« Les jeunes sont démunis, la mission locale, c’est leur phare dans la nuit »

« Les jeunes sont démunis, la mission locale, c’est leur phare dans la nuit »

Maria Ferreira, Directrice de la Mission locale during the meeting with the team.

Simone Perolari pour « Le Monde »

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Publié aujourd’hui à 11h05

Maria Ferreira, dans son bureau de la mission locale, à Lagny-sur-Marne. Les jeunes de 46 communes dépendent de sa structure.

Maria Ferreira jette un regard songeur au rapport à spirales estampillé 2019 qu’elle vient de poser sur la table. Il détaille les succès passés de la mission locale qu’elle dirige à Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne) et notamment les 203 CDI signés l’an dernier par des jeunes suivis par cette structure d’aide à l’insertion socioprofessionnelle des 16-25 ans. « Mais 2019, c’était un autre monde…, lâche-t-elle. Fin décembre, j’avais un optimisme du feu de dieu, tous les employeurs me disaient “tout reprend, on va t’en embaucher plein”. Et puis, hop, tout s’est arrêté. » Le Covid-19 a mis ce territoire florissant en difficulté.

Un cyberespace est à la disposition des jeunes qui viennent à la mission locale.

Le taux de chômage y était jusqu’ici parmi les plus faibles de France (6,5 %). A 8 kilomètres de la mission locale de Lagny – dont dépendent les jeunes de 46 communes – se trouve, en effet, le premier employeur monosite du pays : Disneyland Paris, 15 000 emplois directs et presque trois fois plus d’indirects. « En termes d’emplois, on est fort », insiste Mme Ferreira, avant de se reprendre : « Je veux dire, on était fort. »

« Un tsunami »

Fermé pendant le confinement, le parc d’attractions n’a rouvert que mi-juillet. Sans sa clientèle étrangère, sa fréquentation est loin de ses niveaux d’avant-crise. Ce furent 5 000 emplois saisonniers en moins dès l’été. Et un coup de froid sur tous les sous-traitants et les pôles d’activité qui vivent d’habitude sur la clientèle de Disney : hôtels, restaurants, centres commerciaux… « L’entreprise à qui Disney sous-traite du nettoyage de linge nous prend d’habitude une trentaine de jeunes en août, détaille par exemple Mme Ferreira. Cette année, ils en ont pris zéro. »

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Certains n’ont pas trouvé le job d’été qui leur permet d’habitude de financer leurs études. D’autres, nombreux à la mission locale ce lundi 28 septembre, n’ont tout simplement plus de travail, victimes des coupes dans l’intérim. Comme Jerry (aucun des jeunes n’a souhaité donner son nom), 23 ans, dont la mission de vendeur dans un magasin de vêtements du centre commercial Val d’Europe a pris fin au printemps. « Il est bilingue. Avec son niveau d’anglais, d’ordinaire, il ne devrait déjà plus chercher », s’inquiète sa conseillère Audrey Delarbre. « On n’a vraiment pas de chance, on cherche du travail pile au mauvais moment », souffle Jerry. Ibrahim, lui, gagnait sa vie avec des missions dans la manutention. Jusqu’au confinement. « Ils me disent “dès qu’on a quelque chose, on vous appelle”, mais ils n’appellent pas. »

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