Les théories des organisations

Les théories des organisations

« Théories des organisations », de Jean-Michel Saussois, aux éditions La Découverte,126 pages, 10 euros.
« Théories des organisations », de Jean-Michel Saussois, aux éditions La Découverte,126 pages, 10 euros.

La tâche s’énonce compliqué lorsqu’il s’agit de faire le point non pas sur les suites comme formes évidentes, mais sur les théories qui les précèdent.

Une expérience aussi courante que celle de saisir son petit déjeuner en écoutant la radio mobilise en arrière-plan un grand nombre d’organisations : l’auteur de café et de céréales, le transporteur et les organisations productrices d’énergie, les organisations éducatives qui ont formé les manageurs, les ingénieurs, les journalistes et les techniciens, les organisations qui ordonnent les séquences publicitaires, l’organisation qui produit l’émission de radio, celle qui la diffuse, celle qui bâtie et entretient le réseau hertzien, celle aussi qui régule l’espace hertzien.

Expliquer les organisations matérielles par ce qu’elles font n’est alors pas très difficile. La tâche se dévoile, en revanche, plus complexe lorsqu’il s’agit de faire le point non pas sur les organisations comme formes concrètes, mais sur les théories qui les précèdent. C’est l’objectif que se donne Théories des organisations, de Jean-Michel Saussois une référence sur le sujet publié pour la première fois en 2007 et, pour sa troisième édition, en collection « Repères » en mars 2019.

Cinquante ans après leur création, où en sont les théories des organisations ? Trop d’études montrent que les organisations ne fonctionnent pas comme elles disent vouloir fonctionner. Le célèbre théoricien suédois des organisations Nils Brunsson avance plusieurs explications sur leur faible influence : en appuyant  sur l’action accomplie, le terrain devient trop vaste, ressemblant de l’étude des réseaux sociaux aux divisions sexuées au travail. Enfin, la critique est devenue essentiel et le fonds de commerce des théories devient alors la dénégation de la notion d’organisation. « L’opération de déconstruction devient le résultat de recherche », analyse Jean-Michel Saussois, qui s’interroge : si les théoriciens des organisations ne parlent plus d’organisation, qui va le faire ?

Distribution du savoir

Le livre débute alors par poser la question de la légitimité scientifique des théories des suites et expose la variété des méthodes pratiquées. Le docteur en sociologie se concentre de même sur une incertitude répétitive : celle d’utiliser ou non l’approche systémique pour étudier les organisations.

Actuellement, l’ambition des théoriciens n’est pas mince : il s’agit de « aménager une discipline autonome qui tiendrait par elle-même et qui ne serait plus le réceptacle des sciences humaines ou des sciences de l’homme et de la société », déclare le professeur émérite à ESCP Europe. En 1996, la Revue française de gestion osa poser une question contestataire : qu’est-ce que les sciences des organisations ont apporté aux sciences sociales comme le droit, l’histoire, la géographie, l’économie, les mathématiques ? « Retournement de perspective d’autant plus intéressant qu’une partie de la science économique est en train de se recomposer autour de la notion d’organisation. » Certains économistes apprennent les formes de distribution du savoir dans des structures, d’autres considèrent les réseaux comme nouvelles formes d’organisation. « Les initiatives se multiplient pour développer une approche qui ne délaisse pas les organisations comme objet de recherche. »

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LJD

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