Le Sénat appelle l’Etat à sauver La Poste et étendre les missions des facteurs

Le Sénat appelle l’Etat à sauver La Poste et étendre les missions des facteurs

Le sort de La Poste, mise en difficulté par la chute accélérée du courrier depuis le début de la crise sanitaire, inquiète désormais le Sénat. La commission des affaires économiques de la Chambre haute a publié, mercredi 31 mars, un rapport sur « L’avenir des services publics de La Poste », pour demander à l’Etat de soutenir financièrement l’opérateur public et proposer des réformes.

Un document aligné avec les demandes adressées au gouvernement par le PDG de La Poste, Philippe Wahl. « Notre volonté est d’aller vite compte tenu de l’urgence, explique Patrick Chaize, rapporteur et sénateur (Les Républicains) de l’Ain. L’Etat devra apporter une réponse dans le cadre du vote du budget 2021 pour ne pas laisser La Poste en situation de banqueroute ».

Première préoccupation : le service universel postal, principale mission de service public confiée au groupe, qui consiste à collecter et à distribuer du courrier et des colis, tous les jours ouvrables, sur tout le territoire, à des prix abordables. Un service sans modèle économique dans un monde où la lettre se fait rare. Son déficit devrait atteindre plus de 1,3 milliard d’euros en 2020.

Abattement fiscal

Le rapport du Sénat révèle l’étendue des pertes à venir, qui devraient varier entre 700 millions d’euros et 2,4 milliards d’euros par an d’ici à 2025. L’hypothèse basse ne valant que si le groupe « joue sur tous les paramètres, en prenant des mesures de fermetures de sites et de réductions d’effectifs », explique M. Chaize.

Aussi le sénateur et ses deux corapporteurs, Pierre Louault (Union centriste) et Rémi Cardon (Socialiste, écologiste et républicain) préviennent : « Aujourd’hui, sans compensation de l’Etat à compter de l’année 2021, une “réduction” du service public s’imposera dans les faits avec une diminution des services rendus aux usagers. »

Le rapport recommande donc une compensation, dès cette année, par le biais d’un abattement fiscal jusqu’à 270 millions d’euros (au titre de la taxe sur les salaires) complété par une dotation budgétaire annuelle, jusqu’à 730 millions d’euros. Soit un coût de 1 milliard d’euros pour l’Etat.

Lire le portrait : Philippe Wahl, l’homme qui veut sauver La Poste

Pour faire des économies, les sénateurs proposent par ailleurs de retirer la lettre au timbre rouge, distribuée à J + 1, du périmètre du service universel postal. « C’est un service qui coûte cher, mais qui ne correspond plus vraiment à l’attente des clients. Ils utilisent l’e-mail s’ils veulent de l’instantanéité, affirme M. Chaize. Cela permettrait d’optimiser les tournées, les facteurs pourraient couvrir un territoire plus étendu. » Subsisterait donc la distribution des lettres à timbres verts, en J + 2 ou J + 3, à prix abordable ; tandis que le J + 1 deviendrait un produit concurrentiel, avec un timbre vendu au « coût réel ».

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LJD

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