Les couteaux Opinel victimes de leur succès

Plus d’un siècle après ses débuts, en 1890, en Savoie, la marque Opinel vient d’ouvrir une nouvelle petite boutique à Annecy, où les acheteurs affluent en nombre, en ce samedi de début septembre. Les couteaux à la lame gravée de la Main couronnée – symbolisant notamment l’ancien duché de Savoie – s’y vendent comme des petits pains.
« Notre marque est en croissance forte depuis une quinzaine d’années et, jusqu’ici, on arrivait à suivre, raconte Luc Simon, directeur général adjoint de l’entreprise. Mais il y a eu une grosse accélération depuis deux ans, soutenue notamment par l’engouement pour la randonnée ou pour les couteaux de table. »
La demande est telle qu’à Chambéry, où se trouve l’usine de fabrication, ou à Annecy certains présentoirs des boutiques sont vides. Quant au site Web de la marque, il affiche indisponibles de nombreux articles. « On coche toutes les cases des grandes tendances de la consommation, justifie Françoise Detroyat, la directrice marketing. Ce sont des produits made in France, et ils sont durables, robustes. »
Vues sur l’étranger
Si « le marché français continue aujourd’hui à bien se développer », la marque, qui vise les 33 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022, a des vues sur l’étranger. Déjà distribuée aux Etats-Unis et en Allemagne, la marque Opinel veut s’étendre au reste de l’Europe, mais aussi en Asie. Hors de question pour autant d’envisager multiplier les lieux de production. L’entreprise n’y a « aucun intérêt », considère Françoise Detroyat.
« Notre priorité est la pérennité plus que la croissance absolue », abonde Luc Simon. « La volonté de la famille Opinel est de continuer à tout fabriquer à Chambéry », ajoute Mme Detroyat, puisque le couteau Opinel est devenu « un ambassadeur de la Savoie dans le monde entier ». « D’autant que nous sommes extrêmement performants grâce à une mécanisation et une automatisation industrielle », précise la directrice marketing.
A Chambéry, de nouvelles machines sont en train d’être installées dans l’usine pour faire face à la demande. Et la direction cherche à ce que l’entreprise devienne « plus séduisante comme recruteur ». Augmentation des salaires et possibilité de télétravail sont ainsi déjà prévues. En quinze ans, l’entreprise, qui compte aujourd’hui 160 salariés, a doublé ses effectifs.