L’Etat libère 70 millions d’euros suite à la Grève des urgences

L’Etat libère 70 millions d’euros suite à la Grève des urgences

 

La ministre de la santé, Agnès Buzyn, lors du lancement de la « mission nationale de refondation » des urgences, à Paris, le 14 juin.

La ministre de la santé, Agnès Buzyn, lors du lancement de la « mission nationale de refondation » des urgences, à Paris, le 14 juin. MARTIN BUREAU / AFP

Une grande partie de ce montant sera dédié à une générosité de risque répandue « à tous les professionnels des services d’urgence », hors médecins. Ces instruis ont laissé les personnels concernés mitigés.Après les mots d’indulgence, le carnet de chèques. Huit jours après avoir ouvert la « détresse » des soignants œuvrant dans les services d’accueil des urgences (SAU), Agnès Buzyn a éclairé, vendredi 14 juin, à l’occasion de la proclamation officiel de la « mission nationale de refondation » des urgences, qu’elle débloquait 70 millions d’euros pour financer des « premières mesures de soutien » en faveur de ces personnels.

Objectif pour la ministre de la santé, qui précisait des dispositions déjà ébauchées le 6 juin : stopper avant l’été – une période habituellement critique dans ces services – un mouvement de grève qui s’étend de jour en jour. Plus de cent sites sont désormais concernés.

Pour reconnaître « les efforts et les risques de chacun », Agnès Buzyn a déclaré que les 30 000 personnels paramédicaux des SAU profiteraient, dès juillet, d’une « prime forfaitaire de risque » réévaluée à 118 euros brut, soit 100 euros net par mois, une gratification déjà affectée en partie ou en totalité par certains agents. Elle a aussi précisé que les professionnels qui s’engageraient dans un protocole de coopération, en réalisant de nouvelles tâches, saisiraient une « prime de coopération » de 100 euros brut.

Autre engagement chiffrée : 15 millions d’euros de crédits exceptionnels vont être octroyés aux hôpitaux les plus en « tension », afin qu’ils renforcent leurs effectifs pendant l’été.

« On est loin du compte »

Ces instruis sont accueillies récemment par la Collective inter-urgence, la structure envoyé les personnels en grève et qui doit retenir en assemblée générale d’ici à mardi de la recherche ou non du mouvement. « Il est à parier d’ores et déjà qu’aucune des revendications soulevées ne trouve satisfaction dans la communication du gouvernement », a fait valoir le collectif dans un communiqué publié vendredi après-midi. Dans ce texte, les grévistes, qui demandent une augmentation de salaire de 300 euros net, regrettent surtout les nombreuses « incertitudes » liées à la prime de coopération, qui ne profitera pas aux aides-soignants.

Christophe Prudhomme, envoyé de la CGT et porte-parole de l’Association des spécialistes urgentistes, reconnaît « un premier effort » de la part de la ministre, mais assure qu’« on est loin du compte ». Selon lui, les 15 millions d’euros d’urgence ne montrent par exemple qu’un demi-agent additionnel par SAU. « Le gouvernement court après le mouvement, mais il arrive trop tard. La grève est enkystée, et la colère gagne les médecins », assure-t-il, appréciant par ailleurs qu’il « faudra qu’il lâche beaucoup plus s’il veut que le mouvement cesse ».

A l’Assistance-publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), qui symbolise 10 % de l’hôpital public en France et d’où le mouvement est parti en mars, la direction, qui avait déjà offert de généraliser le taux maximum de l’« indemnité pour travaux dangereux », soit une prime mensuelle de 65 euros net, a fait de nouvelles propositions en termes d’effectifs.

Embolie des services

Jeudi, durant un rassemblement au siège, il a été présenté d’attribuer 109 emplois supplémentaires aux dix-sept SAU adultes du groupe hospitalier. Si la question des huit services d’urgences pédiatriques ne sera fréquentée que le 21 juin, la direction assure déjà qu’au moins trente-cinq emplois additionnels seront proposés. Soit au total, dès la fin de la grève, 144 postes en plus dans les vingt-cinq SAU de l’AP-HP. « On va avoir une discussion service par service pour ajuster les choses », déclare-t-on au siège, où l’on rappelle l’engagement pour les années à venir d’accroître le nombre de personnels proportionnellement à l’activité.

« On salue l’effort, mais ça reste insuffisant », déclare Hugo Huon, infirmier aux urgences de Lariboisière et membre de la Collective inter-urgence, en opposant à ces propositions la requête des grévistes de 265 embauches pour les seuls services adultes.

Après que certains équipes paramédicales (Lariboisière et Saint-Antoine, à Paris ; hôpital Saint-André, à Bordeaux) ont en partie conquis des arrêts de travail de façon simultanée ces derniers jours, le collectif propose aussitôt de « comptabiliser quotidiennement le nombre de patients hospitalisés stagnant sur des brancards et les décès indus ». Une méthode extraordinaire utilisée en 2018 par le syndicat de médecins SAMU-Urgences de France pour médiatiser l’embolie des services.

Agnès Buzyn a déclaré qu’elle assemblerait, mardi 18 juin, au ministère, « l’ensemble des professionnels et acteurs concernés », pour se préparer aux fortes tensions que nécessiteraient expérimenté au cours de l’été – cette année encore – les services d’urgences en France.

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LJD

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