Le Covid-19 provoque le retour en force des préretraites

Le Covid-19 provoque le retour en force des préretraites

Maudit Covid-19. A cause des restrictions sanitaires pour juguler l’épidémie, Dominique a dû abandonner l’idée d’un pot de départ digne de ce nom, le jour où il a définitivement arrêté de travailler. C’était le 8 décembre 2020. Une consolation, tout de même : un petit-déjeuner a été organisé dans son service avec « dix à douze » collègues. On lui a remis des bons-cadeaux et le directeur des ressources humaines s’est fendu d’un discours pour le saluer. « C’était fort agréable », confie-t-il.

Alors qu’il fêtera ses 60 ans dans quelques mois, Dominique quitte l’usine Bosch d’Onet-le-Château (Aveyron), à la lisière de Rodez, où il avait été embauché comme technicien de maintenance en 1986. De son parcours chez le fabricant de pièces automobiles pour moteur diesel, il parle avec enthousiasme : « Je me suis éclaté », lance-t-il en évoquant plusieurs déplacements professionnels à l’étranger et l’autonomie dont il jouissait pour accomplir ses tâches.

Mais des nuages menaçants ont grossi au-dessus du site aveyronnais de Bosch. Année après année, la production a décliné avec l’érosion des ventes de véhicules roulant au gasoil. Et la récession en cours n’a rien arrangé. L’hypothèse d’une fermeture a même été évoquée, il y a quelques mois.

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Dominique n’a donc pas hésité longtemps quand la direction a présenté, à la mi-2020, un dispositif dit d’« aménagement de fin de carrière ». Fondé sur le volontariat, celui-ci permet aux salariés les plus âgés de stopper leur activité, tout en continuant d’être payés par Bosch à hauteur, environ, de 80 % de leur rémunération, et d’avoir droit à divers avantages octroyés à l’ensemble du personnel : mutuelle d’entreprise, offre de loisirs et de voyages à tarifs réduits, proposée par le comité social et économique (CSE), etc.

Séduire le plus grand nombre

Le mécanisme fonctionne jusqu’au jour où les intéressés ont suffisamment cotisé pour partir à la retraite, au taux plein. Y sont éligibles tous ceux qui sont nés avant le 1er janvier 1963 et qui se trouvent à 48 mois ou à moins de 48 mois de l’âge auquel ils peuvent prétendre à une pension sans décote. « La mesure pourrait concerner jusqu’à 130 postes, en équivalent temps plein, précise une porte-parole de la direction. Les départs s’effectueront en deux vagues durant l’année 2021, en fonction de l’âge des bénéficiaires. »

Tout a été fait « pour que les gens acceptent », résume Dominique en décrivant un dispositif qui cherche à séduire le plus grand nombre. « Je suis très content de m’en aller et de démarrer une nouvelle vie », poursuit-il, sachant que ses liens avec l’usine ne sont pas entièrement rompus : élu du personnel sous la casquette CFE-CGC, il continuera d’exercer son mandat jusqu’en novembre 2022.

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LJD

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