Le coronavirus creuse l’écart de niveau de vie entre actifs et retraités

Le coronavirus creuse l’écart de niveau de vie entre actifs et retraités

Des serveurs à l’entrée d’un bouchon lyonnais le 2 juin à Lyon.

La crise économique provoquée par la pandémie de Covid-19 a déjà coûté, selon les estimations de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) publiées vendredi 26 juin, 165 milliards d’euros à l’économie française, dont 14 milliards d’euros globalement supportés par les ménages.

Mais tous n’ont pas été touchés de la même manière : ce sont, pour l’essentiel, les actifs du secteur privé – perte d’emploi, chômage partiel – et les indépendants qui ont connu une perte de revenus. Conséquence, l’écart de niveau de vie avec les retraités devrait se creuser, les pensions n’ayant pas été affectées, selon une note publiée par le Conseil d’orientation des retraites (COR), le 11 juin. « Alors que leur niveau de vie relatif était égal à 105 % de celui de l’ensemble de la population avant l’épidémie, il grimperait à 110 % en 2020 », indiquent les experts dans ce document. En effet, la pension moyenne nette augmenterait de 1,2 % cette année, alors que la rémunération moyenne nette baisserait de 5,3 % par rapport à 2019.

« Cette situation résulte de la construction de notre système de retraite, dans lequel les pensions sont indexées sur l’inflation, explique un expert du COR. Lorsque, en période de crise, les salaires baissent, les retraités voient leur pouvoir d’achat protégé, mais, à l’inverse, en période de prospérité, quand les salaires augmentent, ils sont pénalisés. » Une situation comparable était survenue à l’issue de la crise de 2008-2009, lorsque les revenus du travail avaient baissé, favorisant de fait les pensions.

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Les pertes de revenus ont concerné « environ 20 % des adultes »

« En période de récession, il est normal que les revenus des retraités soient protégés, réagit Denis Ferrand, directeur général de l’institut Rexecode. Mais cela pose tout de même la question du partage du coût de cette crise, notamment pour les plus précaires, qui en ont été les premières victimes. » « On impose à tous les citoyens de se confiner pour répondre à l’intérêt général et pour protéger les plus âgés , mais ce principe de précaution absolu n’a pas été accompagné d’un partage économique des coûts, renchérit Vincent Touzé, économiste à l’OFCE et spécialiste des questions de vieillissement. Peut-on accepter qu’il y ait un reste à charge de la crise pour certaines catégories de salariés, et qu’à l’inverse d’autres ne supportent aucun coût ? »

L’Observatoire des inégalités a fait les comptes : dans une note sur le bilan de la crise liée au Covid-19 publiée le 26 mai, l’organisme estime que les pertes de revenus ont concerné « environ 20 % des adultes : un peu plus de 10 millions de salariés au chômage partiel et 1 million d’indépendants, soit un total d’environ 11 millions de personnes dont le niveau de vie est affecté à des degrés très divers. (…) Les 80 % restants, c’est-à-dire la grande majorité de la population, ne doivent pas l’oublier. » Et l’Observatoire de souligner : « Le Covid-19 n’a pas frappé les revenus de tout le monde : l’immense majorité a été épargnée et a même épargné en se confinant. Elle a donc les moyens de faire un effort. »

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