Les salariés d’Office Depot redoutent la reprise par Alkor, décidée par le tribunal de commerce
La décision du tribunal de Lille, jeudi 3 juin, de choisir le groupe Alkor pour reprendre la marque et le réseau de magasins d’Office Depot, n’a pas apaisé les inquiétudes des salariés du spécialiste de matériel et de fournitures de bureau, placé sous sa protection depuis le mois de février. Pour Sébastien Fournier, secrétaire général UNSA, c’est même « un carnage social, 1 000 salariés licenciés malgré deux années de combats pour éviter cette catastrophe, provoquée par notre actionnaire allemand Aurelius. Et tout cela sous les yeux du gouvernement, malgré nos alertes répétées ».
L’enseigne de distribution, qui emploie près de 1 500 salariés, avait initialement suscité quelque treize offres de reprise, dont celles de Monoprix-Franprix, Top Office, Lidl ou le discounter Maxxilot. La plupart ne souhaitant reprendre que quelques magasins. Si bien que, sur la ligne d’arrivée, il restait peu de véritables prétendants pour reprendre cette entreprise, qui exploite 60 magasins, des sites de commerce en ligne ainsi que trois entrepôts et 22 plates-formes de distribution.
Le projet soutenu par les syndicats était mené par l’actuel président d’Office Depot France, nommé en mars 2019 et spécialiste du redressement d’entreprise, Guillaume de Feydeau. Mais il péchait par la fragilité de son financement. L’affaire a donc été remportée par un spécialiste de la papeterie et des fournitures de bureau en France qui se décrit comme réalisant « 440 millions d’euros de chiffre d’affaires » et employant « 1 850 salariés qualifiés avec un réseau de distribution sur toute la France porté par les marques commerciales Majuscule, Burolike et Ioburo ».
Inquiétude depuis plusieurs années
L’entreprise, créée en 1958 et organisée sous forme de coopérative comprenant 157 associés, s’est engagée à reprendre 460 salariés d’Office Depot de la branche distribution, et à proposer « également des emplois à 370 collaborateurs » dans les fonctions commerciales, informatique et support « avec une priorité à l’embauche maintenue pendant deux ans. Au total, cela permet de sauver 830 emplois », a annoncé Alkor, jeudi, dans un communiqué. Précisant également qu’il financerait « à hauteur de 23,2 millions d’euros l’apurement du passif d’Office Depot ».
Depuis plusieurs années, l’inquiétude grandissait au sein de l’entreprise. Depuis qu’en 2016, les activités européennes d’Office Depot (environ 6 500 personnes dans 14 pays) avaient été vendues par l’enseigne américaine, après l’échec de sa tentative de fusion avec son concurrent Staples. Leur nouvel actionnaire, Aurelius Group, avait déjà fait plusieurs victimes en France : la société de vente par correspondance La Source (ex-Quelle), le groupe de chimie pharmaceutique Isochem, la société Prisme, l’imprimeur du Loto…
Et lorsque des difficultés de trésorerie ont commencé à apparaître au sein de l’entité française d’Office Depot, les syndicats sont montés au créneau, soupçonnant le nouvel actionnaire de vouloir siphonner l’entreprise. Le dossier était même remonté jusqu’au Comité interministériel de restructuration industrielle pour tenter, fin 2020, d’aboutir à une solution avec Aurelius et la direction française.