« Les stéréotypes et le plafond de verre sont encore puissants » : le long chemin vers la parité dans les directions des entreprises

« Les stéréotypes et le plafond de verre sont encore puissants » : le long chemin vers la parité dans les directions des entreprises

Tout un symbole. Pour la première fois de son histoire, la Bourse de Paris est sur le point d’être dirigée par une femme : Delphine d’Amarzit, 47 ans. Le 15 mars, l’ancienne directrice générale adjointe d’Orange Bank deviendra PDG d’Euronext Paris et intégrera le comité de direction d’Euronext, la société détenant, entre autres, la Bourse tricolore. Une petite révolution dans la finance, secteur encore largement dominé par les hommes. Surtout lorsque l’on sait que le Palais Brongniart, vénérable institution fondée en 1724, a interdit aux femmes de pénétrer dans ses murs jusqu’en… 1967.

Autre symbole, presque aussi fort : d’ici à quelques semaines, Barbara Dalibard, une scientifique de haut vol de 62 ans, va prendre la tête du conseil de surveillance de Michelin – elle aussi sera la première femme à occuper ces fonctions. « C’est historique. Cela illustre les progrès faits par la France », s’est enthousiasmée l’ancienne patronne du Medef, Laurence Parisot, jeudi 21 janvier, lors d’une table ronde sur le sujet, au Sénat.

Delphine d’Amarzit, nommée PDG de la Bourse de Paris, le 18 janvier et Barbara Dalibard, à la tête du conseil de surveillance de Michelin, en 2013.
Lire la tribune : « Pour des objectifs de mixité contraignants à la tête des entreprises » : l’appel de sept dirigeants de grands entreprises

En matière de parité, les lignes bougent enfin dans l’Hexagone : les femmes se hissent peu à peu dans les instances dirigeantes des grands groupes, et cela tient beaucoup à la loi Copé-Zimmermann, promulguée il y a dix ans, le 27 janvier 2011. Celle-ci a instauré un quota de 40 % de femmes dans les conseils d’administration (CA), à atteindre le 1er janvier 2017 pour les sociétés cotées et les entreprises de plus de 500 salariés. Un seuil ensuite étendu aux entreprises de plus de 250 salariés, dès le 1er janvier 2020.

Nombreuses réticences des patrons

« En 2011, les femmes représentaient moins de 10 % des membres des CA des grandes entreprises », raconte l’ancienne députée de Moselle Marie-Jo Zimmermann (alors UMP), à l’origine de la loi. A l’époque, elle se heurta à de nombreuses réticences des patrons, lesquels arguaient que le vivier de candidates qualifiées était trop limité. Elle leur a tenu tête, convaincue qu’en vérité elles ne manquaient pas. Et que seul un quota contraignant ferait vraiment progresser la mixité.

Aujourd’hui, on recense 44,6 % d’administratrices dans les grandes entreprises cotées du CAC 40 et 45,2 % au sein du SBF 120

Dix ans plus tard, les faits lui ont donné raison : « Si l’on regarde les chiffres au sein des grandes capitalisations boursières, c’est une réussite », dit Brigitte Grésy, présidente du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE), saluant ce résultat. Aujourd’hui, on recense 44,6 % d’administratrices dans les grandes entreprises cotées du CAC 40 et 45,2 % au sein du SBF 120, l’indice regroupant les 120 plus grandes sociétés françaises.

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LJD

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