L’argot de bureau : le « panic hiring », gare aux erreurs de casting

L’argot de bureau : le « panic hiring », gare aux erreurs de casting

Argot de bureau

Janvier 2009 : en crise de résultats sportifs, l’immense Real Madrid s’attache à la surprise générale les services de l’attaquant français Julien Faubert, aux qualités certaines mais qui ne s’imaginait pas jouer dans le plus grand club de football du monde.

Ce recrutement est considéré comme un « panic buy » : après avoir échoué à enrôler un certain nombre de talents, le club s’est précipité dans les dernières heures du mercato pour recruter un joueur qui, faute de mieux, pourrait « faire l’affaire ». Finalement, le joueur ne jouera que… deux matchs, avant de repartir.

En Bourse aussi, et plus généralement chez les consommateurs, les « achats en panique » (ou ventes précipitées pour des actions) consistent à acheter une quantité inhabituelle d’un produit, en prévision d’une augmentation du prix ou d’une pénurie, alors qu’il n’y a aucun besoin réel dans l’immédiat. Exemple : la ruée en mars 2020 sur les pâtes et le papier toilette.

Un contexte défavorable aux recruteurs

Dans le milieu des ressources humaines, force est de constater que l’après-Covid ressemble peu ou prou à cela : les Anglo-Saxons parlent de « panic hiring » pour désigner l’urgence à combler des postes vacants, et le terme trouve un léger écho en France.

Le développement d’une telle pratique est indissociable d’un contexte défavorable aux recruteurs. Le redémarrage brutal de l’économie ayant relancé l’emploi avec vigueur, nombre de corps de métier ont vite fait face à une pénurie de main-d’œuvre. La direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du travail dénombrait encore 351 100 emplois vacants en France au quatrième trimestre 2022.

Ainsi, les recruteurs peuvent être tentés de « bâcler » leur processus de recrutement pour l’accélérer. Pour remplacer Vanessa, brillante ingénieure qui a choisi de démissionner et de se réorienter à la faveur des confinements, regrettée par tous, le DRH – sous le coup de l’émotion – s’empressera de recevoir toutes les candidates prénommées Vanessa. Comme il n’y en avait que deux, il découvrira au bout de quelques jours de travail que Vanessa bis a en réalité fait des études de communication. Oups !

Comme c’est le cas pour les achats de panique en Bourse, le « panic hiring » est un comportement grégaire, fondé sur la peur de rater une opportunité. Ici, c’est la peur de prendre du retard sur la concurrence qui conduit à adopter la maxime – détournée – « Mieux vaut être mal accompagné que seul ».

Anguille sous roche

Le terme existe pour dire aux recruteurs de ne pas procéder ainsi. L’argument principal est le coût exorbitant d’un recrutement raté ; 35 % des entreprises ayant voulu recruter des cadres en 2022 ont fait face à des refus une fois la proposition d’embauche formulée, selon une étude de l’Association pour l’emploi des cadres.

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LJD

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