Les discussions reprennent sur la réforme de l’assurance-chômage

Les discussions reprennent sur la réforme de l’assurance-chômage

La réforme de l’assurance-chômage va-t-elle être vidée de sa substance ou retouchée à la marge ? C’est l’un des principaux enjeux de la rencontre organisée, mercredi 30 septembre, entre le ministère du travail et les partenaires sociaux. Les protagonistes doivent, en effet, se pencher sur les aménagements susceptibles d’être apportés à un dispositif très controversé, partiellement mis en vigueur à partir de la fin 2019 avant d’être suspendu – presque intégralement –, du fait de la crise.

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Le gouvernement assure cependant qu’il n’est nullement question d’y renoncer, tout en se disant prêt à amender les textes. Les syndicats, de leur côté, réclament un abandon de ces mesures, les jugeant punitives pour les demandeurs d’emploi.

Indemnité plus faible

La réunion de mercredi donne le coup d’envoi à un cycle d’échanges entre l’exécutif, les organisations de salariés et les mouvements d’employeurs. Une quinzaine de thèmes doivent faire l’objet de concertations durant l’automne. Dans les sujets abordés, il y a donc l’assurance-chômage, dont les règles avaient été modifiées par deux décrets pris en juillet 2019. Prévues au départ pour s’appliquer en plusieurs étapes – de novembre 2019 à mars 2021 –, les nouvelles dispositions sont dénoncées par les syndicats.

Premier grief : il est lié au durcissement des conditions requises pour bénéficier du régime, puisque les personnes doivent avoir travaillé plus longtemps pour pouvoir toucher une allocation. Les organisations de salariés sont également contre les changements introduits dans le calcul de la prestation, car ils vont pénaliser les chômeurs ayant enchaîné des contrats courts (l’indemnisation versée risquant d’être plus faible, à cause du « salaire de référence » qui est déterminé différemment).

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La réforme indispose aussi le patronat, mais avec une intensité moindre. Les mouvements d’employeurs s’opposent, en effet, à l’instauration d’un bonus-malus : destiné à combattre la précarité sur le marché du travail, ce mécanisme augmente les cotisations des entreprises qui se séparent fréquemment de leurs collaborateurs et diminue celles des sociétés dont les effectifs sont stables. Seuls sept secteurs sont concernés, parmi lesquels l’hôtellerie-restauration.

« Annulation » de la réforme

Tous ces points durs vont être passés en revue mercredi. Du côté des syndicats, les discours restent inchangés. La CFDT ne veut pas de ces textes qui ont « pour effet de réduire les droits des demandeurs d’emploi », confie Marylise Léon, la numéro deux de la centrale cédétiste. Pour elle, la vocation de l’assurance-chômage est de « garantir aux personnes ayant perdu leur activité une allocation, essentielle notamment pour les plus précaires ». La concertation qui débute mercredi présente toutefois, selon elle, le mérite d’ouvrir une « réflexion » sur le rôle du système d’indemnisation en temps de crise.

Michel Beaugas (FO) affirme, pour sa part, que « la protection accordée aux chômeurs ne doit pas être amoindrie, a fortiori durant une période où le nombre de personnes privées de travail flambe » : « Il faut revenir aux règles qui prévalaient avant les décrets de 2019. » La CGT, par la voix de Denis Gravouil, est partisane, elle aussi, d’une « annulation » de la réforme. Elle compte mettre à profit les discussions à venir pour défendre des propositions qui améliorent le sort réservé aux chômeurs.

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Les organisations patronales, elles, vont exprimer, à nouveau, leur hostilité au bonus-malus, avec d’autant plus de vigueur que celui-ci s’applique à des activités dont certaines ont été durement touchées par la récession. « Il faut essayer de trouver des solutions alternatives », estime Eric Chevée, vice-président de la Confédération des petites et moyennes entreprises, tout en reconnaissant que « ce n’est pas évident ».

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LJD

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