L’Allemagne s’assume pleinement comme « pays d’immigration » face à ses besoins en matière d’emploi

L’Allemagne s’assume pleinement comme « pays d’immigration » face à ses besoins en matière d’emploi

Le chancelier allemand Olaf Scholz, lors du sommet économique mondial de Davos, en janvier 2023.

« Notre message est : ceux qui veulent se retrousser les manches sont les bienvenus en Allemagne ! » Cette étonnante invitation du chancelier Olaf Scholz, formulée devant un parterre de grands patrons et de décideurs réunis à Davos (Suisse), le 18 janvier, en dit long sur l’évolution du consensus politique outre-Rhin. Longtemps hésitante à ouvrir grand ses portes, l’Allemagne de Scholz s’assume désormais pleinement comme un « pays d’immigration », saisissant les plus grandes tribunes du monde pour inviter les étrangers à rejoindre le pays.

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Certes, l’Allemagne n’a guère le choix. L’écart entre les générations nées entre 1950 et 1970 et celles, presque deux fois moins nombreuses, qui sont nées à partir des années 1990 va laisser un fossé béant dans les caisses de retraite et d’assurance sociale allemandes dans les prochaines années. Ce sont ainsi 13 millions de travailleurs qui quitteront le marché du travail au cours des quinze prochaines années, soit presque un tiers de tous les travailleurs disponibles actuellement. L’agence pour l’emploi estime à 400 000 arrivées par an le besoin d’immigration pour compenser la perte de force de travail outre-Rhin.

Au-delà de l’aspect financier, le défi humain est considérable : il faudra des milliers de personnes supplémentaires pour soigner les personnes vieillissantes, dans un contexte où la main-d’œuvre manque déjà cruellement dans presque tous les secteurs, en particulier la construction, la rénovation des bâtiments ou les travaux nécessaires à la transition énergétique. Des salariés très qualifiés seront nécessaires pour soutenir l’effort de numérisation et de décarbonation visé par l’économie. L’institut de recherche sur le travail IAB comptait, mi-2022, 1,9 million d’emplois non pourvus outre-Rhin, un record absolu dans l’histoire du pays.

Fin des tabous

La coalition sociale-démocrate, Verts et libéraux au pouvoir s’est donc entendue pour faciliter considérablement l’accueil des étrangers en Allemagne, et surtout leur envie d’y rester. Plusieurs grandes réformes sont en cours depuis l’automne 2022 afin de doter l’Allemagne d’une « législation moderne sur l’immigration », selon la formule consacrée au sein du gouvernement. Facilitation des procédures de régularisation des sans-papiers, assouplissement de la reconnaissance des diplômes étrangers, système de classement à points des candidats à l’immigration, inspiré du modèle canadien, et même réforme à venir du droit de la nationalité : tous les tabous sont en train de sauter.

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LJD

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