Les banques s’agressent au sexisme dans les salles de marché

Les banques s’agressent au sexisme dans les salles de marché

SEVERIN MILLET

Les établissements français désirent mettre fin aux « comportements déviants » dommageables pour leur célébrité.

Le loup de Wall Street, caricature du tradeur sans foi ni loi du temps de la finance folle, a-t-il abandonné en succession une culture misogyne dans les salles de marché ? Oui, à en croire la presse anglo-saxonne, qui évoque de manière réglementaire des cas de harcèlement sexuel à la City, au cœur de Londres.

Fin 2018, l’agence Bloomberg annonçait que le patron des activités de marché de HSBC avait été révoqué pour ­conduite inadaptée envers une « junior » de la banque. Deux mois plus tôt, le groupe bancaire suisse UBS décidait de mettre en place une ligne téléphonique pour dénoncer les cas de harcè­lement, après une inculpation d’agression sexuelle portée par une jeune stagiaire travaillant pour sa filiale londonienne à l’encontre d’un collègue plus âgé.

Selon une étude faite en octobre 2017 par le site britannique ­Financial News, les trois quarts des femmes travaillant à la City auraient déjà été comparées à des comportements déplacés au bureau. De ce côté-ci de la Manche, aucune enquête n’a mesuré l’ampleur du phénomène. Les banques françaises avouent toutefois la persistance de « comportements déviants » nuisibles à leur réputation.

Depuis un mois, Luc François, le patron des activités de marché de Natixis, a évoqué à l’ordre ses équipes, assemblées en salle de marché, contre les comportements misogynes. Un message qu’« il diffuse régulièrement », précise Anne Lebel, la DRH de l’établissement. La banque a déterminé de créer un poste de responsable « Culture & Conduct », qui devra s’atteler à « développer une culture d’éthique professionnelle forte ».

Comme l’appuie une responsable des ressources humaines d’une autre grande banque française, les salles de marché cumulent les facteurs propres à favoriser le sexisme ordinaire : « la pression et le stress des opérateurs ­intervenant sur les marchés financiers et un environnement peu mixte ». Chez Natixis, les acti­vités de marché n’estiment que 24 % de femmes (25 % chez BNP Paribas). Et encore celles-ci n’occupent-elles pas les postes les plus prisés.

« Voie étroite pour les DRH »

D’après un exposé que vient de publier BNP Paribas, les bonus des hommes ont été en moyenne supérieurs de 67 % à ceux des femmes en 2018 dans la filiale londonienne du groupe. « Cet écart se développe par la sous-représentation des femmes dans les postes de direction et les postes d’expert [trading et vente] », déclare une source interne.

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