Entre la douceur de la côte et la fraîcheur des Andes, l’Equateur offre un cadre de vie appréciable. JUAN CEVALLOS / AFP
Marie Missud, 26 ans, vit sur l’île de Muisne, sur la côte Pacifique, à 50 mètres de la plage. Chaque jour, elle va à son bureau en moto-taxi, en saluant en route ses amis équatoriens. Depuis deux ans, elle combine ici les projets de l’ONG espagnole Paz y Desarrollo (Paix et Développement). Une activité de terrain qui lui plaît. « Ici, j’ai un rapport direct avec les bénéficiaires, alors que, si je travaillais en France ou même à Quito, la capitale, ce serait plus un travail de coordination », déclare la jeune femme. A midi, Marie déjeune au bord du fleuve qui partage l’île de Muisne du continent. « Comme c’est une ville de pêcheurs, il y a continuellement du poisson ou des fruits de mer frais. » Le soir, elle se baigne souvent dans l’eau modérée de l’océan Pacifique avant de passer une soirée avec ses amis, sur la plage, autour d’un feu de bois. « J’aime l’ambiance qu’il y a ici, c’est toujours animé, les gens sont chaleureux, tout le monde se connaît. »
Comme elle, 2 830 Français vivant en Equateur sont inscrits au registre des Français confirmés hors de France. Dans ce petit pays de 16,6 millions d’habitants, établi entre le Pérou et la Colombie, la plupart des émigrés s’établissent dans l’une des trois principales villes du pays, Quito, la capitale, Guayaquil, le cœur économique, ou Cuenca, ville coloniale célèbre pour son développement culturel. « L’Equateur est un pays d’entrepreneurs où chacun peut créer son business avec son réseau », assure Charlène Le Falher, chargée de développement économique à la chambre de commerce et d’industrie franco-équatorienne.
Se lancer sans trop investir
Si Marie Missud a privilégié le climat modéré de la côte, Sabine Million, elle, a privilégié Quito et la fraîcheur des Andes pour créer une agence de tourisme. « Ici, les démarches pour entreprendre sont beaucoup plus simples qu’en France, et il est possible de commencer sans avoir à investir énormément », évoque la jeune entrepreneuse de 26 ans. Son premier investissement de 500 dollars a vite été rétribué, et Sabine s’est formée une petite clientèle. « Je sais maintenant que je suis capable de développer un business à l’étranger et de le rentabiliser », dit Sabine, qui a ainsi additionné une belle expérience professionnelle à son CV. Mais « ce n’est pas toujours simple de travailler en indépendant, il y a toujours un petit quelque chose qui ne va pas, et les gens ne sont pas toujours fiables », déclare-elle.
Septième économie d’Amérique latine, l’Equateur est économiquement stable, avec un taux d’augmentation de 3 % du PIB. Le pays offre donc aux expatriés français des conditions de vie plus ou moins commodes, selon leur mode de travail. Pour Sabine Million, qui est indépendante, « il y a de bons mois et d’autres plus compliqués ». Loïc Stalin, 25 ans, accomplit quant à lui un volontariat international en entreprise (VIE) à Guayaquil, dans une entreprise américaine spécialiste des matières premières. Un contrat rentable puisqu’il donne droit à une exonération d’impôts dans le pays et que l’entreprise prend en charge son logement.
Le travail demeure en effet la principale raison de l’expatriation des Français en Equateur. C’est en tout cas ce qui a conduit Serge Maller dans la capitale. Après avoir vécu en Espagne, en Argentine, en Bolivie et au Salvador, il est président de l’Alliance française à Quito depuis bientôt trois ans. Un travail qu’il estime notamment et qui n’a, selon lui, pas d’équivalent en France. « C’est un très beau poste, car nous gérons à la fois un centre de langue et un centre culturel à la programmation riche et intéressante. C’est vraiment grisant », déclare-t-il. Malheureusement, dans un an, sa mission saisira fin. Mais pas de quoi supplicier cet expatrié au long cours. « J’aime bien ce côté mission à durée définie. Ça donne une certaine énergie pour mettre en place des choses qu’on a envie de voir aboutir. C’est stimulant. »
Des paysages surprenants
Même s’ils arrivent pour le travail, les expatriés bénéficient surtout des paysages incroyables, entre l’Amazonie, la cordillère des Andes, la côte Pacifique et les îles Galapagos. « Le week-end, on a le choix, on peut aller se baigner dans une eau à 30 °C ou aller randonner à la montagne, où il fait 0 °C. Du coup, nous sommes prêts à faire quatre heures de bus le vendredi soir après le travail pour aller découvrir de nouveaux endroits », ajoute Loïc Stalin. Marie Missud, elle, n’oubliera jamais le jour où elle a appris à pêcher des crabes dans la mangrove avec ses amis de Muisne, ni celui où elle a passé neuf heures en haute mer pour collaborer à un concours de pêche.
La majorité des émigrés français demeure en moyenne deux ans en Equateur. Philippe Rabaix, lui, a déterminé de passer sa retraite dans le sud du pays, où le climat modéré attire de nombreux étrangers. Car selon la distribution publiée par le site Internationalliving.com, l’Equateur est le quatrième meilleur pays du monde où passer sa retraite, devant le Portugal ou la Colombie. Avec sa petite retraite, cet ancien professionnel de la restauration peut vivre confortablement sur le terrain qu’il a acheté « avec vue sur les montagnes », dans cette vallée connue pour la longévité de ses habitants. De son côté, Sabine Million envisage de rétablir en France rapidement, mais elle garde dans un coin de sa tête l’idée de revenir en Equateur pour finir ses vieux jours au soleil.