L’équipementier automobile BorgWarner va supprimer 368 emplois en Corrèze

L’équipementier automobile BorgWarner va supprimer 368 emplois en Corrèze

L’usine BorgWarner d’Eyrein, près de Tulle, en Corrèze.

L’équipementier automobile américain BorgWarner vient d’annoncer la fermeture, pour mars 2022, de son usine d’Eyrein, en Corrèze. Une catastrophe sociale pour les 368 salariés et une perspective fatale pour le bassin industriel de Tulle, qui perdrait sa principale entreprise.

« Le séisme BorgWarner », titrait, vendredi 26 juin, le quotidien régional La Montagne, témoin du choc d’une annonce aussi violente qu’inattendue pour la population tulliste. La fermeture de cette usine moderne, seule implantation française de l’équipementier automobile de Chicago qui emploie quelque 29 000 personnes dans le monde, a sidéré les milieux politiques et économiques.

Depuis novembre 1995 et le rachat par BorgWarner de la Société des usines de la marque (SUM), un vieux site enserré dans la ville de Tulle, qui fabriquait des électrovannes pour l’industrie automobile, l’espoir était en partie revenu dans cette vallée de la Corrèze. Alors que l’ancestrale Manufacture d’armes (GIAT industries), qui avait occupé là jusqu’à 2 000 personnes, vivait une interminable agonie, de substantiels fonds publics permettaient cette reprise moyennant des engagements en termes d’emplois. Le fait que le nouveau maire de Tulle, le très chiraquien Raymond-Max Aubert soit secrétaire d’Etat à l’aménagement du territoire du gouvernement Juppé n’avait pas nui à cette affaire.

Syndicats abasourdis

Bon an mal an, les engagements furent respectés par l’investisseur du Michigan, sous l’œil vigilant de François Hollande, nouveau maire de Tulle. En 2006, l’horizon parait dégagé avec la construction d’une usine flambant neuve sur la zone industrielle d’Eyrein, à 15 km de la ville. La société américaine ajoute 10 millions d’euros d’investissements, en 2010, pour installer une nouvelle chaîne de production de modules de pilotage de boîtes à vitesse automatiques. Les prévisions sont enthousiastes, et le site emploie alors près de 650 salariés, dont 150 intérimaires.

A partir de 2016, la réduction d’un carnet de commandes surtout alimenté par Volkswagen-Audi entraîne des diminutions de charge et d’emplois. Le scandale du logiciel truqué du constructeur allemand et l’évolution du marché automobile n’ont pas arrangé les choses. D’autant que la diversification des activités, réclamée par les syndicats, n’est pas venue. Les effectifs ont été ramenés à moins de 400 salariés, mais personne, jusqu’à cette semaine, ne s’attendait à une telle issue. « Avec notre savoir-faire, notre expérience, on pouvait imaginer un plan social, mais pas une fermeture du site », ont déclaré les délégués CGT et FO de l’entreprise, abasourdis.

Chute du chiffre d’affaires et pertes

La direction du site a tenté de mettre les formes en expliquant la situation à chacun des postes en 3 × 8. « Entre 2017 et 2019, le chiffre d’affaires a chuté de plus de 40 %, a-t-elle souligné. Des pertes de l’ordre de 6,8 millions d’euros sont anticipées pour 2020. » Résultat : les premiers départs interviendront à partir de janvier 2021, jusqu’au mois de mars 2022, date annoncée pour la fermeture de l’usine.

Le prochain rendez-vous est prévu pour le mercredi 1er juillet, avec un comité social et économique (CSE) extraordinaire, préambule à des négociations qui devraient commencer le lendemain, et pour quatre mois. D’ici là, les syndicats comptent bien déclencher une mobilisation de toutes les forces vives du département autour de leur cause, une fois l’effet de sidération passé.

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LJD

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