« La question du travail du samedi devient un souci » : la grande distribution confrontée à une pénurie de personnel
« Il nous manque cinquante postes d’encadrement et 130 employés, ce qui est colossal, et, lors des entretiens, les gens commencent par parler de RTT, de leur volonté d’avoir leur samedi. C’est ubuesque. » Le constat de ce directeur régional d’un réseau de supermarchés est loin d’être isolé. Depuis la pandémie de Covid-19, de nombreux patrons de la grande distribution peinent à embaucher, tant dans les magasins que dans les services des achats, dans le numérique…
Ainsi, 79 % des dirigeants interrogés par la Fédération du commerce coopératif et associé font état de difficultés de recrutement de nouveaux collaborateurs depuis la crise sanitaire, leur premier critère d’inquiétude devant les délais d’approvisionnements (71 %) et la hausse des matières premières (68 %).
Dominique Schelcher, le patron de Système U, a déploré que, pour la première fois cet été, l’un de ses hypermarchés de l’ouest de la France a dû fermer son rayon boucherie pendant quinze jours par manque de personnel. « Historiquement, nous avions des tensions sur les métiers de bouche, mais les difficultés de recrutement concernent désormais tous les emplois, constate Renaud Giroudet, directeur des affaires sociales, de l’emploi et de la formation de la Fédération du commerce et de la distribution. La question du travail du samedi devient, par exemple, un souci que nous n’avions pas avant le Covid. »
« Le télétravail a créé une perception d’injustice car, dans nos métiers, le présentiel est obligatoire. » Emmanuel Le Roch, délégué général de Procos
Cette problématique de l’emploi dans le commerce et de l’attrait des métiers face à une automatisation croissante est l’un des sujets des Assises du commerce, qui ont commencé mercredi 1er décembre au ministère de l’économie et des finances. Le secteur représente le premier employeur de France, devant l’industrie, avec, selon l’Insee, 3,2 millions de salariés à la fin de 2019, dont plus de la moitié dans le commerce de détail.
« On est un facteur d’insertion très important pour les jeunes, et il ne faudrait pas qu’ils se détournent », a estimé Laurence Paganini, présidente de la fédération pour la promotion du commerce spécialisé Procos et directrice générale de l’entreprise de prêt-à-porter Kaporal, le 26 octobre. « Ce qui a changé, surtout, c’est le développement du télétravail, qui a créé une perception d’injustice, car, dans nos métiers, le présentiel est obligatoire. Et cette problématique dépasse celle du salaire », ajoutait Emmanuel Le Roch, délégué général de Procos.
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