L’argot de bureau : le « phygital » fusionne télétravail et présentiel

L’argot de bureau : le « phygital » fusionne télétravail et présentiel

« En management aussi, le phygital défend l’idée que les contraires peuvent s’accorder et permettre aux salariés d’être plus efficaces. »

Certaines personnes n’aiment pas choisir. Pour ne plus être tiraillé, Jean-Pascal a décidé d’aimer en même temps tout et son contraire : il conserve ses aliments au « fourgérateur », passe ses vacances en « Bretarmandie » quand il va près du Mont-Saint-Michel, écoute du métal acoustique, apprécie aussi les orchestres symphoniques a capella et croit fermement au développement futur de l’eau en poudre. Un beau matin, tiraillé par la chanson Should I Stay or Should I Go de The Clash sous la douche, il décide de ne plus choisir entre retrouver ses collègues et télétravailler : par cet acte fondateur, il vient d’entrer dans la matrice du « phygital ».

Le mot-valise a des airs de voyage entre deux mondes que tout oppose : « physique » versus « digital », matériel versus immatériel, bureau versus télétravail…

Il provient du marketing et fut déposé en 2013 par l’agence australienne Momentum. Un magasin phygital, c’est un point de vente physique plus rentable, car il intègre les méthodes du digital. Un écran tactile pour mieux se repérer dans un centre commercial tentaculaire, une borne de commande dans un fast-food, un QR code sur certains produits pour savoir s’ils contiennent plutôt des sulfites ou des nitrites, une commande en « click and collect »… Cet aller-retour, inimaginable il y a dix ans, est devenu courant.

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En management aussi le phygital défend l’idée que les contraires peuvent s’accorder en toute harmonie et permettre aux salariés d’être plus efficaces. Si les débuts furent parsemés de fausses notes, beaucoup d’entreprises ont dû bricoler, en 2020, un modèle managérial composé d’une dose de présentiel et d’une autre de distanciel, de beaucoup de Zoom, de quelques salles de réunion et d’un soupçon de WhatsApp.

Sandra, « chief phygital officer »

Alors, le phygital ne serait-il qu’un compromis, un « moindre mal » préférable au pire, comme aimait à chercher le philosophe Machiavel (1469-1527) ? Si l’on voit le verre à moitié plein, il s’agit au contraire d’extraire le « meilleur des deux mondes » en créant une cohérence. Selon la professeure de management Isabelle Barth, le phygital permet d’« offrir au salarié une qualité de vie au travail augmentée ».

Sa force serait l’adaptation et sa capacité à personnaliser le travail selon les compétences et affinités de chacun. Il y a des travaux chez moi ? Je vais au bureau. Oh, mais il y a déjà trop de monde au bureau aujourd’hui ? Aucun souci, j’irai dans un espace de coworking ! Le choix du mode de travail peut aussi se faire en fonction de l’activité du salarié : par exemple, un commercial n’a pas forcément besoin de la présence de ses collègues pour être efficace.

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LJD

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