Le syndrome de l’imposture : pourquoi les femmes se sentent-elles encore illégitimes au travail ?
« Je ne sais pas faire. Je ne suis pas bonne. Je ne vais pas y arriver. Ils vont tous voir que je suis une quiche, que je ne suis pas à la hauteur. » A trois jours d’envoyer sa réponse à un appel d’offres, Nathalie, 42 ans, angoisse à l’idée de devoir exposer le résultat de son travail, devant collègues et clients. Voilà pourtant vingt et un ans que cette directrice conseil en agence de communication répond à un bon paquet de requêtes similaires, et toujours avec succès. Mais rien n’y fait : à chaque dossier important, avec des centaines de milliers d’euros à la clé, ces phrases la tiennent éveillée la nuit, tournant en boucle comme une ritournelle obsédante, tandis que ses slides se mettent à défiler dans sa tête.
Nathalie se dévalorise alors qu’elle n’a, objectivement, aucune raison de douter de ses compétences : dernièrement, cette mère hyperactive a même été approchée par une agence parisienne qui l’a toujours fait rêver, mais elle a préféré décliner et rester dans la sienne. Mais là aussi : « Rien que de m’entendre me présenter comme directrice conseil de mon agence… C’est pourtant factuel, mais j’ai l’impression que c’est faux », lâche, en rougissant, l’énergique quadragénaire aux fins cheveux blonds. « J’ai l’impression que ce n’est pas moi et que j’enrobe mon parcours », précise celle qui attribue ses réussites, au travail de « [s]on équipe ».
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