Le groupe France Loisirs trouve un repreneur, mais va perdre 90 % de ses employés

Le groupe France Loisirs trouve un repreneur, mais va perdre 90 % de ses employés

Une librairie France Loisirs, à Paris, en novembre 2020.

Le tribunal de commerce de Paris a choisi, lundi 13 décembre, parmi les deux offres de reprise du groupe France Loisirs, celle soutenue par la société par actions simplifiée Financière Trésor du patrimoine. Le club de livres est plombé par un déficit de 14 millions d’euros, accumulé rien qu’entre janvier et fin octobre, après une perte de 7,7 millions en 2020. France Loisirs, qui comprend un centre de logistique, un centre d’appels, de l’impression à la demande et des activités informatiques, avait été placé en liquidation judiciaire avec poursuite d’activité, le 25 octobre.

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Selon le jugement du tribunal, qui ne se prononce pas sur les filiales étrangères, le plan de reprise de Financière Trésor du patrimoine ne conservera que quarante-quatre salariés en CDI sur 484 et trois apprentis sur les trente-deux du club de livres. Il ne gardera que quatorze boutiques sur les 122 actuelles. Ce repreneur, qui débourse 500 000 euros pour cette acquisition (hors stock) a été préféré à l’offre rivale du groupe de presse Reworld Media, qui proposait de sauver pourtant cent neuf salariés en CDI. L’entreprise n’est donc pas liquidée, mais considérablement amputée.

Le comité social et économique du club de livres juge l’offre « décevante » et ne comprend pas comment un projet peut être mis en œuvre avec un « nombre si faible de salariés ». Les représentants des salariés ont pourtant soutenu, par dépit, l’offre « la moins mauvaise », celle de Reworld restant « insuffisamment aboutie », selon les administrateurs judiciaires.

Une transformation « trop lourde et trop lente »

A la tête d’un groupe familial très discret aux 164 millions d’euros de chiffre d’affaires, Derek Rémy Smith a créé la Financière Trésor du patrimoine, une société de vente par correspondance, d’abord spécialisée dans les monnaies, les médailles et les timbres. Elle s’est diversifiée, avec Liriade, dans l’édition de beaux livres et de livres d’histoire, cantonnés aux batailles napoléoniennes, aux décorations françaises et aux guerres coloniales.

Franco-américain, M. Smith a repris le catalogue de L’Homme moderne, puis Reder, avant de se lancer dans la vente, toujours par correspondance, de produits alimentaires des terroirs et de foie gras (notamment Léon Fargues ou Traditions du Périgord) et de vins (comme le Château de Rayne Vigneau, un premier cru de sauternes). Il estime le besoin de financement à 5,3 millions d’euros pour relancer France Loisirs et vise 25 millions de chiffre d’affaires en 2022.

Déjà au bord de la faillite, France Loisirs avait été repris, en 2015, par Adrian Diaconu, un homme d’affaires à la tête d’un groupe luxembourgeois diversifié dans l’intelligence artificielle. Refusant de voir disparaître ce groupe criblé de dettes, il y a injecté quelque 30 millions d’euros de sa fortune personnelle pour tenter de le maintenir à flots. Et essayer de garder les deux mille employés. Sans succès. Au fil des années, il a dû licencier. « Malheureusement, nous n’avons pas réussi à amener tous les salariés de l’autre côté, la transformation de l’entreprise a été trop lourde et trop lente », regrette-t-il, en ajoutant : « La crise sanitaire ne nous a pas épargnés. »

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LJD

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