« L’attractivité des métiers du grand âge reste peu reconnue »

« L’attractivité des métiers du grand âge reste peu reconnue »

Dans une tribune au « Monde », les économistes François-Xavier Devetter et Emmanuelle Puissant pointent les incohérences de la politique gouvernementale en ce qui concerne l’aide à domicile pour les personnes âgées.

Publié aujourd’hui à 05h45 Temps de Lecture 4 min.

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« Les salaires tournent aux alentours de 850 euros par mois en moyenne, pour des femmes qui sont plus souvent que l’ensemble des employées à la tête de familles monoparentales. »
« Les salaires tournent aux alentours de 850 euros par mois en moyenne, pour des femmes qui sont plus souvent que l’ensemble des employées à la tête de familles monoparentales. » Fred De Noyelle/Godong / Photononstop

Tribune. Entre le projet de loi de financement de la Sécurité sociale et la mission El Khomri sur l’attractivité des métiers du grand âge, les attentes en matière d’amélioration des conditions de travail et d’emploi des aides à domicile sont importantes. Aujourd’hui, la situation est bien documentée, mais elle reste peu reconnue.

Les salaires sont faibles pour de nombreuses raisons : temps partiel généralisé, importantes contraintes physiques et temporelles, charge psychologique conséquente et… salaires horaires faibles. Ils tournent aux alentours de 850 euros par mois en moyenne, pour des femmes qui sont plus souvent que l’ensemble des employées à la tête de familles monoparentales.

Des atouts importants

Ces difficultés se cumulent et débouchent sur un taux d’accidents du travail extrêmement élevé (supérieur à celui observé dans le bâtiment), des absences fréquentes et une « attractivité » du secteur particulièrement faible. De nombreuses études quantitatives et qualitatives vont dans ce même sens, et pourtant les blocages semblent toujours aussi importants.

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Ainsi, en 2004, un rapport du Conseil économique et social (CESE) pointait parmi les priorités la nécessité de « pérenniser et améliorer l’emploi des salariés en poste » et « redonner son attractivité au travail dans le secteur ». Dix ans plus tard, la Cour des comptes soulignait la faiblesse des « perspectives de carrière contribuant au maintien de la faible attractivité du secteur ». Les rapports confirmant ces constats s’entassent auprès du Comité national d’action sociale (CNAS) ou de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) tandis que la souffrance des salariées demeure.

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Pourtant le secteur dispose d’atouts importants : l’existence d’employeurs divers et anciens, experts en termes de besoins sociaux auxquels le secteur doit répondre ; une convergence entre les revendications des salariées en termes d’augmentation de leurs salaires et d’amélioration de leurs conditions de travail et les alertes multiples de plusieurs fédérations d’employeurs ; des volontés d’évolutions et de transformations, pour répondre aux besoins, largement partagées, une montée en qualification des salariées observables notamment depuis 2003, etc.

Mais au moins trois éléments bloquent toute perspective d’amélioration durable. Trois « mots-clés » omniprésents dans le secteur, dans les discours politiques, les rapports pré-lois, et les prises de position médiatiques… et dont le sens a aujourd’hui pris une tournure directement inspirée de la novlangue digne de 1984 [roman de George Orwell, 1949] : temps partiel, non-qualification, libre choix.

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LJD

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