Les travailleurs, des actionnaires gâtés par les sociétés
Pour la première fois, Pernod Ricard va proposer une offre d’actionnariat pour 75 % de ses 19 000 employés.
Une première pour les travailleurs de Pernod Ricard. Le numéro deux mondial des vins et spiritueux va offrir, dans les prochains jours, à 75 % de ses quelque 19 000 salariés dans le monde d’approuver à une offre d’actionnariat salarié. Ce dispositif, très apprécié en France, permet aux collaborateurs d’acheter des actions de leurs chefs en profitant d’une décote, voire, selon les cas, d’abondements.
Pernod Ricard était l’une des rares entreprises du CAC 40 à ne pas mettre à l’agencement de son personnel ce type d’investissement. Le fait que le groupe franchisse le pas trois mois après l’irruption du fonds activiste Elliott à son capital ne manque pas de fomenter des interrogations sur ses motivations. Alexandre Ricard, le PDG, cherche-t-il à élargir le cercle de ses actionnaires amis ? Plusieurs sources assurent, en fait, que les préparatifs avaient débuté bien avant l’arrivée d’Elliott…
Quoi qu’il en soit, ce plan tombe à pic. Les propriétaires salariés – d’autant plus précieux qu’ils bénéficient souvent de droits de vote – se divulguent les premiers défenseurs de leur entreprise en cas d’OPA non sollicitée. Eiffage, en guerre avec l’espagnol Sacyr, en 2007, peut en certifier.
Depuis qu’en octobre 2015, Vivendi est entré par effraction à son capital, Ubisoft met les bouchées doubles pour assister ses équipes à acheter ses actions. L’éditeur de jeux vidéo a vu la part de son capital détenue par le fonds commun de placement d’entreprise (FCPE) d’actionnariat salarié passer de 0,8 %, en mars 2015, à près de 3,5 %, en mars 2018. Et la cession, en mars 2018, de la collaboration de 27 % acquise par Vivendi n’a rien changé à cette stratégie.
Un rectificatif suscite la polémique
Pernod Ricard n’est pas le seul néophyte. En mai 2018, L’Oréal avait ouvert « un nouveau chapitre de sa politique sociale », en jetant sa première opération d’actionnariat salarié. « Beaucoup de nouveaux entrants se sont montrés, ces derniers mois. Ces plans d’actionnariat favorisent l’unité au sein d’un groupe et permettent de faire participer les salariés à la gouvernance », souligne Anne Lemercier, réunie du cabinet d’avocats Clifford Chance, qui ajoute : « De nouvelles offres sont en préparation pour début avril, période où débute l’allocation de la collaboration ou de la participation des salariés. »
« La France est, de loin, le premier pays en Europe avec environ 3,5 millions de salariés actionnaires de leur sociétés »