La victoire inattendue d’un mouvement syndical parti de la base chez Amazon, à New York

La victoire inattendue d’un mouvement syndical parti de la base chez Amazon, à New York

Des membres de l’Amazon Labor Union célèbrent la création du premier syndicat au sein de l’entreprise, à New York, le 1er avril 2022.

C’était au début de la crise liée au Covid-19, en mars 2020, à l’entrepôt JFK8 d’Amazon, un gigantesque centre de tri situé sur Staten Island et destiné à desservir l’immense métropole new-yorkaise. A l’époque, Big Apple s’était transformée en ville fantôme, épicentre mondial de la pandémie, et Amazon était essentiel à la survie de la cité.

Les salariés vivent alors dans la peur du coronavirus. Apprenant qu’un de ses collègues a été testé positif, Chris Smalls, un Afro-Américain du New Jersey, demande l’arrêt de l’entrepôt pour sa désinfection. La direction refuse et le met en quarantaine payée. Dans la foulée, le 30 mars, M. Smalls organise une petite manifestation qui lui vaut d’être licencié, sous prétexte qu’il a brisé son confinement. « Agir m’a coûté mon job », déplore-t-il alors.

Amazon, deuxième employeur du pays derrière Walmart

Le jeune homme, âgé à l’époque de 29 ans, a continué d’agir, et deux ans plus tard, il a sabré le champagne, vendredi 1er avril, à New York : les salariés de l’entrepôt JFK8 ont voté par une large majorité – soit 2 654 votes pour et 2 131 contre – pour la syndicalisation de leur site, qui emploie plus de 8 300 salariés. « Au premier syndicat de l’histoire américaine chez Amazon », a trinqué M. Smalls, à l’issue du dépouillement. Une première dans ce groupe, deuxième employeur du pays derrière Walmart, avec plus de 1,1 million de salariés.

L’entreprise fondée par Jeff Bezos, qui a toujours réussi à éviter les syndicats depuis sa création, en 1995, essuie une défaite politique cuisante. « Nous sommes déçus du résultat de l’élection à Staten Island, car nous pensons qu’il est mieux pour nos salariés d’avoir une relation directe avec l’entreprise », a déploré Amazon, dans un communiqué laconique.

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Bernie Sanders, le sénateur du Vermont, s’est réjoui sur Twitter : « Je pense que ce sera un coup de fouet pour le mouvement ouvrier de ce pays. » La porte-parole de Joe Biden, Jen Psaki, a rappelé pour sa part que « le président [était] un partisan de longue date du droit pour les travailleurs de s’organiser afin d’avoir de meilleurs emplois et une vie meilleure ».

Deux ans après le début de la pandémie, et dix-huit mois après la victoire de Joe Biden, qui a promis d’être le président le plus « prosyndicats » jamais élu, il existe une dynamique politique forte. Ce phénomène survient dans un contexte de déclin syndical : selon le département du travail, le taux de salariés du privé syndiqués aux Etats-Unis est tombé, en 2021, à 6,1 %, son plus bas niveau historique. La syndicalisation atteignant 33,9 % dans le secteur public, le taux global du pays est désormais de 10,3 %, deux fois moins qu’en 1983.

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