« Le Starbucks Workers United s’implante progressivement aux Etats-Unis »
Imaginerait-on un salarié qui, spontanément, rendrait une partie de son argent à son employeur dans l’espoir qu’il soit content de lui et ne le mette pas dehors ? C’est un peu le principe du rachat d’actions en Bourse. Une entreprise achète ses propres actions pour les détruire ensuite, faisant grimper automatiquement le bénéfice par action. En théorie, cette pratique est équivalente au dividende pour rémunérer l’actionnaire. En théorie, cela devrait être réservé aux entreprises qui gagnent tellement d’argent qu’elles trouvent plus judicieux de le rendre aux actionnaires que de l’investir elles-mêmes, pas juste pour soutenir le cours de Bourse.
« Patron intérimaire »
Ce lundi 4 avril, Howard Schultz, le patron de Starbucks, a décidé de suspendre l’énorme programme de rachat d’actions de 20 milliards de dollars (environ 18,2 millliards d’euros) lancé par son prédécesseur en décembre 2021. « Je ne suis pas dans les affaires comme actionnaire de Starbucks pour que chacune de mes décisions soit basée sur le cours de Bourse du trimestre », a-t-il affirmé, en précisant qu’il allait désormais investir cet argent « dans [ses] magasins et [ses] employés ». En voilà une bonne idée ! Elle a ravit les baristas et autres serveurs des cafés de la chaîne, même s’ils ont appris à se méfier de ce diable d’Howard, qui navigue si bien entre le paternalisme social et l’antisyndicalisme primaire.
A 68 ans, le fondateur de la première chaîne de cafés au monde, avec ses 388 000 employés dans plus de 33 000 bars à travers le monde, est un homme actif qui pratique la retraite à durée déterminée. Après avoir développé son entreprise dans les proportions géantes que l’on sait, il s’est retiré une première fois en 2000, avant de revenir en 2008 pour redresser la société, puis repartir en 2016, avant de revenir comme « patron intérimaire » cette semaine. Catalogué patron social, il aime échanger avec le personnel, paye mieux que la moyenne du secteur, 17 dollars aux Etats-Unis avec la couverture santé, et a même envisagé à plusieurs reprises de se présenter à l’investiture démocrate pour les élections présidentielles.
Mobilisation progressive
Mais ce progressiste considère que la réussite de son entreprise, démarrée avec un bistro de quartier, n’aurait pas été possible avec des syndicats rigides et revendicatifs dans des structures souvent de moins de dix employés. Ce même lundi, une syndicaliste de Phoenix était mise à la porte. Mais les temps ont changé et la pénurie de personnel, associée à la mobilisation progressive du personnel des cafés, a fini par payer. Le Starbucks Workers United s’implante progressivement aux Etats-Unis.
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