Le prêt de salariés entre les entreprises, un dispositif qui peine à s’imposer

Le prêt de salariés entre les entreprises, un dispositif qui peine à s’imposer

« L’UIMM a lancé en septembre 2020 un outil en ligne devant faciliter le prêt de main-d’œuvre. La plate-forme est ouverte aux entreprises dépendant de la fédération patronale, mais aussi d’autres secteurs. »

C’est un dispositif qui, sur le papier, possède de nombreux atouts. Une société subit une baisse d’activité temporaire ? Le prêt de main-d’œuvre lui permet de mettre des collaborateurs à disposition d’une autre entreprise avant de les réintégrer quelques mois plus tard. Cela en lui facturant salaires, charges sociales et frais professionnels. Autre cas de figure : une PME a besoin d’une compétence spécifique pour développer un projet et n’arrive pas à recruter un profil correspondant ? Un grand groupe peut lui « prêter » un salarié doté de l’expertise recherchée.

Voilà pour la théorie. Dans la pratique, de tels exemples sont rares, le prêt de main-d’œuvre peine à émerger en France. Malgré l’impulsion donnée par le gouvernement au cœur de la crise. En effet, face aux conséquences économiques de l’épidémie de Covid-19, ce dispositif est apparu comme un outil utile pour limiter les licenciements.

« C’est aussi un moyen pour l’Etat de tenter de contenir le recours à l’activité partielle », note le responsable d’une plate-forme de prêt de salariés. Des mesures ont donc été prises temporairement pour simplifier sa mise en place. Les entreprises peuvent, par exemple, conclure une seule convention de mise à disposition pour plusieurs salariés, au lieu d’une convention par salarié auparavant.

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Des acteurs économiques convaincus de son intérêt souhaitent développer le recours au prêt de salariés. « C’est une démarche pertinente, mais elle demande du temps, les entreprises ne peuvent pas mener un tel chantier en six mois », explique Marie Kieffer, déléguée générale de l’Association bretonne des entreprises agroalimentaires. Son organisme travaille au déploiement de tels prêts. Elle a rapidement constaté la nécessité de créer du lien entre les différentes parties prenantes. « Il faut que les entreprises se connaissent, note-t-elle. De même, nous faisons des entretiens avec chaque salarié volontaire. »

Travailler au niveau local

« Le prêt de main-d’œuvre n’est pas un dispositif dont le processus peut être industrialisé, précise David Derré, directeur emploi et formation à l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), la fédération patronale de la métallurgie. Il doit être mené dans le cadre d’une gestion de proximité, avec un accompagnement personnalisé et le respect d’un cadre juridique. » Et de résumer : « C’est de la dentelle. »

L’UIMM a lancé en septembre 2020 un outil en ligne devant faciliter le prêt de main-d’œuvre. La plate-forme est ouverte aux entreprises dépendant de la fédération patronale, mais aussi d’autres secteurs (ameublement, pharmacie, plasturgie…). « Le dispositif reste aujourd’hui relativement confidentiel », reconnaît M. Derré. Début janvier, 54 entreprises se disaient prêtes à accueillir environ 200 salariés. Face à elles, une quarantaine de sociétés proposaient d’en prêter 230. S’il espère une montée en puissance, M. Derré convient que la solution « n’a pas vocation à être l’alpha et l’oméga face à la crise actuelle ».

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