Les perspectives des jeunes diplômés bouleversées par la crise

Les perspectives des jeunes diplômés bouleversées par la crise

Pour Madeleine (le prénom a été modifié), 24 ans, l’année 2020 s’annonçait pleine de promesses. Master de marketing en poche, elle venait de décrocher un CDI dans un cabinet de conseil francilien. « J’étais épanouie, mes collègues étaient sympas, je sentais que je montais en compétences », se souvient-elle avec une pointe de nostalgie. Mais mi-avril, en plein confinement, son employeur a mis fin à sa période d’essai. « Il m’a dit qu’il était très content de mon travail, mais que, vu la situation, il ne pouvait pas me garder. » Le choc passé, vaillamment, Madeleine s’est remise à chercher du travail. L’entreprise où elle avait réalisé son alternance lui a proposé de reprendre son ancien poste de chef de produit… mais en tant qu’intérimaire. Fini le confort du CDI. « Ce n’est pas toujours facile de rester motivée. J’ai l’impression d’avoir fait un bond d’un an en arrière. Autour de moi, en ce moment, tout le monde a revu ses ambitions à la baisse… »

Sur le site de l’Association pour l’emploi des cadres (APEC), les offres d’emploi à destination des diplômés débutants (moins d’un an d’expérience) ont dégringolé de 42 % entre janvier et août 2020 par rapport à 2019 (contre − 34 % pour l’ensemble des cadres). Cette chute concerne aussi bien les start-up que les grandes entreprises, observe la plate-forme d’offres d’emploi Welcome to the Jungle, spécialiste des jeunes diplômés. Résultat : le nombre de titulaires de diplômes « bac + 3 et plus » inscrits à Pôle emploi a bondi de 68 % entre février et juillet 2020.

Renoncements déstabilisants

Stages avortés, ruptures de périodes d’essai, CDD non renouvelés, promesses d’embauches décalées, retours précipités de l’étranger… De nombreux jeunes diplômés ont vu leurs projets d’avenir mis à rude épreuve par la crise sanitaire. Des renoncements déstabilisants à cette période charnière où ils sont censés prendre leur envol. « Pour des jeunes qui se projetaient dans le démarrage rapide de leur vie active, la crise génère une inquiétude légitime, et une forme de frustration », analyse Dominique Monchablon, psychiatre, chef de service de la Fondation santé des étudiants de France et à l’école de commerce ESCP.

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« Les jeunes diplômés ont beau être mieux armés que ceux qui sont sans qualifications, ce serait une erreur de penser qu’ils sont épargnés par les difficultés actuelles. Le gel des embauches ou le ralentissement des recrutements opérés par beaucoup d’entreprises les frappent directement », insiste le directeur général de l’APEC, Gilles Gateau.

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LJD

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