Le droit à la déconnexion en vacances : pas pour tout le monde

Le droit à la déconnexion en vacances : pas pour tout le monde

« Le problème de la déconnexion ne date pas d’aujourd’hui, mais le télétravail l’a amplifié, en abolissant les frontières entre-temps de travail et temps de repos. » Comme l’exprime Fabienne Tatot, secrétaire nationale de l’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens (Ugict)-CGT, les nouvelles habitudes générées par le travail à distance ne font pas toujours bon ménage avec l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle, surtout lors des congés.

En effet, 36 % des salariés français se connectent à distance pour travailler en vacances, selon une étude publiée par le site d’évaluation des entreprises Glassdoor, menée le 14 juillet auprès d’un échantillon représentatif de mille d’entre eux âgés de plus de 18 ans et travaillant à temps plein.

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Dans une partie non négligeable des cas, cette surcharge hors du temps de travail provient d’une pression directe de l’employeur. Un sondé sur cinq télétravaille, car ce dernier lui adresse des demandes lors des congés, et 24 % des personnes interrogées se disent sommées de prendre leur ordinateur portable en vacances.

« Pression sociale »

Plus étonnant, cette habitude a souvent pour origine le travailleur lui-même. Ainsi, 35 % des répondants utilisent leurs outils professionnels « par peur de manquer des informations », et reconnaissent que le télétravail les incite à travailler plus dur, à faire leurs preuves. Par ailleurs, 20 % rapportent même que le télétravail augmente tellement le niveau d’exigence des employeurs et des clients qu’ils estiment normal que les projets en cours continuent d’être gérés pendant les heures de repos. Avocate spécialisée en droit du travail, Elise Fabing y voit une pression indirecte de l’entreprise : « Il y a une culture qui consiste à montrer qu’on travaille deux fois plus quand on est à la maison, qu’on est loyal… Les salariés se sentent responsabilisés et ont des objectifs sur le long terme. »

Un droit à la déconnexion figure bien dans le Code du travail depuis 2017, mais ses modalités ne sont pas précisées par la loi

Une observation partagée par Fabienne Tatot : « Les entreprises n’encadrent pas suffisamment le temps de travail. Elles ont tendance à se défausser sur les salariés pour que ceux-ci aient un devoir de déconnexion plutôt qu’un droit. Mais comme on n’est plus évalué par le temps de travail mais sur le travail fait et les objectifs, une pression sociale s’exerce sur chacun d’entre nous, et c’est donc très dur de se déconnecter. » De fait, 54 % des cadres déclarent travailler lors de leurs jours de repos, selon le baromètre Ugict-CGT/Secafi publié en novembre 2021. Ce chiffre monte à 73 % dans la fonction publique.

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