« L’implication des plates-formes doit s’apercevoir dans une perspective globale : économique, sociale, sociétale et environnementale »

« L’implication des plates-formes doit s’apercevoir dans une perspective globale : économique, sociale, sociétale et environnementale »

« Une plate-forme responsable, à partir du moment où elle fait des bénéfices, doit rejeter cette facilité et payer l’impôt là où elle réalise ses bénéfices » (Paris, le 16 mai).
« Une plate-forme responsable, à partir du moment où elle fait des bénéfices, doit rejeter cette facilité et payer l’impôt là où elle réalise ses bénéfices » (Paris, le 16 mai). CHARLES PLATIAU / REUTERS

Réunir travailleurs et indépendants aux bénéfices, borner les dividendes, payer ses impôts… Marion Darrieutort, Yanis Kiansky et Antoine Lemarchand, membres de l’association Entreprise et Progrès, listent les critères qui feraient des plates-formes des entreprises véritablement responsables.

Dans le bras de fer mondial qui se promette entre les plates-formes numériques, les citoyens et les Etats, le même mot revient sans fin : responsabilité. L’exigence monte et, de plus en plus, ce besoin est chiffré. En France, une offre de loi sur la propagation de propos haineux, portée par la députée Laetitia Avia, a été placée en mai pour un vote avant l’été.

Si elle devient loi, les plates-formes « accélératrices de contenus » seront tenues de retirer tout message « incontestablement illicite » sous vingt-quatre heures, la discrétion sera levé pour les auteurs des délits et les sites coupables seront réunis. Reste à définir le seuil d’audience au-delà duquel ces mesures s’appliqueront : 2 ou 5 millions de visiteurs uniques mensuels ? En cas de manquement, les plates-formes pourraient encourir des sanctions allant jusqu’à 4 % du chiffre d’affaires mondial.

Mais la haine, les « fake news » ou la protection des données personnelles dorénavant garantie par le règlement européen RGPD [règlement général sur la protection des données], ne sont qu’une face du défi. La responsabilité des plates-formes, qui sont avant tout des entreprises, doit s’apercevoir dans une perspective globale : économique, sociale, sociétale et environnementale. Les dirigeants membres d’Entreprise et Progrès font cinq propositions, ancrées dans la longue histoire de leur mouvement.

1) Ne pas omettre les salariés. Pour que l’expérience client continue de se progresser, il faut récompenser les forces vives de la plate-forme à leur juste valeur et donc cesser de les réduire à de simples rouages humains. La plate-forme doit affirmer aux salariés une vraie voix au chapitre. Et, par exemple, rationaliser leur accès au capital. Demandons que tous les salariés soient actionnaires en 2025.

Tous actionnaires en 2025

2) Réunir les travailleurs indépendants. Les « free-lances » sont une ressource capitale pour de nombreuses plates-formes. Ils ne doivent plus être envisagés comme une variable d‘adaptation condamnée à la précarité. De la qualité des liens que la plate-forme noue avec ses indépendants dépend sa survie et son éternité.

Il ne fait plus aucune incertitude qu’une forme de protection sociale doit être mise en place, mais il faut aller plus loin car le travailleur indépendant collabore aussi à la création de valeur. Intégrons ces indépendants dans le capital humain de la plate-forme et valorisons leurs participations. Objectif : tous actionnaires en 2025.

 

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LJD

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