Les urgences chamboulées par l’épidémie de Covid-19

Les urgences chamboulées par l’épidémie de Covid-19

L’entrée des urgences du CHU Pellegrin à Bordeaux, où une unité médicale avancée a été installée pour accueillir les patients suspectés d’être porteurs du Covid-19. Ici, le 25 mars.
L’entrée des urgences du CHU Pellegrin à Bordeaux, où une unité médicale avancée a été installée pour accueillir les patients suspectés d’être porteurs du Covid-19. Ici, le 25 mars. Moritz Thibaud/ABACA / Moritz Thibaud/ABACA

« Les anthropologues vont se passionner pour cette période. On assiste à une métamorphose totale et complète des urgences. » Président de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF), le docteur Patrick Pelloux trouve même cette « période aussi passionnante que celle de la canicule », lui qui s’est rendu célèbre pour ses coups de gueule, en 2003, lorsque les fortes chaleurs estivales ont causé 19 000 décès en France.

Le très médiatique syndicaliste en est persuadé : « L’hôpital d’aujourd’hui n’est plus celui d’il y a trois semaines. » C’est peu dire que le fonctionnement des services d’urgences, au gré des réorganisations, a été bouleversé par l’afflux des patients atteints par le virus.

« Parti prêter main-forte au service de réanimation à l’hôpital Saint-Antoine », dans le 12e arrondissement de Paris, le médecin urgentiste est bien placé pour témoigner de la période de chamboulements que traverse actuellement sa profession. « Au SAMU, il y a une concentration des activités liées au Covid, assure Patrick Pelloux. Les urgentistes sont appelés en renfort en réa. En interne, il y a eu par ailleurs des redéploiements partout. »

Pousser les murs pour absorber la vague

Dans tout l’Hexagone, il a fallu d’abord réorganiser l’espace, faire de la place au sein des urgences, quitte à pousser les murs, afin d’absorber la vague. Partout, une démarcation très claire a été établie.

A Nancy (Meurthe-et-Moselle), les urgences, comme l’hôpital, sont partagées en deux zones : « Covid + » et « Covid – ». Les patients sont « triés » à leur arrivée par une infirmière selon une « grille » élaborée par l’établissement recensant les symptômes. Dans les box, pour l’heure, 35 places sont réservées pour des patients infectés, et une douzaine pour les autres, les fameux « Covid – », bien séparés. « Grâce à cette organisation, nous parvenons à continuer à prendre en charge toutes les pathologies », témoigne le docteur Tahar Chouihed.

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A Oyonnax (Ain), la même séparation prévaut : deux séries de box parallèles ont été installées. « On avait anticipé la vague avec une cellule de crise, explique le docteur Yves Duffait. Nous sommes au stade 2 [au niveau de l’hôpital], notre salle d’accueil est déjà dédiée au Covid, et on peut accueillir jusqu’à 24 malades du virus, avec une moyenne de 3,4 malades par jour. » En cas d’afflux dans les jours à venir, l’hôpital a prévu de se redéployer et de passer en stade 3. « Tout passera alors en 100 % Covid, indique Yves Duffait. Le ronron quotidien des urgences – entorses, douleurs abdominales – sera délocalisé vers les consultations externes, chez les médecins et chirurgiens. »

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LJD

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