Les contrôleurs de la SNCF en grève vendredi pour une reconnaissance de leur métier

Les contrôleurs de la SNCF en grève vendredi pour une reconnaissance de leur métier

A la gare de Marseille Saint-Charles, le 3 fevrier 2021.

La page Facebook du Collectif national ASCT – pour « agent du service commercial train », soit « contrôleur », en langage courant – montre trois petits singes : le sourd, le muet et l’aveugle. Mais la légende précise que, grâce aux réseaux sociaux et à la mobilisation du groupe, tout ça, c’est fini. Les contrôleurs ont décidé de se faire entendre.

La direction de la SNCF et les voyageurs vont en faire l’expérience, du vendredi 2 au dimanche 4 décembre. Ils se mettent en grève et le mouvement sera très suivi : à 80 %, selon les syndicats. Or, pour des raisons de sécurité, un train ne peut rouler sans chef de bord.

De fortes perturbations sont donc annoncées sur les TGV et les Intercités : 60 % des trains seront annulés. Seulement un train sur quatre roulera sur l’axe Atlantique et les Ouigo, un sur trois sur les lignes TGV Est et Sud-Est, un sur deux sur le TGV Nord et les Intercités. Il n’y aura aucun train de nuit pendant le week-end.

Il faut s’attendre aussi à des perturbations dans les TER, car le mouvement ne touche pas seulement les lignes nationales, mais tout une profession. Il y aura aussi une moindre fréquence sur les lignes étrangères : aucune circulation vers l’Espagne, un train sur trois vers l’Italie et un sur deux vers l’Allemagne.

Un collectif « indépendant et très remonté »

Alors que tout le monde se préparait à la grève du 7 décembre, annoncée par les syndicats CGT, SUD-Rail et CFDT, au premier jour de la négociation annuelle sur les salaires, la révolte des contrôleurs a pris la direction de court.

Elle était pourtant prévisible. Voilà plusieurs semaines que les chefs de bord des trains se parlent sur une boucle Telegram – elle compte 670 membres – et sur leur page Facebook, un groupe de 2 922 membres, réservé « uniquement aux ASCT » et créé le 27 septembre. Il y a 3 000 contrôleurs pour les TGV et Intercités et 10 000 au total, si l’on compte leurs collègues des trains régionaux.

Lire aussi : Les contrôleurs de la SNCF seront en grève du 2 au 4 décembre, 60 % des TGV et Intercités annulés

Le collectif se veut « apolitique et non syndiqué » et dit « travailler pour la reconnaissance de [son] métier ». Il est précisé, dans les règles définies par les administrateurs de la page Facebook, que « les ASCT se foutent complètement des guéguerres syndicales ». Le mouvement est né du terrain, comme les « gilets jaunes ». « Ce collectif est indépendant et très remonté », constate Olivier Armand, de l’UNSA-Ferroviaire. Les syndicats l’ont vu émerger à l’automne avant les élections professionnelles, mais n’ont pu en tirer profit.

Le collectif a tout de même dû accepter l’aide des organisations syndicales représentatives pour engager le dialogue avec la direction et lancer la procédure d’alarme sociale, qui, depuis la loi Sarkozy sur le service minimum, doit ouvrir un dialogue avant la grève. Cette demande de concertation immédiate a été déposée fin octobre par SUD-Rail, l’UNSA et la CFDT. La CGT, elle, a gardé ses distances, même si les contrôleurs cégétistes sont dans le collectif. Cela lui a sans doute coûté des voix aux dernières élections, où son score est passé à 32,44 %, contre 34 % en 2018, tandis que SUD-Rail a gagné 1,5 point, à 18,67 %, pour devenir numéro un sur l’axe sud-est du TGV. C’est d’ailleurs là que le collectif est né.

Il vous reste 38.16% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.