Le destin de British Steel, au bord de la ruine

Le destin de British Steel, au bord de la ruine

A l’usine British Steel de Scunthorpe, dans le nord de l’Angleterre, en septembre 2016.
A l’usine British Steel de Scunthorpe, dans le nord de l’Angleterre, en septembre 2016. LINDSEY PARNABY / AFP

Le métallurgiste pourrait installer le bilan dès mercredi si l’état britannique ne lui accorde pas une aide de 30 millions de livres sterling.

Le métallurgiste British Steel est au bord de la ruine et pourrait déposer le bilan dès mercredi 22 mai, faute d’un accord avec le gouvernement britannique pour un plan de sauvetage de dernière minute. L’entreprise, qui emploie 5 000 personnes, sollicite une aide de 30 millions de livres sterling (34 millions d’euros) à l’Etat britannique, mais, selon nos informations, les négociations en cours étaient dans la difficulté, mardi 21 mai au soir.

A la veille des élections européennes (les Britanniques votent jeudi), l’affaire prend un tour politique. Jeremy Corbyn, le chef de l’opposition travailliste, appelle à mobiliser partiellement l’entreprise en cas d’échec du plan d’aide. « Le gouvernement fera tout ce qui est en son pouvoir, dans les strictes limites légales », a répliqué confusément Andrew Stephenson, secrétaire d’Etat aux entreprises.

Dans les 20 000 emplois indirects sont en jeu. En France, le sort de l’usine d’Hayange (Moselle), déchaînée par British Steel, est problématique. « Des assurances ont été données, affirme une source à Bercy. L’ex-Sogérail, qui produit des rails pour les réseaux ferroviaires, dépend d’une structure juridique différente de British Steel UK et devrait donc survivre à une défaillance de cette entreprise. » De même, la reprise d’Ascoval, avisée le 2 mai, est pour l’heure réaffirmée, son acquisition étant accomplie par Greybull Capital, la maison mère de British Steel, et non cette dernière.

« Fric, fric, fric »

Si le dépôt de bilan de British Steel se réaffirme, cela viserait un échec supplémentaire pour Greybull Capital, derrière lequel se découvrent le Français Marc Meyohas et son associé britannique Daniel Goldstein. Le fonds d’investissement, établi à Londres, est spécialisé dans la correction d’entreprises dont plus personne ne veut.

« Marc Meyohas est un businessman, peu bavard, en mode fric, fric, fric », développe un salarié d’Ascoval, qui l’a aperçu. Le délégué syndical CGT Nacim Bardi (présent sur la liste PCF aux élections européennes) révèle pour sa part que « c’est quelqu’un qui sait ce qu’il veut, avec un profil type financier ». Et d’additionner : « Ce qui l’intéresse, c’est le gain, gagner de l’argent. »

Une source patronale qui a dû négocier avec lui confirme cette impression, tout en y additionnant un important bémol : la compétence. « Greybull Capital est un chasseur de primes, mais plus professionnel que les autres. Ils éprouvent très bien le marché de l’acier. Leur projet est sérieux : ils se sont assuré qu’il y aurait des débouchés, particulièrement à Hayange et aux Pays-Bas, où ils ont racheté [en 2017] FN Steel. »

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LJD

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