L’emploi américain au plus haut, obstacle à la baisse des taux

L’emploi américain au plus haut, obstacle à la baisse des taux

Quand les bonnes nouvelles sont aussi des mauvaises : les Etats-Unis ont créé 336 000 emplois au mois de septembre, plus que les 170 000 attendus et que la moyenne des douze derniers mois (267 000), tandis que le taux de chômage est resté stable à 3,8 %. Cette excellente tenue du marché de l’emploi a été saluée par Joe Biden, qui a vanté son bilan depuis son entrée à la Maison Blanche en janvier 2021 : « Cela représente près de 14 millions d’emplois – dont 815 000 dans le secteur manufacturier – créés grâce au Bidenomics », s’est vanté le président sur X (l’ancien Twitter), qui a ensuite prononcé une allocution à la Maison Blanche. « Le taux de chômage est resté inférieur à 4 % pendant vingt mois consécutifs ; la plus longue période depuis cinquante ans. »

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Toutefois, ce chiffre complique la tâche de la Réserve fédérale (Fed), qui doit ramener à 2 % l’inflation, qui se trouve aujourd’hui à 3,7 % sur un an. Résultat, les marchés tablent sur un maintien durable du loyer de l’argent à niveau élevé, et les taux d’intérêt à dix ans se sont envolés à 4,85 % – soit l’un des plus hauts niveaux depuis la période précédant la grande crise financière de 2008 –, avant de redescendre à 4,79 % à la clôture, ce qui reste considérable.

Les observateurs toutefois essayent de se rassurer en examinant plus en détail les statistiques, tel Jason Furman, économiste à Harvard et l’un des meilleurs spécialistes du dossier : « Première réaction aux chiffres de l’emploi : choc. Deuxième réaction : nervosité. Réflexion plus approfondie : cela pourrait être très bien. 336 000 emplois [et] une croissance des salaires qui est encore modérée. » En effet, les rémunérations des salariés américains n’ont augmenté que de 0,2 % entre les mois d’août et septembre, contre 0,3 attendu, ce qui marquerait une décélération de la hausse salariale, signe précurseur d’un marché de l’emploi sous contrôle.

Le risque de stagflation

Le climat a profondément changé cet été, lorsque les Etats-Unis se sont aperçus que l’intelligence artificielle ne doperait pas l’économie immédiatement même si elle est sa nouvelle frontière et que la Fed tiendrait bon pour faire refluer l’inflation jusqu’à 2 %. Elle ne veut pas réitérer les erreurs des années 1970 et 1980 qui conduisirent à lâcher la bride trop tôt et à provoquer un mix d’inflation et de stagnation connue sous le nom de stagflation.

La méfiance est de mise, avec la grève dans l’automobile qui va entraîner des hausses de salaires supérieures à 20 % sur quatre ans, le découplage avec la Chine qui entraîne une hausse des coûts et le déficit budgétaire en hausse, qui devrait atteindre 6,5 % du PIB pour l’exercice clos le 30 septembre 2023. La banque centrale prévoit de maintenir longtemps élevé le loyer de l’argent. Ses taux directeurs sont déjà passés de zéro en mars 2021 à 5,25 % actuellement.

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LJD

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