.hr, une plate-forme de gestion des rémunérations qui compte 1 200 entreprises clientes en Europe. « De plus en plus d’employeurs, notamment de start-up, intègrent une partie de ce variable sur objectifs dans la rémunération fixe pour répondre au besoin de sécurisation des salariés », note-t-il.

La rémunération variable est moins adaptée à la conjoncture actuelle, selon Samuel Tual, coprésident du Medef et président d’Actual Leader Group, acteur de l’intérim et du recrutement en France : « Avant 2021, elle pouvait être pertinente pour récompenser les meilleurs, dans une logique de fidélisation, analyse-t-il. Désormais, avec un marché du travail en tension et une inflation forte, il est surtout urgent d’attirer les candidats. La plupart des branches ont révisé leur grille salariale conventionnelle, les négociations en entreprise ont conduit à des augmentations importantes. De ce fait, les rémunérations variables ont été remises à plat, notamment pour réajuster les salaires fixes à la hausse. C’est bien le niveau de ces derniers qui séduit. » A Actual, la part des bonus a ainsi baissé de moitié dans le package de rémunération au profit du fixe.

Une « démission du management »

Sur certains métiers, le variable reste un avantage, « mais il ne vient plus compenser un fixe faible, même pour des commerciaux », estime Hymane Ben Aoun Fleury. La présidente de la commission conseil en recrutement de Syntec, le syndicat professionnel du secteur, s’explique : « L’inflation et le besoin de se loger, notamment pour les jeunes actifs, les conduit à chercher d’abord un bon salaire fixe. Le rapport fixe-variable de 50-50 fréquent il y a quelques années pour les commerciaux grands comptes est passé à 70-30. Et il existe d’autres instruments très regardés par les candidats les plus chassés : les bons de souscription de parts de créateur d’entreprise (BSPCE), l’ouverture du capital aux salariés, l’intéressement… qui permettent d’être “incentivés” [motivés, stimulés] sur les résultats de l’entreprise. »

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LJD

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