Le Covid-19, une aubaine pour les sociétés qui veulent licencier

Le Covid-19, une aubaine pour les sociétés qui veulent licencier

Des bus du groupe Keolis Meyer, au dépôt d’Avrainville (Essonne), le 3 mars 2020.

C’est une « avalanche de PSE » (plans de sauvegarde de l’emploi) qui déferle actuellement, observe l’avocat Fiodor Rilov. « En vingt ans de carrière, je n’ai jamais vu ça. » Entre le 1er mars et le 19 juillet, 275 PSE ont été enregistrés, selon les données de la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), soit 43 343 suppressions de postes envisagées, auxquelles s’ajoutent 2 023 « petits licenciements collectifs » (de 2 à 9 salariés licenciés). Un an plus tôt, 214 PSE avaient été enregistrés sur la même période, représentants 16 514 postes.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi La seconde vague, celle des plans sociaux, touche la France

La faute au Covid-19 ? Pas toujours. Chez Cargill Haubourdin (Nord), filiale du géant américain du négoce et de la transformation de produits agricoles, la procédure d’information-consultation lancée fin 2019 et suspendue durant le confinement a été relancée le 26 juin. « On avait pensé y échapper, indique Dorian Vallois, délégué syndical CGT, car, durant le confinement, on a tourné à plein régime. En fait, la direction dit que l’usine est structurellement en déficit. Mais alors pourquoi avons-nous eu 250 euros de participation en janvier 2020 ? Notre avocat va demander les comptes consolidés de l’usine auprès du siège américain de Cargill. » Sollicitée, la direction de Cargill ne nous a pas répondu.

« Les PSE alibis : ils ne sont pas du tout concernés par le Covid mais sont lancés en espérant être noyés dans la vague » Olivier Laviolette, membre du comité de direction de Syndex

Olivier Laviolette, membre du comité de direction de Syndex, cabinet d’expertise auprès des comités économiques et sociaux (CSE), distingue trois types de PSE. « Ceux directement liés au Covid-19, comme dans le tourisme, le commerce, avec Camaïeu, ou encore dans l’aéronautique ; les PSE d’opportunité : ils sont “habillés” Covid mais étaient déjà envisagés avant ; les PSE alibis : ils ne sont pas du tout concernés par le Covid mais sont lancés actuellement, en espérant être noyés dans la vague, comme l’emblématique PSE de Nokia. »

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les ingénieurs, victimes collatérales de l’aéronautique en crise

Dans l’aéronautique, au-delà des PSE d’Airbus ou d’Air France, il y a ceux des sous-traitants, moins connus, comme chez Sogeclair à Toulouse (245 suppressions envisagées). Dans certains cas, les 2 premières catégories de PSE peuvent se superposer. « Certes, des donneurs d’ordre réduisent leurs commandes, analyse M. Laviolette, mais aussi ils réinternalisent des activités pour atténuer la baisse de leur propre activité. Et ce mouvement était engagé avant le Covid. »

Il vous reste 47.09% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.