Les masques sont offerts par la mariée
Carnet de bureau. Anaïs Rizza, Charlène Rizza et Marine Vié savaient que leur projet était très ambitieux pour une ville de la taille de Carcassonne (Aude), quand, lauréates d’un concours d’innovation sociale, elles ont décidé de lancer La P’tite Fabrique, un espace de coworking dédié à la couture et à la création, avec location de machines, de salles et ateliers de création. « En 2018, on a testé le projet construit sur un financement participatif. Avec le soutien des acteurs locaux, La P’tite Fabrique a ouvert en juin 2019, après avoir dû s’adapter, se renouveler, pour finalement se recentrer sur les robes de mariée. On en rêvait toutes les trois », raconte Charlène. C’était juste avant l’annonce du confinement, qui a brutalement fait tomber le rideau en imposant la fermeture de l’espace de coworking.
Les entreprises de l’économie sociale affrontent comme les autres les conséquences du Covid-19 : de gros problèmes de trésorerie et d’organisation de la chaîne de travail. Le découpage sectoriel est similaire – suractivité dans l’alimentaire, situation générale dégradée et calme plat dans le tourisme –, et parfois une baisse du nombre de bénévoles. « Les grandes entreprises en réseau arrivent à mutualiser, mais les petites structures sont en grande difficulté. Tout le monde nous appelle pour savoir que faire des salariés et comment payer les charges », confirme Pierre-René Lemas, le président de France Active.
Cette association soutient la création d’entreprises dans le rôle de garant auprès des banques pour aider quelque 40 000 TPE et PME à obtenir des prêts. « Avec le coronavirus, toutes nos équipes se concentrent sur l’accompagnement des entreprises, précise M. Lemas. Depuis avril, on propose un nouveau prêt gratuit de 12 à 18 mois jusqu’à 100 000 euros. » Quelque 8 000 entreprises pourraient être concernées.
La viabilité de d’entreprise un sujet de l’après confinement
Mais pour La P’tite Fabrique, la viabilité de l’entreprise est un sujet de l’après-confinement. L’horizon est peut-être celui de la liquidation. Il y a encore trop d’inconnues : sur la liberté de voyager, sur les mariages reportés, etc. Aux yeux des jeunes trentenaires, l’utilité sociale est plus urgente que l’avenir de l’entreprise. La priorité numéro un était de fabriquer des masques. « On a commencé d’abord pour nos proches, puis on a mis un tutoriel sur les réseaux sociaux, qui a déclenché une première commande de 800 masques. Ce n’était pas le but. Ça ne suffira pas non plus à payer les salaires, mais tant qu’il y aura besoin de masques, on les fabriquera », raconte Charlène.
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