« Le Nouvel Horizon de la productivité » : chasser le surtravail

« Le Nouvel Horizon de la productivité » : chasser le surtravail

« Le Nouvel horizon de la productivité. En finir avec le surtravail » , Olivier Tirmarche (Odile Jacob, 2020, 256 pages, 24,90 euros)

Le livre. « L’âge de l’informatique est partout, sauf dans les statistiques de la productivité », affirmait le Prix Nobel d’économie 1987 Robert Solow. Mystérieuse époque que celle-ci : aucune vague d’innovation technologique n’a permis d’inverser la baisse continue des gains de productivité depuis la fin des années 1960, dans toutes les économies avancées.

Au quotidien, nous courons de plus en plus vite, nous manquons de temps, nous sommes emportés par un processus d’intensification du travail que les économistes et les statisticiens s’efforcent de documenter. « Ainsi, nous travaillerions davantage sans produire davantage, ou plutôt sans gagner davantage. Il semblerait que nous dépensions une partie de notre temps pour rien », tranche Olivier Tirmarche dans Le Nouvel Horizon de la productivité (Odile Jacob).

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Aux yeux des directions, nous devons accélérer, multiplier les projets, élever les objectifs pour assurer le développement de l’entreprise, pour assurer sa survie même. « Au bout du compte, on en vient toujours au même argument : c’est la faute à la concurrence ! », résume le docteur en sociologie.

Le postulat selon lequel la quantité de travail est déterminée par les contraintes extérieures est le siège de notre sentiment d’impuissance. Mais ce postulat est-il fondé ? Les forces du marché, que nous considérons comme hors de portée, nous privent-elles de marges de manœuvre ? Sont-elles même hors de portée ?

Nécessaire relâchement

L’essai explore les mécanismes à l’origine du « surtravail », celui qui manque d’utilité ou donne naissance à un produit facilement remplaçable. Il identifie ses sources et les leviers d’action permettant de le réduire, qui sont de plusieurs ordres. Stratégique d’abord : la consommation de temps et d’énergie commence à se jouer dès que l’entreprise détermine son positionnement de marché. De l’ordre de l’organisation ensuite : le travail dérive aussi des choix de structure tels que les découpages de fonction, les règles, les outils de gestion, les méthodes de travail, etc.

L’ambition d’économie de temps et des efforts a motivé ou motive des méthodes parmi les plus célèbres et les plus répandues : la rationalisation taylorienne, le « lean manufacturing », ou plus récemment les méthodes « agiles ». Mais le terrain d’application de ces dernières est limité aux grands projets.

Alors que les partisans de la rationalisation taylorienne et du « lean manufacturing » partagent une aversion pour les temps morts et une méfiance envers le relâchement, l’auteur croit au contraire que le relâchement est une nécessité. « Je dirais que je suis partisan du moindre effort. A vrai dire, je le suis depuis l’âge de 14 ans, depuis qu’un professeur de lycée m’a dit : “C’est bien d’être paresseux, ça force à être intelligent.” »

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LJD

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